Un Noël méditerranéen
Chants de la Sibylle latine, catalane & provençale
Noëls populaires anciens italiens, catalans & provençaux
Anthea Pichanick, mezzo-soprano
Ensemble instrumental & chœur de chambre du Concert de l’Hostel Dieu
Hugo Peraldo, direction
68’00, Baroque & plus, 2013, enregistrement en public le 3 novembre 2013 à la Chapelle St Marc de Lyon.[clear]
C’est à un voyage initiatique, à l’atmosphère souvent mystique et fervente, que le Concert de l’Hostel Dieu nous convie dans cette captation de concert d’un programme jouée notamment en novembre et décembre dernier. Articulé autour de chants populaires italiens, catalans et provençaux, alternant passages solistes et passages choraux, lovés dans les frottements évocateurs du rabab ou des violes de Nolwenn Le Guern, très présente, ou enveloppés par les cornets, dulciane, musette des autres musiciens, dont on regrette une captation manquant de définition, ce Noël méditerranéen mélange allégrement les époques (avec les archaïques chants de la Sybille qui ouvrent chaque partie du triptyque, des pièces catalanes probablement XIXème, les provençales issues du fascicule de Nicolas Saboly et les italiennes de diverses sources) mais parvient à une remarquable cohérence dans l’interprétation d’une sobriété fervente, avec des chœurs très denses, un peu sombres, tirés vers les graves, un accompagnement instrumental coloré et douloureux, et le timbre particulier d’Anthea Pichanick, mezzo corsée très dramatique, en dépit d’un petit vibratello. La direction réfléchie et naturelle d’Hugo Peraldo, dynamique sans excès dès qu’il s’agit de dégainer les cordes pincées, nettement plus recueillie la plupart du temps, est de celle qui s’impose avec le sourire de l’évidence quoiqu’elle ne contribue pas à insuffler suffisamment de contrastes au programme.
On pense un peu au Mediterraneo de l’Arpeggiata de Cristina Pluhar (Virgin), en plus pudique et moins viscéral, et l’on regrettera simplement le choix des pièces, insuffisamment variées : pour une tarentelle et un bondissant « fum, fum, fum », que de pièces chorales parfois itératives dans ces Noëls catalans ! En outre, la prise de son, dont on reconnaîtra les efforts méritoires pour un live, manque souvent de profondeur : le beau et droit « Dormi, dormi, o bel bambi » voit ainsi la flûte pratiquement supplanter en dynamique l’ensemble du chœur et en général les instruments et la soliste sont trop franchement mis en avant ce qui est dommage. Un opus intéressant et vagabond.
Marion Dammerey
Technique : captation honnête mais parfois déséquilibrée en faveur des instruments.
Étiquettes : Le Concert de l'Hostel Dieu, Muse : airain Dernière modification: 11 février 2022