Venez, venez, Haine implacable (Lully/Francoeur, Armide 1778, Le Concert Spirituel, Hervé Niquet – Alpha)
Il faut savoir être fidèle à soi-même. En dépit du livre-disque soigné et des excellents textes de présentation, cette version reliftée 1778 de Louis-Joseph Francœur, qui ne nous avait guère convaincu en concert au TCE ne nous a pas davantage touché au disque.
“C’est l’âme qui doit jouer.” (C.P.E. Bach, Trios Sonatas, Les Ambassadeurs, Kossenko – Alpha)
L’année 2014 aurait pu être consacrée à Carl Philipp Emmanuel Bach qui, dans l’ignorance quasi-générale, a soufflé sa trois-centième bougie. Le label Alpha lui rend cependant un bel hommage en publiant plusieurs de ses Sonates en trio pour violon, flûte et clavecin, accompagnées de concertos pour flûte enregistrés antérieurement.
Harke, harke! Lyra Violls Humors and Delights (Captain Tobias Hume, Les Basses Réunies – Alpha)
On ne sait rien, certes, de Tobias Hume, ou presque, prétendre donc le cerner est vain. Mais la série d’indices qu’il nous glisse dans sa prose tant verbale que musicale, son orthographe intéressante (même pour l’époque), sa bravacherie, sa mélancolie, son humour, sa sauvagerie, son élan, son invention ainsi sa palette d’humeurs changeantes, nous en dit beaucoup plus que tous les biographies que l’on pourrait lui inventer.
La magie de la technique …(Cantate Deo, Marco Beasley, Guido Morini, Accordone – Alpha)
Marco Beasley et Guido Morini marquent ici un événement « atypique », particulier sur le plan musical. Grâce à la technique dite du réenregistrement, le ténor Marco Beasley interprète seul les parties vocales, en principe chantées à deux voix distinctes. Cette technique a été notamment utilisée en musique classique par Aldo Ciccolini dans sa première intégrale des œuvres pour piano à 4 mains d’Erik Satie.
Dear pretty youth…
Voici une Muse du Mois qui pourra paraître controversée. D’ailleurs, sa désignation, qui ne participe aucunement d’un processus collégial, n’a pas manqué de soulevé quelques sourcils étonnés au sein de la rédaction. Pourquoi cela ? En premier lieu parce que si la pratique de la transposition est relativement commune à l’époque, on s’étonne tout de même…
L’art de faire briller les cuivres
Le Prete Rosso est à l’honneur pour ce premier volume consacré à l’orchestre de Dresde, formation fameuse à l’époque, l’ensemble le plus parfait selon Rousseau dans son Dictionnaire de Musique, célèbre notamment pour la rutilance de ses cuivres et la présence de ses bois, doté d’une personnalité fortement affirmée, à la fois de par son instrumentarium et ses effectifs.
“L’arrogance d’Adonis trouva la vengeance de Vénus”, Don Pedro Calderon de la Barca, La Purpura de la Rosa, 1680.
Le mystère d’Adonis, qui est au sources même de la régénération de la nature dans toutes les nuances de son printemps. Si l’amour poursuit jusqu’à la fleur l’indifférent et le cruel, c’est dans ces amours infidèles que la plus sensuelle des Déesses épanche toute sa volupté.
Un plaisir calme et apaisé
Charpentier a écrit plusieurs cycles de leçons de ténèbres, à différentes périodes de sa carrière. Les premières étaient très ornementées, dans la plus pure tradition française, cette tradition même qui sera ensuite rejetée par une partie de l’Église, scandalisée de voir que les églises se muaient quasiment en maisons d’opéra pour l’occasion.
La puissance du “son”
Voici un enregistrement, qui, à la manière de l’Arpeggiata, transgresse les lisières entre musique populaire et musique savante, musique du monde et musique baroque. Et s’il paraît dans la fameuse collection du Chant de la Terre et non Ut pictura Musica de chez Alpha, c’est bien parce que Mare Nostrum, bien qu’offrant une interprétation historiquement informée …
Missa 1733 : le making-off de la Messe en Si
C’est à une Messe en Si véritablement surprenante que nous avons à faire ici. Cette Messe clôt une trilogie consacrée aux Messes Brèves de Bach. Les deux premiers enregistrements toujours chez Alpha ayant suscité en nous une grande ferveur et une belle admiration pour cet ensemble si jeune, c’est avec d’autant plus d’excitation que nous attendions ce dernier opus.
“L’homme désire l’éternité mais il ne peut avoir que son ersatz : l’instant de l’extase.” (Milan Kundera)
Après un parcours dans l’œuvre de l’espagnol Joseph Ruiz de Samaniego, Los Músicos de Su Alteza ont traversé la Méditerranée pour nous transporter dans la Rome des années 1640, la Rome des papes mécènes Urbain VIII et Innocent X, la Rome baroque de la Contre-Réforme. Deux compositeurs y sont à l’honneur : le napolitain Luigi Rossi, auteur soupçonné de la cantate à cinq Un peccator pentito (Un pécheur repenti), restée anonyme, et Giacomo Carissimi, avec son oratorio peut-être le plus célèbre, Jephte — l’une des partitions qui nous sont parvenues a été copié par rien moins que Marc-Antoine Charpentier !
La surprise et l’amour des violes
Rameau pour deux violes ? L’idée vient d’un Allemand, Ludwig Christian Hesse, dont le père, Ernst Christian (1676–1762) avait étudié avec Marais et Forqueray. Quand les deux gambistes rivaux s’en aperçurent, Hesse père fut renvoyé à Darmstadt. La viole connut une heure de gloire en Prusse dans les années 1760 : le prince Frédéric Guillaume II en jouait, entretint une correspondance avec Forqueray fils, et eut Ludwig Christian Hesse pour professeur.
Senimiento Latino
Dans toute culture s’exprime le pathos et l’extase. Les sentiments extrêmes qui inspirent souvent des nuances artistiques n’existent parfois que dans une seule langue, qui lui accorde ses spécificités et son charme. Contrairement à ce qu’il est d’usage de penser, la culture hispanique n’est pas uniquement solaire, fougueuse, et en liesse ; elle comporte aussi beaucoup de mélancolie, de tristesse et de regret.
Une politique d’Ouverture
Avant-dernier voyage de ce périple entrepris dès 2001 par Café Zimmermann sur le chemin des œuvres pour orchestre de Bach – soigneusement démantelées afin de ne point avoir les Brandebourgeois ou les concertos pour clavecin regroupés en un seul volume – ce cinquième opus laisse entrevoir peu de surprises par rapport à l’excellence de ses prédécesseurs, et c’est tant mieux !
Entretien avec Jean-Paul Combet, directeur artistique du festival d’Arques-la-Bataille
Entretien avec Jean-Paul Combet, directeur artistique du festival d’Arques-la-Bataille. Jean-Paul Combet. Le nom semblera familier à certains, non pour l’Académie Bach et le festival d’Arques-la-Bataille, mais pour une aventure discographique, celle du label Alpha. Pourtant, près d’un jubé Renaissance miraculeusement préservé en dépit des préconisation du Concile de Trente, niché au pied d’un orgueilleux castel plusieurs fois assiégé autour duquel Henri IV défit les Ligueurs, meurtri par un Groupe Scolaire plus proche du Blockhaus que du Bauhaus…
Des tuyaux sur l’opéra ramiste
UGAB. Eh non, il ne s’agit pas du DVD de l’Union Générale Arménienne de Bienfaisance mais bien du nom biblique de ce drôle d’instrument, magnifique, tonitruant, haut perché et mal aimé qu’est l’orgue d’église.
Une caresse énergique
Etre co-titulaire des orgues de Saint-Louis-en-l’île, ça se mérite, comme nous l’avions déjà démontré dans nos pages vertes à l’occasion du précédent disque de Benjamin Alard, consacré aux Sonates en trio pour orgue von das große Kantor von Leipzig (Alpha).
Les surprises de l’amour
C’est en termes discourtois mais néanmoins réalistes que le roi du Portugal Dom Joao V (1706-1750) désigna sa fille Donha Maria Barbara quand elle s’en allait convoler avec le Prince des Asturies Don Fernando. Si bien des chocs physiques étaient de coutume à l’époque baroque du fait des mariages arrangés par procuration, ce fut sans doute le caractère, les talents et l’érudition de la princesse portugaise qui conquirent le cœur de son époux et le regard de l’Histoire…
Danse thérapeutique
Chaque année Alpha réédite un CD phare accompagnant son catalogue qui devient de plus en plus époustouflant tant il allie audace et beautés visuelle et auditive. Le choix de cette année met en pleine lumière un enregistrement de 2001 (déjà !) qui est devenu culte et qu’il fait bon de réécouter.
Puisque le ciel le veut ainsi
Après s’être penché sur la musique d’inspiration pastorale du XVIIIe siècle dans À l’ombre d’un ormeau (Alpha 115) et Le Berger poète (Alpha 148), Les Musiciens de Saint-Julien remontent encore le temps et nous plongent cette fois dans l’ambiance du début du baroque français, au tournant du XVIIe siècle.