Des géants aux croches d’argile
La gigantomachie légendaire est toujours liée au destin humain. L’expression même du combat se retrouve de Milton à Tolkien et de la Bible aux unes des quotidiens. Ecraser avec héroïsme des obstacles immenses. Dans notre monde contemporain, la gigantomachie est devenue une sorte de lutte d’insectes, la dernière étant une sorte de carnage plus qu’un combat héroïque.
La dynamique des tubes
Lyon est une ville charmante, une sorte de petite Italie entre deux fleuves, et parmi les grandes attractions de cette métropole se trouve l’imposante masse de l’opéra. Avant elle aurait pu être une belle maison aux allures bourgeoises, tendue de soie et de velours, mais désormais elle ressemble à ces dames des villes qui s’habillent d’extravagances modernes…
La palme pour Cléopatre
Giulio Cesare se signale comme l’œuvre la plus monumentale et la plus brillante de Haendel, dans laquelle les arias da capo tubesques, perles du répertoire baroque, s’enchaînent à un tel rythme qu’ils semblent rebondir les uns contre les autres pendant près de quatre heures ! L’Egypte des derniers Ptolémées et de la fin de la République romaine constitue l’écrin exotique de cette intrigue politico-amoureuse où se déchaînent fantasmes, trahisons et inévitables rebondissements en tous genres.
Une musique à se damner
Le poème du Tasse et les passages relatifs à Renaud et Armide constituent une source féconde de l’opéra baroque en général – et français en particulier – avec travers les œuvres éponymes de Lully, Rameau et Gluck, pour ne citer que les plus connues. A la transition entre baroque et romantisme, l’œuvre de Sacchini nous en offre une vision moderne…
L’éternel féminin (Provenzale, Stellidaura vendicante, Alessandro De Marchi – DHM)
La féminité fascine. Depuis les plus lointaines expressions de l’art, la féminité a toujours été au cœur de la civilisation. Pacha Mama, Vénus-Astarté, Coatlicue, Marie, Sarah et Shérahazade, les rêves de l’art ont toujours eu au centre l’inspiration féminine.
Le baroque américain, entre Broadway et Hollywood…
Prenez deux pièces de Shakespeare (La Tempête et Le Songe d’une nuit d’été), soigneusement mélangées pour le livret, des extraits d’airs de Purcell, Haendel, Campra, Vivaldi et Rameau (et de quelques autres compositeurs baroques moins connus : Leclair, Rebel, Ferrandini) tous transposés en anglais
De l’Eros baroque au drame romantique
Deuxième pièce de la trilogie née de la collaboration avec le librettiste Lorenzo da Ponte, après Les Noces de Figaro (créées en 1786 à Vienne), Don Giovanni est assurément l’opéra de Mozart au message le plus ambivalent, puisqu’il autorise (au moins) deux lectures assez radicalement opposées.
Un sérail bien enlevé
Les circonstances de la création de l’Enlèvement au Sérail coïncident avec deux étapes importantes de la vie du jeune Mozart, qui va en quelques mois à la fois rompre avec l’archevêque de Salzbourg, et prendre la décision d’épouser Konstanze Weber. Ayant rejoint sur ordre son protecteur qui séjournait à la cour de Vienne au printemps 1781, Mozart devient rapidement la vedette musicale du moment de la capitale autrichienne.
« Mon beauf, ma sœur et moi »
Qui n’a pas eu dans sa vie des différends de famille. Et quand la « belle famille » s’en mêle ça devient délicat. Le Théâtre des Champs Elysées qui ce soir accueillit bien du monde malgré la confidentialité du programme, il est probable que l’histoire de Radamisthe et Zenobie a du interpeller certains.
« Quel cœur à ce malheur ne serait pas sensible »
C’est une œuvrette. Une pastorale. Héroïque certes, mais pastorale, vers 1684. Raffinée, colorée, divertissante. Un joyau, sans doute serti pour la Princesse de Guise.
« L’arrogance d’Adonis trouva la vengeance de Vénus », Don Pedro Calderon de la Barca, La Purpura de la Rosa, 1680.
Le mystère d’Adonis, qui est au sources même de la régénération de la nature dans toutes les nuances de son printemps. Si l’amour poursuit jusqu’à la fleur l’indifférent et le cruel, c’est dans ces amours infidèles que la plus sensuelle des Déesses épanche toute sa volupté.
Vivaldi le Viennois
Cherchant à relancer sa carrière sous de nouveaux cieux, Antonio Vivaldi quittait en mai 1740 la Lagune pour Vienne, où il comptait de nombreux protecteurs, et pouvait s’enorgueillir de la faveur de l’Empereur Charles VI. Il emportait avec lui ses dernières partitions, dont celle de l’Oracolo in Messenia, créé en 1738 au Teatro s. Angelo.
« La lueur puissante de Ra »
Sésostris III (1878 – 1854) fut un des grands monarques de la XIIème dynastie. Sous la lumière de sa double couronne, l’Egypte classique atteint l’acmé de la puissance, du développement économique et de la culture. Sésostris III demeure un des monarques les plus célèbres de l’histoire des Pharaons.
C’est la faute à Voltaire
Janvier – Février 2013. Nous le disions du côté des concerts avec la résurrection de l’Andromaque de Gretry, l’Amadis de Gaule de Jean-Chrétien Bach, le Renaud de Sacchini ou encore le Thésée de Gossec, sans même mentionner la Mort d’Abel de Kreuzer, l’heure est à la tragédie lyrique. Non pas celle que nous autres baroqueux connaissons bien, du monopole lullyste aux créations tardives de Rameau, mais à cette tragédie lyrique entre modernité et tradition …
« Parmi les morts, il y en a toujours quelques-uns qui désolent les vivants. »
C’est en ces termes ambigus que Diderot fait parler Jean-François Rameau dans sa Satire Seconde, plus connue aujourd’hui sous le titre de Neveu de Rameau.
« Catcalls and other great indecencies »
Dans la tradition opératique, l’égo et le narcissisme des solistes n’est plus à revisiter. Véritables monarques et tyrans de la représentation à l’époque baroque ils ont tout des stars de notre temps.
Galipettes orientales
Après une Olimpiade mitigée, notamment en raison de la fadeur de sa mise en scène, Dynamic ravira les amateurs de Galuppi par la parution de cet opera-buffa en 3 actes dont l’écriture virtuose et survitaminée ne peut que susciter l’enthousiasme et explique la renommée internationale dont le compositeur jouit à l’époque (il fut même nommé compositeur officiel de la Cour de Saint-Péterbourg).
« Celui qui est destiné à cultiver un art doit, pour ainsi dire, respirer en naissant l’air de cet art, (…) »
L’Histoire vit dans un dilemme constant. Elle a tellement accumulé d’informations qu’elle souffre d’un Alzheimer à rebours. La mémoire ne lui est acquise que par le rappel des générations nouvelles. Elle demeure quelque peu sentimentale par rapport à ses mythes, à ses jeux de miroirs et d’inventions.