Rédigé par 8 h 49 min CDs & DVDs, Critiques

Sweeter than roses (Leclair, Rebel, Francoeur, The Golden Hour, Boulanger, Pierre, Fortin – Alpha)

« The Golden Hour »

Jean-Marie LECLAIR
Sonate I en ré mineur op.4

Jean-Joseph Bodin de BOISMORTIER
Sonate VI en ré majeur op. 50

Louis-Antoine DORNEL
Sonate en si mineur op 3 n°3

Jean-Féry REBEL
Sonate IV en mi mineur, Livre II

François FRANCOEUR
Sonate XII en mi majeur, Livre II

Jean-Marie LECLAIR
Sonate II en si mineur op. 13

Lucile Boulanger, viole de gambe
Simon Pierre, violon
Olivier Fortin, clavecin

1 CD digipack, Alpha 1059, Outhere, 69’33

Golden Hour. Embrasement du crépuscule ou promesse de l’aube ? Entre chien et chat, entre le baroque finissant et le classicisme naissant, entre le déclin de la viole et la survivance du violoncelle… Voici un enregistrement aussi expérimental que tendre et personnel. Celui d’un trio qui se cherche. « Le violon doit chercher de la douceur, la viole du piquant, et le clavecin doit chanter » écrit Lucile Boulanger. Pourtant, à l’écoute de ce disque, au moelleux d’un damas, d’une souplesse de ballerine, d’un chatoiement perlé presque oriental, d’une indéfinissable nostalgie, c’est avant tout le chant et la douceur qui prédominent, en dépit des inflexions grainées du violon de Simon Pierre. On parlera peu des transcriptions, sinon pour dire qu’elles sonnent de manière très naturelle, et que ce qu’on perd dans l’ambiguïté des deux voix de violon dans les sonates de Leclair est largement compensé par le nouvel étagement des pupitres, leur subtil fondu, le jeu entre deux tessitures et deux timbres très caractérisés : la viole diaphane de Lucile Boulanger, glissante et murmurante, le violon terrien et fier de Simon Pierre. Le clavecin d’Olivier Fortin parvient à remplir les vides dans les arrangements où la viole délaisse parfois sa partie de continuo. Son choix d’un instrument français, clair, brillant et incisif apporte une belle dimension orchestrale et tend à « booster » la conversation intime des cordes. On regrettera que les factures précises des instruments ne soient pas mentionnées dans le livret. Eloquence du battement de cils, de la suspension, du non-dit, du trait qu’on tire jusqu’à ce que le fusain s’étiole. On trouve Francoeur, Boismortier et Rebel sublimés, Leclair un peu dépressif et monochromatique, mais cette lumière mordorée, qui réchauffe la larme à l’œil, en funambule de l’archet, étonne et émeut.

 

Viet-Linh Nguyen

Technique : beaux rendu des timbres et lisibilité des pupitres.

Étiquettes : , , , , , , , , , , , Dernière modification: 4 novembre 2024
Fermer