Rédigé par 23 h 47 min CDs & DVDs, Critiques

On en sort Grandi (Laetus sum, Vêpres – Accademie d’Arcadia, UtFaSol Ensemble, Rossi Lürig – Arcana)

Alessandro GRANDI (1590-1630)

Laetus sum, Vêpres

Magnificat a 10
Confitebor
Dixit Dominus
Beatus vir a tre
Dixit in ritornello
Laudate pueri a tre
Laudate Dominum
Confitebor a tre
Laetatus sum
Laudate pueri IV toni
Lauda Jerusalem

Accademia d’Arcadia
UfFaSol Ensemble
Direction Alessandra Rossi Lürig

1 CD Arcana A525, 73’26.

Malgré un magnifique opus par René Jacobs et la Schola Cantorum Basiliensis (Harmonia Mundi), l’oeuvre d’Alessandro Grandi demeure trop souvent dans l’ombre de ses aînés et contemporains Monteverdi et Gabrieli. Vénitien de naissance,  il fut élu jeune du choeur de Saint-Marc à seulement 14 ans, et après une incursion ferraraise il revint dans la lagune en 1617 et gravit rapidement les échelons : maître de chant du séminaire grégorien en mars 1618 puis dès novembre vice-maître de chapelle de la Basilique Saint-Marc dont le maître n’était autre que Monteverdi. Pour d’obscures raisons (peut-être des rivalités ?), il dut s’en éloigner et prit la charge de maître de chapelle de Sainte-Marie-Majeure à Bergame en 1627. Il y restera jusqu’à son décès trois ans plus tard. Si les motets de Grandi ont été quelquefois enregistrés et joués, ces psaumes à grands effectifs demeurent plus confidentiels et il faut rendre justice à Alessandra Rossi Lürig et son Accademia d’Arcadia de poursuivre leur entreprise après des Celesti Fiori remarqués. On y retrouve les mêmes qualités : moelleux homogène des chœurs, fluidité solaire du phrasé, ampleur douce des articulations, ornementations soignées. Les pupitres masculins sont particulièrement équilibrés, détaillés et lisibles malgré la densité contrapuntique. L’UtFaSol Ensemble vient renforcer l’effectif instrumental de son cornet à bouquin et de son quatuor de sacqueboutes, et sa scansion opulente et colorée vient apporter dynamique et assise à la polyphonie malgré une présence un peu rutilante à la longue et qui se fait au détriment de l’unique violon et du poétique théorbe. Parmi les pièces sélectionnées on remarquera en particulier un Magnificat a 10 massif et rutilant, un Dixit Dominus aux arabesques violonistiques sensuelles, un bref Laudate Dominum d’une pudeur sensible très montéverdien avec une soprano soliste un peu fragile et des épanchements solistes virtuoses, un Confitebor à 3 voix d’hommes du même acabit et à la vocalité affirmée et aux cadences redoutables, et enfin un Laudate pueri poignant de dolorisme. Elles confirment l’inspiration variée et la maîtrise expressive de Grandi, son usage de brefs passages instrumentaux, la complexité savante des passages en imitation et l’irruption progressive du nouveau style concertant auxquels les interprètent rendent un respectueux, onctueux et fervent hommage. Une belle découverte, même si l’on aurait aimé dans cette rendition un peu plus de contrastes et moins de retenue de la part des chanteurs.

 

 

Viet-Linh Nguyen

Étiquettes : , , , , , , Dernière modification: 25 mars 2024
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