Le Te Deum, ou l’exaltation de la gloire du monarque
La société du XVIIème siècle est une société en guerre permanente, une société de guerre. La paix, exceptionnelle, n’est qu’une trêve où l’on renforce les forteresses et où l’on rééquipe les troupes. Durant la quarantaine d’années qui séparent l’invasion de la Hollande en 1672 à la mort de Louis XIV en 1715, l’Europe occidentale n’a été en paix qu’entre 1797 et 1701.
15 mois ! (Bach, Intégrale des Cantates sacrées – Holland Boys’ Choir, Leusink – Brilliant Classics)
Muse Baroque, ce ne sont pas seulement que des nouveautés, et nous ne céderons pas au caprice du last newcomer en permanence, tweetant et retweetant en avant-première la critique de l’inédit non encore parvenu chez votre disquaire. Et pour illustrer notre discophilie rampante, quoi de mieux que de chroniquer cet achèvement – car c’en est un – à l’époque copieusement villipendé, d’un Bach de supermarché.
Effluves (Leclair – Sonates en trio, Rosasolis – Musica Ficta)
L’on sait les affinités de RosaSolis avec les sonates de type corellien puisque leurs deux opus discographiques précédents étaient respectivement dédiés aux trop peu jouées sonates d’église du jeune Haendel (Musica Ficta) ou à celles de Corelli, Leclair (déjà) et Haendel (toujours). C’est donc au sein de leur terre de prédilection que les quatre brillants instrumentistes s’attardent pour l’Oeuvre IV des Sonates en trio de Leclair
Vous en avez Pamart ? (Te Deum et motets, Harmonia Sacra – Muse du Mois)
Muse du Mois (Juillet 2014). Les mélomanes connaissent surtout Yannick Lemaire en tant que fondateur du Festival Emba(o)quement immédiat, qui depuis 2007 fait connaître la riche vie musicale du Hainaut de la Renaissance au Baroque.
Nouvelle Muse (édito de juillet 2014)
Avouez-le et repentez-vous, fidèles lecteurs suspicieux. Depuis un peu moins de deux ans que Le Grand Dessein a été initié, repoussé, bringuebalé, vous avez été sur le point de n’y plus croire. Les retards sporadiques de publications, loin d’être autant de signes d’une coupable fainéantise auraient du vous persuader de notre surmenage effréné. Et, à la manière d’Ovide (plutôt que de Kafka, espérons-le), voici la Métamorphose de notre vieillissante compagne marbrée, digne fanal du web antique.
The King shall rejoice (Coronation Anthems – The Sixteen – Versailles, 01/07/2014)
The Sixteen, on les chéris dans Allegri, Lassus, Praetorius… Les voici en terrain plus pompeux, certes à l’église, mais pour Westminster et les quatre incontournables Coronation anthems (hymnes du couronnement), qui retentirent à l’occasion de la cérémonie en l’honneur de Georges II d’Angleterre en 1727. Pour ces morceaux de circonstance, alliance subtile, majestueuse et puissante du leg purcellien, des grandes compositions germaniques à la manière de Biber,…
Motor divino (Falvetti, Diluvio Universale – Capella Mediterranea – Saint-Denis, 20/06/2014)
Encore le Déluge s’exclameront nos lecteurs qui ontdéjà pris connaissance de nos abondants commentaires depuis 3 ans sur les représentations de cette oeuvre et son excellent enregistrement paru chez Ambronay éditions. Alors, on se fait concis, sans revenir sur la Sicile de la fin du XVIIème siècle, sans revenir sur l’instrumentation riche (et encore étoffée par le chef en vue d’apporter couleurs et métissage culturel grâce aux percussions orientales),…
Furieux (Haendel, Orlando – Mehta, Hammarström, Jacobs – Paris, 19/06/2014)
Voici 2 ans, les heureux avaient pu assister aux représentations à La Monnaie, dans une mise en scène relativement quelconque de Pierre Audi, peu inspiré. Mezzo avait d’ailleurs procédé à une captation. Entre-temps, le disque est paru, dont vous lirez la chronique sur nos pages, superlatif et différent par rapport à la référence des 2 incursions de Christie (Erato et DVD Arthaus).
Vieilles pierres et musique baroque (Laurence Boone à l’Élysée)
Et non, vous ne rêvez pas, et vous n’êtes pas en train de feuilleter la Tribune, les Echos ou le Figaro Economie. Nous voici à parler d’économie. A nouveau site, nouveaux sujets ? La Muse a t-elle été rachetée par un puissant groupe de presse pour faire sienne les éloges sur le caractère accommodant de la politique monétaire européenne depuis la dernière baisse du taux directeurs,…
Dimanche avec Scarlatti
Le dimanche, jour de repos bien mérité, de délassement et de farniente, propice à l’otium latin. L’occasion de ramper après un brunch mondain branché et exténuant vers sa discothèque sous prétexte de la dépoussiérer, de se saisir au hasard du doigt qui caresse les coffrets un gros monceau cartonné, et de se retrouver, un peu par hasard dans la Kk 260 de Scarlatti…
“Vivez, Clorinde vous l’ordonne” (Campra, Tancrède – Schneebeli, Tavernier – Versailles, 07/05/2014)
Bien entendu, l’histoire contrariée de Tancrède et Clorinde d’après la Jérusalem délivrée du Tasse, cette West Side Story des croisades comme la vante les notes de programme, c’est d’abord le Combattimento di Tancredi e Clorinda de Monteverdi, d’une puissance condensée inégalée.
Cougar land (CPE Bach -Sonates – E. Guigues, A. Isoir – AgOgique)
Emmanuelle Guigues nous avait surpris dans un beau Portrait d’Iris couperinien (Paraty) et c’est avec plaisir que nous la retrouvons pour ces trois sonates très tardives pour viole de gambe composées par CPE Bach entre 1745 et 1759 à une époque où l’instrument était désormais bien archaïque.
Présent des dieux (Rameau, Castor & Pollux – Pygmalion, Pichon – Opéra Comique, 21/03/2014)
Pour ce Castor & Pollux que nous suivons de près, puisque nos lecteurs trouverons également la chronique du concert du lendemain plus convaincant au Grand Auditorium de Bordeaux, Raphaël Pichon, fidèle à sa série ramiste, s’attaque à Castor & Pollux dans sa version de 1754, plus resserrée dramatiquement, débarrassée de son Prologue, où l’intrigue est ramenée à son essence…
Manque de graves (Süskind, La Contrebasse – Clovis Cornillac)
On ne présente plus La Contrebasse, publiée en 1981 par Patrick Suskind. Le bref court roman, d’une belle concision, retrace le portrait de ce musicien de l’Orchestre National, où à travers une relation d’amour-haine avec l’instrument sont passés au crible tantôt ironique, tantôt désespéré, le portrait d’une vie d’artiste aux illusions musicales comme amoureuses déçues, à l’amertume d’une Sarabande, solitaire mais en musique.
Passage
En ce dimanche de Pâques, nous saisissons l’occasion de cette fête pour converser un peu avec nos lecteurs, rétablissant la fonction quasi-épistolaire des éditoriaux, dont la nature protéiforme et indéterminée se fait tour à tour article, billet, ou apostrophe. Mais avant de poursuivre, bien que notre Muse soit à l’image de notre République, c’est-à-dire laïque et ne promouvant pas de religion en particulier, force est de reconnaître l’héritage chrétien, qu’il soit dangereusement schismatique du côté des anthems purcelliens…
Attaingnant – Tant que je vivray – Dunford, Eichelberger, Gallon – L’Encelade
Pierre ATTAINGNANT (ca. 1494 – ca. 1552) “Auprès de vous” Musique pour clavier sous le règne de François Ier Pierre...
Aux sources (Monteverdi, L’Orfeo, Taverner Consort, Parrott – Avie)
C’est un Orfeo remarquablement subtil, raffiné et érudit qu’Andrew Parrott nous convie. Un Orfeo homogène et doux, pastel et lumineux, nimbé de l’éclat de la Renaissance. Si l’on veut situer cette approche à l’emporte-pièce, on la dira totalement opposée aux visions musclées et opératiques à la Haïm (Virgin), ou à la luxuriance triomphante d’un Harnoncourt ou d’un Jacobs.
Stupeur et tremblements (Telemann, Bach – Arsys Bourgogne, Opera Fuoco, Stern – Cité de la Musique, 01/04/2014)
Il est des compte-rendus sur lesquels la plume préfère regagner son encrier, et fuit l’espace immaculé de la feuille. Des soirs de méforme, de relative déception, où même les plus grands peuvent faillir. Alors, on avouera brièvement, avec franchise, qu’Opera Fuoco n’était pas dans son assiette en ce concert du 1er avril…
Fashion victim (Rameau, Platée – Agnew, Beekman, Kermes, Christie, Carsen – Opéra Comique)
C’est à une relecture d’une efficacité endiablée, maîtrisée, un brin cynique, renouant avec la nature satyrique du livret que Robert Carsen s’est attelé. Exit la grenouille des marais et de ses facéties auxquelles nous nous étions habitué, Carsen revient aux sources du livret…