Concert RAMEAU – TELEMANN
Les Ombres
Festival d’Ambronay 2014
Georg-Philip Telemann :
Six quatuors à violon, flûte, viole et basse continue
Sonata prima en la majeur
Nouveaux quatuors en six suites
Jean-Philippe Rameau :
Pièces de clavecin en concert
Les Ombres
Margaux Blanchard & Sylvain Sartre
Samedi 13 septembre 2014 – Salle Monteverdi, dans le cadre du festival d’Ambronay
Quand on s’imagine Telemann ou Rameau, on pense à des hommes immortalisés à leur âge avancé mais avec un génie éternellement jeune et innovant. Mettre en parallèle ces deux monuments de la musique ne manque pas de logique. Rameau et Telemann n’eurent que deux ans de différence d’âge et composèrent sensiblement jusqu’à la fin de leur vie. Leur œuvre est reconnaissable entre toutes, et même si Telemann semble parfois être plus conventionnel que Rameau, le génie de Magdeburg tire une belle épingle du jeu quand on écoute ses partitions parisiennes.
Nos glorieuses années 2000 ont la furie des anniversaires. Comme s’il fallait plusieurs zéros à un grand personnage de l’histoire pour avoir les honneurs de notre siècle. En effet en 2014, Jean-Philippe Rameau retrouve l’intérêt des programmateurs. Paradoxalement les artistes sont depuis bien des années les chantres des génies qu’on oublie souvent.
Ambronay, grand lieu de la redécouverte, plonge dans un double hommage avec ce concert Rameau-Telemann. Belle idée que celle des Ombres de Sylvain Sartre et Margaux Blanchard, d’allier la jubilation de Telemann à l’expérimentation harmonique Ramiste, une belle décoction européenne galante.
Redécouvrir les Quatuors parisiens, permettent aussi de se rendre compte de la connaissance qu’avait Telemann de l’orchestre Français et de la sensibilité qu’il portait dans le champ de la mélodie, une créativité inépuisable et un sens réel du phrasé. D’ailleurs Telemann a fait ici une synthèse des styles, très proche du style hambourgeois, prolifique en oecuménismes musicaux.
Les Ombres sont ici d’une belle variété de son. C’est un ensemble qui trouve une sonorité propre, un jeu particulier et nous nous en réjouissons. Que ce soit dans les mouvements hautement virtuoses de Telemann ou les danses de Rameau, la formation est homogène. Nous aurions juste voulu entendre au violon des attaques plus dynamiques et au clavecin, surtout pour Rameau, un peu plus de nerf. Néanmoins, la flûte de Sylvain Sartre à la fois délicate, virtuose et colorée nous offre la plus belle preuve de la sensibilité de Telemann. A la viole, Margaux Blanchard est d’une précision et d’une vivacité qui nous extasient.
En définitive cette formation, qui commença comme un « jeune ensemble » dans un contexte de crise, nous démontre que le baroque est bien vivant. Ce n’est qu’un splendide phénix qui renaît sans cesse, tels ces musiciens qui se réveillent de l’oubli pour ne plus se rendormir.
Pedro-Octavio Diaz
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