Oiseau en plein vol (Sonate Concertate – Affetti Cantabili – Perc.pro)
Le Seicento voit fleurir dans les grandes cités du nord de la Péninsule de nombreux recueils de sonates à un, deux ou trois instruments concertants et basse, modèle bien vite repris par les auteurs de l’Empire germanique. Si le violon commence à assoir son hégémonie de virtuose, d’autres instruments, notamment à vent, peuvent prétendre au même répertoire, que leurs noms soient explicitement mentionnés ou non.
Padre del ciel (L’Aura mia sacra – La Main Harmonique, Bétous – Ligia)
La Main Harmonique est un ensemble vocal créé en 2008 sous l’égide du contre-ténor Frédéric Bétous. L’expression renvoie à une forme de notation vocale en usage à partir de la fin du Moyen Age, la main guidonienne. Guido d’Arezzo (moine bénédictin italien) propose de reporter les combinaisons sonores les plus courantes de son temps sur plusieurs points saillants de la main humaine.
« Mon âme entend et voit comme tout jubile et rit pour magnifier le Créateur » HWV 207
L’on connaît Haendel pour ses oratorios (Le Messie), comme grand dramaturge des harmonies, déployant dans ses opéras de luxuriantes couleurs d’affects et de sentiments. Haendel dépeint par sa musique les fastes de la cour, la grandiloquence italienne comme la rosée fraîchement éclose, et magnifie la tragédie…
L’Everest du violoniste
Les sonates du Rosaire de Biber sont au violoniste ce qu’est l’Everest à l’alpiniste. Florence Malgoire relève le défi en s’attaquant à un véritable monument de la musique pour violon, une œuvre hors-norme et sans commune mesure. Avec ses quinze sonates, Biber innove et fait faire un grand pas à la littérature pour violon de son époque, personne avant lui n’étant allé aussi loin dans l’exploration de l’instrument.
« At Christmas I no more desire a rose Than wish a snow in May’s new-fangled shows, But like of each thing that in season grows. » William Shakespeare
C’est à un voyage initiatique, à l’atmosphère souvent mystique et fervente, que le Concert de l’Hostel Dieu nous convie dans cette captation de concert d’un programme jouée notamment en novembre et décembre dernier. Articulé autour de chants populaires italiens, catalans et provençaux, alternant passages solistes et passages choraux, lovés dans les frottements évocateurs du rabab ou des violes de Nolwenn Le Guern, très présente,…
Des géants aux croches d’argile
La gigantomachie légendaire est toujours liée au destin humain. L’expression même du combat se retrouve de Milton à Tolkien et de la Bible aux unes des quotidiens. Ecraser avec héroïsme des obstacles immenses. Dans notre monde contemporain, la gigantomachie est devenue une sorte de lutte d’insectes, la dernière étant une sorte de carnage plus qu’un combat héroïque.
Une demi-lune
Voici un enregistrement charmant et charmeur, mais souvent encore vert. L’ingrate tâche de la critique discographique est souvent empreinte de ces instants d’archéologie, où récupérant triomphalement un boîtier poussiéreux sur une étagère surchargée de bibelots, la journaliste s’exclame l’œil brillant, et le stylo au poing…
De derrière les fagotto
En 2009, l’ensemble Zefiro nous avait gratifié d’un superbe enregistrement, coloré et précieux, des concertos vivaldiens pour hautbois (Naïve) doté d’un casting de rêve parmi lequel on retrouvait Manfredo Kraemer, Pablo Valetti, Lorenz Duftschmid, Rolf Lislevand ou Pierre Hantaï.
Le baroque américain, entre Broadway et Hollywood…
Prenez deux pièces de Shakespeare (La Tempête et Le Songe d’une nuit d’été), soigneusement mélangées pour le livret, des extraits d’airs de Purcell, Haendel, Campra, Vivaldi et Rameau (et de quelques autres compositeurs baroques moins connus : Leclair, Rebel, Ferrandini) tous transposés en anglais
Plorans ploravit
Nous voici confronté à un exercice désagréable, qui est celui d’exprimer notre déception devant cette nouvelle réalisation du label Hérisson, aux choix artistiques que nous avons pourtant souvent soutenus.
« Je n’ose pas, je vous le dis tout bas, je n’ose pas »
Le bégaiement de l’Histoire est souvent cruel aux réels génies. Les destinées sublimes comme celles de Händel, du père Bach ou d’autres pléiades baroques n’est plus à refaire, elles sont là à briller et dominer l’empyrée. Mais, les sœurs perdues des muses musicales, celles qui se voilent d’ombre ou que l’histoire a enfermées dans un linceul à jamais cousu par l’indifférence ?
Missa 1733 : le making-off de la Messe en Si
C’est à une Messe en Si véritablement surprenante que nous avons à faire ici. Cette Messe clôt une trilogie consacrée aux Messes Brèves de Bach. Les deux premiers enregistrements toujours chez Alpha ayant suscité en nous une grande ferveur et une belle admiration pour cet ensemble si jeune, c’est avec d’autant plus d’excitation que nous attendions ce dernier opus.
Pleins feux
Le maestro Marcello Di Lisa nous propose ici un panorama ramassé mais assez complet de l’œuvre de Pergolèse, compositeur emporté par la tuberculose à l’aube de sa carrière musicale. L’enregistrement est structuré autour de quatre opéras sérias, avec leur ouverture, suivie d’extraits chantés par la mezzo Daniela Barcellona. Les ouvertures offrent le champ libre à l’orchestre Concerto de’ Cavalieri pour donner la pleine mesure de son talent.
« Catcalls and other great indecencies »
Dans la tradition opératique, l’égo et le narcissisme des solistes n’est plus à revisiter. Véritables monarques et tyrans de la représentation à l’époque baroque ils ont tout des stars de notre temps.
Galant, virtuose mais peu inspiré
Jean-Pierre Duport fut un grand violoncelliste. Frère aîné de Jean-Louis Duport, l’auteur de l’Essai sur le doigté du violoncelle et la conduite de l’archet, il s’en fut à Berlin où, comme son frère, il fut musicien de Frédéric Guillaume II, lui-même violoncelliste. Il fut signalé dès ses débuts au Concert spirituel comme un virtuose exceptionnel…
Le sentier lumineux
Étrange paradoxe que celui de nos goûts et inclinations ! Car, étrangement, les baroqueux que nous sommes, avons souvent défendu une approche classicisante et traditionnaliste de Mozart, allant pour les opéras puiser jusque dans les mythiques archives des Fürtwangler, Krips, puis des Colin Davis ou des Solti.
Galipettes orientales
Après une Olimpiade mitigée, notamment en raison de la fadeur de sa mise en scène, Dynamic ravira les amateurs de Galuppi par la parution de cet opera-buffa en 3 actes dont l’écriture virtuose et survitaminée ne peut que susciter l’enthousiasme et explique la renommée internationale dont le compositeur jouit à l’époque (il fut même nommé compositeur officiel de la Cour de Saint-Péterbourg).
Les angles et les courbes
L’art de la prise de son est un art difficile et un peu ingrat : quand elle est réussie, on n’y prête guère attention — à moins qu’elle ne soit franchement exceptionnelle — mais quand elle est ratée, toutes les fautes lui reviennent. C’est que, l’on peut gâcher un disque avec une prise de son peu convaincante…