30 ans déjà. 30 ans que cet ensemble né en 1973 a sillonné le globe, les plaines et les ravins de la musique baroque. 30 ans qu’avec cette brusquerie poétique et cette violence parfois tendre Reinhardt Goebel a dirigé son violon entre les parallèles 1640 et 1760.
Musica Antiqua Köln, c’est d’abord du baroque allemand. Celui de Biber, celui de la dynastie des Bach d’avant Jean-Sébastien, celui de Telemann. Les incursions dans la musique française n’ont guère convaincu, mis à part les Nations de Couperin lors de la période faste des années 1980. Peut-être les attaques carrées si reconnaissables de l’ensemble, ses sonorités arides et déchirées n’avaient-elles que peu d’affinités avec la douceur mélodique du royaume des lys, ou même la lumière d’Italie où nos Teutons ne se sont pas risqués. Mais quel élan, quelle vigueur géniale dans les Sonates du Rosaire de Biber, quelle inventivité dans les archi-rabâchés Brandebourgeois de Bach, quelle foi en Telemann dont Goebel fut l’un des plus ardents et infatigables défenseurs !
Et voilà qu’en novembre 2006, le chef dépose son archet, abolit sa phalange. Sans doute malgré lui. Déjà il y a une décennie, une perfide arthrose l’avait obligé à réapprendre entièrement à jouer de son instrument : une force de caractère hors du commun lui avait permis de tenir l’archet de la main gauche. A 54 ans, le grand violoniste a décidé de se consacrer uniquement à la direction d’orchestre. Et Goebel a choisi de dissoudre son Assemblée nationale, de répudier sa fidèle compagne Musica Antica Köln. Tel Hergé qui ne voulait pas que d’autres reprennent son œuvre…
Viet-Linh NGUYEN
Pour en savoir plus : http://www.musica-antiqua-koeln.de
Étiquettes : Musica Antiqua Köln Dernière modification: 20 juillet 2014