Le Baroque a t-il droit de Cité ?
La Cité de l’Architecture et du Patrimoine vient d’ouvrir ses portes, à Paris. Perchée sur la colline de Chaillot, abritée dans le Palais du même nom et son imposante façade surmontée de citations de Paul Valery, le mastodonte offre au public un voyage à travers l’histoire des monuments français. Il faut saluer les efforts des Viollet-le-Duc, Camille Enlart et autres Paul Deschamps sans lesquels nous ne pourrions admirer ces moulages colossaux de tympans romans, ces chapiteaux et ces fresques que la main du temps a usé de ses caresses assassines…
Festin estival de festivals
Voici venu l’été, avec ses cigales, sa torride chaleur, sa dangereuse invitation au farniente. Et tous les amateurs de musique baroque savent bien qu’ils ne pourront guère résister à la tournée des festivals. Mais pourquoi cet engouement et cette floraison de festivals consacrés à la musique classique ou spécifiquement à la musique baroque ?
La Reine de la Nuit
Ce mois-ci, Muse Baroque s’élargit vers le classique. Une nouvelle rubrique vient de naître, qui s’intéressera à la période classique jusqu’à la mort de Mozart. Pour autant, il ne s’agit que d’une sorte d’épilogue, qui ne remet pas en cause les orientations de la revue, comme le sommaire de ce mois-ci l’illustre bien. Nous avons également des projets : des interviews d’artistes, de chefs et d’instrumentistes, l’ouverture prochaine d’une galerie qui vous permettra d’admirer les photos et créations exclusives de la Muse Baroque enfin rassemblées…
Mort à Paris : le meurtre mystérieux de Jean-Marie Leclair
23 octobre 1764, la date vaut d’être retenue comme disait Jean-Piat avec sa voix inimitable dans les Rois Maudits. Un des plus brillants violonistes français et excellent compositeur git dans son vestibule. Le vestibule d’une bâtisse étrange, restée longtemps inhabitée, située hors des murs de la capitale, en-deçà de la Porte du Temple. A 67 ans, Jean-Marie Leclair vient d’être assassiné. Il venait de se séparer de sa seconde femme. L’homme était soi-disant instable, ombrageux, peu aimable, tout le contraire de son portrait officiel qui nous le présente, jeune et satisfait, le sourire aux lèvres, prêts à ravager la vertu de quelques galantes…
Requiem pour l’archet de la liberté
Il nous a quitté. Un mois après son 80ème anniversaire. Déjà légende de son vivant, le flamboyant violoncelliste et enthousiaste chef d’orchestre aura marqué notre époque de par son engagement politique courageux et la magie de son archet. Il est presque incongru de parler de Mstslav Rostropovitch dans une revue entièrement consacrée à la musique baroque. En effet, Rostropovitch jouait plus souvent – et avec quel brio – Chostakovitch, Prokofiev, Britten, Dutilleux, Bernstein ou encore Penderecki plutôt que Vivaldi ou Barrière…
Les hommes contre
Les voici tous réunis autour de la table. Certains se sentent un peu gênés, d’autres goûtent le bonheur des retrouvailles. Beaucoup se connaissent de vue, de nom, de coulisses d’opéras à travers l’Europe. Le dîner a été long, les plats copieux, le premier Maître de l’échansonnerie-bouche généreux. Si seulement les gardes ne passaient pas leurs temps à présenter les armes lors du passage des plats, et que Friedemann Immer et son Trompeten Consort arrêtaient de détruire les capacités auditives des convives par des sonneries tonitruantes, la soirée serait un succès…
A la bataille !
Profitons du mois de Mars et de la douceur de son climat pour célébrer… le Dieu de la Guerre. Non pas la guerre réelle, brutale et assassine qui tâchait les justaucorps chamarrés tout autant que les treillis modernes (l’on mettait juste un peu plus de decorum à périr en ce temps-là), mais la guerre-promenade, la guerre-spectacle faite de combats de carrousels, de sièges de forteresse dansés sur des rythmes de menuets, celle où toutes les dames de la cour attendent, les éventails en émoi, le roulement de tambour annonçant la reddition de la place ennemie…
Auf wiedersehen, Herr Goebel !
30 ans déjà. 30 ans que cet ensemble né en 1973 a sillonné le globe, les plaines et les ravins de la musique baroque. 30 ans qu’avec cette brusquerie poétique et cette violence parfois tendre Reinhardt Goebel a dirigé son violon entre les parallèles 1640 et 1760…
Le MP3 ne passera pas !
Avec le développement des téléchargements de musique par Internet (légaux ou non), la mode des baladeurs et des fameux Ipod, le MP3 gagne du terrain. Exit les piles de CDs qui s’amoncellent et que l’on doit trier. Exit le soin qu’on doit prendre à ne pas en rayer le vernis, en particulier du côté de la sérigraphie. Moins coûteux, plus pratique, véhicule d’un plaisir immédiat qui évite la queue chez le disquaire, le MP3 gagne du terrain…
Un Sapin à Versailles
J’avais songé pour l’éditorial de Noël à une prose leste accompagnée d’illustrations appétissantes. Le bandeau de Noël et cette pin-up censée remplacer le frontispice habituel reflètent ce choix. Pourtant, lors du dernier déjeuner de rédaction, des voix se sont faites entendre (vive la démocratie baroque !), selon lesquelles la Muse Baroque ne devait pas se transformer en un lieu de débauche et de stupre où, alanguis sur de confortables sofas, les jeunes rédacteurs et rédactrices échangeraient des sourires entendus…
Joyeux anniversaire, Monsieur René Jacobs !
L’ascenseur s’arrête. Cling ! La porte s’ouvre. Un couloir, une porte. Une petite carte blanche avec un nom dessus. Le battant s’entrouvre, il est là, souriant. Vêtu de sa traditionnelle chemise noire. Je lui serre la main avec effusion. Nous échangeons quelques mots sur l’excellent concert (Don Giovanni de Mozart dans la version de Vienne). Il a une pointe d’accent chantant. Le maître accepte de me signer un autographe et, avant de nous quitter, précise que son anniversaire est le lendemain, c’est-à-dire le lundi 30 octobre…
Le Printemps d’Othon
L’homme fait les cent pas. Il marche sans marcher, tourne sans refermer son cercle. L’herbe s’est courbée sous ses passages répétés. Le jour se lève bientôt, mais il ne s’en aperçoit pas. La tête baissée, les pans de sa toge maladroitement relevés, l’épaule basse, la silhouette désespérée est plongée dans une amère rêverie. De temps à autre, cette masse en mouvement frissonne, re-ajuste le drap de laine, reprend son manège. Cet homme sera empereur. Plus tard. Pour le moment, le futur maître du diadème qui ceint la Méditerranée n’est rien qu’un amant blessé : Othon.
Quand il vous plait de vaincre, il ne vous retient pas.
Ces humbles vers sont extraits de l’épître dédicatoire à Louis XIV, précédant le texte imprimé d’ Alceste de Philippe Quinault, mise en musique par Lully. La tragédie mise en musique fut représentée pour la première fois en janvier 1674 (ouf).
La Trompette Marine
Pour ce troisième éditorial – mis en ligne avec une semaine de retard en raison de problèmes techniques- , j’ai décidé de dissiper le halo de mystère qui entoure l’un des instruments les moins connus de la période baroque : la trompette marine.
L’Orchestre Symphonique est-il Mort ?
Dans 10 ans, pensez-vous encore pouvoir trouver Händel ou Purcell par le Philarmonique de Vienne ? N’en déplaise à certains grincheux qui n’ont jamais juré que par Karajan ou Sir Colin Davis, la transparence sirupeuse du violon aux cordes métalliques, l’agressivité de la trompette à piston et le diabolique piano massacrant les concertos pour clavecins de Bach sont bien en voie de disparition…
Des comptables et des bureaucrates…
Le concert baroque est-il devenu ennuyeux et commun ? Exception faite de la musique, que reste t-il du spectacle que constitue le concert en lui-même ?
Jouer au petit Bach
Et voici le printemps et avec lui les premières déconvenues. Je connaissais Philippe Herreweghe pour la remarquable cohésion de ses chœurs, pour l’intelligibilité de son phrasé et la spiritualité qu’il imprimait à ses interprétations de cantates du Cantor de Leipzig. Or quelle ne fut pas ma surprise de l’entendre hier interpréter le célèbre Concerto pour violon BWV 1041 et le Concerto pour clavecin BWV 1052 de Bach dans une optique toute post-baroque (*).
Les orchestres traditionnels se baroquisent-ils ?
Avant tout et après le désastre de Il était une fois Jean Sébastien Bach, l’illustration ci-dessus rappellera à certains les excellentes Chroniques d’Anna Magdalena Bach de Jean-Marie Straub (1967). Pour ceux qui ne les connaîtraient pas encore, il s’agit d’un film culte et ceci à plusieurs titres…
Répertoire s'en va…
L’annonce d’un accord entre le Groupe l’Express, propriétaire de Classica, et le vénérable Répertoire des Disques Compacts a bouleversé le monde des mélomanes. Au terme de cette absorption, que restera t-il de cet admirable magazine ? Quelques pages dans Classica peut-être à partir de Janvier 2004…