Le Temps retrouvé
“and all the people rejoic’d, and said: God save the King, long live the King, may the King live for ever! Amen!...
Un an presque
“Mais une question lui vint ensuite à l’esprit : et si tout était une erreur ?” (Dino Buzzati, Le Désert des...
Puissamment ancré dans son impuissance
Mars. Et ça repart ? Et bien non, le Dieu de la Guerre ne foudroie guère, et l’on ne voit que le chemin qui poudroie et...
L’attente.
En attendant de refaire surface. Nous voici toujours à l’heure immobile, cloîtrés dans la nuit culturelle, privés de sortie comme de dessert tels des bambins coupables. Dehors, les rideaux de fer s’abattent à sexte, et le monde merveilleux du spectacle n’est plus l’image flageolante des ors et des baignoires tapissées de velours vénitien.
2021 enfin.
...
Un vent de fronde
On leur a refusé la scène. Les voici aujourd’hui dans la rue. Nous voici dans la rue. Professionnel du spectacle, artistes, musiciens, acteurs, chanteurs, danseurs, baladins… La troupe arpente le bitume.
S’échapper de l’Empire des Morts
Nous avons bien mal choisi notre heure pour que notre Muse s’éveille. Elle s’est étirée, heureuse, drapée dans ses nouveaux oripeaux, belle et fière dans son nouvel appareil (paraphrasant maladroitement Racine). Et alors qu’elle espérait la lumière et les ors, le cistre et la myrrhe, les ris et les jeux, les pleurs et les cris, elle n’a trouvé sortie de sa caverne que le morne silence, s’est heurtée aux portes closes, aux masques et au désarroi.
Les masques ne sont pas tombés mais les rideaux le sont
Le Mot est dit, lâché, honteusement puis crânement, à la manière d’un défi responsable. Nous n’aimons guère faire de Politique, si ce n’est celle des Arts. Mais le temps des discoureurs à la morne figure est venu. Et ce que Cromwell n’avait pu accomplir, dans la patrie des Arts et des Lettres, nous l’avons fait, ou plutôt nous y sommes contraints.
Le réveil de la Muse
Voici exactement 5 ans que notre Muse s’est soudainement endormie. Respirant les effluves d’un irrésistible pavot digne des machinations de la Cybèle d’Atys, bouleversé par les courants impétueux de la vie, notre vaisseau, téméraire esquif, a replié ses voiles, et gagné un havre salvateur.
Déménagement de l’Opéra Garnier à Clichy-sous-Bois et Dubaï
Lors d’une conférence de presse dans les salons du Palais-Royal avant le prochain transfert des services du Ministère de la Culture et du Conseil d’Etat à Fresnes, la Ministre de la Culture a annoncé qu’elle suivrait intégralement les recommandations de la Commission bipartite pour la promotion de la Musique pour Tous…
De l’inadéquation entre ce que l’on voit et ce que l’on entend
L’art de la mise en scène est un art subtil. Il exige non une idéologie prête à porter qui n’est qu’une facilité pour l’esprit, mais la capacité à mettre en adéquation ce qu’une écoute sincère, authentique, personnelle de l’œuvre fait naître en nous, et ce qu’on en donne à voir sur une scène. Il semble cependant que depuis quelques années, la musique baroque se voit régulièrement affublée d’un visuel en total décalage…
2015 : Belle & Baroque
Il est toujours difficile de se remémorer une année qui passe, car le temps moderne est de celui qui s’efface après que les évènements se sont joués, à la manière d’un inoffensif menuet. Alors que les cancaniers se remémoreront le vaudeville d’un monarque républicain en scooter, les diplomates le retour d’une Guerre de Crimée de laquelle les Européens préfèrent se détourner, les Européistes la résurgence de braises dangereuses…
Salle Pleyel : rendez-lui le classique ! (Edito de décembre)
Avec le lancement en janvier de la Philharmonie, le répertoire classique va déserter Pleyel. Pour éviter une concurrence redoutable pour l’anti- “vignoble ou boîte à chaussure” qu’est la nouvelle-née, la Cité de la Musique va expressément interdire dans la contrat de concession de Pleyel que la musique classique y trouve sa place. Mais pourquoi tant de haine ?
Légendes d’automne (éditorial d’octobre 2014)
Oh! l’automne l’automne a fait mourir l’été / Dans le brouillard s’en vont deux silhouettes grises. L’automne arrive, avec sa parure aquarellée d’une mélancolique beauté. et nous venons de passer le 30 septembre. 30 septembre 1677. Avec Boileau, Racine est nommé historiographe du Roi, ce qui nous vaudra – entre autres – la jolie Idylle sur la Paix mise en musique par Lully (1685). Mais surtout l’automne 1677 est l’année du retrait.
La vieillesse est-elle un long naufrage ? (éditorial de septembre 2014)
le grand Leonhardt nous a quitté, tandis que nous sommes chaque fois ému de voir les difficultés d’Herbert Tachezi à quitter la scène avec les troupes renouvelées du Concentus Musicus Wien. Alors, certes, la Garde des Kuijken, Savall, Christie, Gardiner est toujours là, de même que les Hussards suivants, les Rousset, Minkowski, Biondi, Parrott mais de plus en plus au-delà des chefs, nous avons souvent entendu des commentaires étonnés, captés les sourcils levés, souri de la confusion : est-ce bien le chef ? il est si jeune…
Nouvelle Muse (édito de juillet 2014)
Avouez-le et repentez-vous, fidèles lecteurs suspicieux. Depuis un peu moins de deux ans que Le Grand Dessein a été initié, repoussé, bringuebalé, vous avez été sur le point de n’y plus croire. Les retards sporadiques de publications, loin d’être autant de signes d’une coupable fainéantise auraient du vous persuader de notre surmenage effréné. Et, à la manière d’Ovide (plutôt que de Kafka, espérons-le), voici la Métamorphose de notre vieillissante compagne marbrée, digne fanal du web antique.
Passage
En ce dimanche de Pâques, nous saisissons l’occasion de cette fête pour converser un peu avec nos lecteurs, rétablissant la fonction quasi-épistolaire des éditoriaux, dont la nature protéiforme et indéterminée se fait tour à tour article, billet, ou apostrophe. Mais avant de poursuivre, bien que notre Muse soit à l’image de notre République, c’est-à-dire laïque et ne promouvant pas de religion en particulier, force est de reconnaître l’héritage chrétien, qu’il soit dangereusement schismatique du côté des anthems purcelliens…
MMXIV
Pour discrète qu’elle se soit faite des deux derniers mois, la Muse n’en est pas moins là, et la voici donc qui sort de la paisible retraite de son bosquet pour vous souhaiter à tous mélomanes et baroqueux, fidèles historiques ou nouveaux lecteurs égarés, simples curieux ou musiciens, une année 2014 désespérément et excessivement baroque…
Tempus fugit
Vous vous êtes certainement étonnés, voire inquiétés, fidèles amis, mélomanes, baroqueux et lecteurs (ces quatre catégories se rapportant souvent aux mêmes personnes), du ralentissement du rythme de publication depuis ces deux derniers mois. Nous aurions pu laisser planer le doute, laisser nourrir l’imagination la plus féconde, encourager les plus folles rumeurs.
« La modernité, c’est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l’art, dont l’autre moitié est l’éternel et l’immuable. » Charles Baudelaire
Elle sera bientôt là. Car même les statues de pierre se débarrassent le moment venu de leurs antiques oripeaux, en dépit des efforts de l’Académie et des gardiens du Temple, ceux-là même qui vénèrent la tradition, abhorrent le changement, questionnent la notion même de progrès.