François FRANCOEUR (1698-1787)
Amans, voulez-vous être heureux ?
Sonates et airs
[TG name= »Détail des pistes »]
Sonate en mi mineur pour violon et basse continue (IIe Livre)
Fureur, Amour, secondés mon impatience (Scanderberg)
Sonate en la majeur pour violon et basse continue (IIe Livre)
L’Amour fait naître nos désirs (Pirame et Thisbé)
Loin de nos cœurs les tristes plaintes (Scanderberg)
Vole de victoire en victoire
Splendete, luci belle (Scanderberg)
Sonate en ré mineur pour violon et basse continue (IIe Livre)
Que dans ce séjour, nos transports paroissent (Tarsis et Zélie)
Lance tes traits, Amour (Pirame et Thisbé)
D’un tendre Amour, ne craignez rien (Pirame et Thisbé)
Amans, voulez-vous être heureux ?
[/TG]
Ensemble Ausonia
Isabelle Desrochers (soprano), Mira Glodeanu (violon), Nils Wieboldt (violoncelle), James Munro (violone et contrebasse), Julian Behr (théorbe), Frédérick Haas (clavecin et direction)
Alpha 076, enr. 2004
[clear]
Ce que nous sentions au concert est ici encore meilleur : il n’en reste que les bonnes choses !
Ce disque est exclusivement consacré à François Francœur, et comporte des sonates pour violon – le compositeur était violoniste – des airs d’opéras, quelques airs isolés, le tout mélangé soigneusement pour obtenir une pâte, euh… je veux dire un disque homogène. À l’écoute, on se demande comment un compositeur aussi délicat a pu demeurer méconnu jusqu’à aujourd’hui. La notice est là qui tente de répondre à cette question… Mais finalement peu importe car on est heureux de pouvoir l’entendre à nouveau, enfin.
Il faut dire que les interprètes défendent les œuvres avec brio. Que dire en effet du jeu varié et inspiré de Mira Glodeanu ? De ce qu’elle insuffle à ces lignes de musique ? Du lyrisme de cette Pastourelle (Sonate en la majeur, piste 8), de la tendre mélancolie de cette Sicilienne (Sonate en ré mineur, piste 17), de l’éperdu de ce Rondeau (idem, piste 19) ? Sans parler du brio des accompagnements : la fureur (piste 5) n’est pas seulement rendue par Isabelle Desrochers, mais aussi aussi par les cris du violon. On n’ose même pas dire que c’est techniquement irréprochable : ce serait descendre bien bas que de décortiquer les ports de voix. Mira Glodeanu donne du sens à tout, et ne laisse rien au rien au hasard, faisant de ces sonates un nectar pour nos oreilles…
Isabelle Desrochers quant à elle, justifie le titre donné à cet enregistrement : c’est en confidence qu’elle nous parle, qu’elle nous chante un air italien (piste 13), qu’elle nous console (piste 11) ou nous conseille (piste 22), répondant à nos espérances tacites. Et tant pis si le récit qui précède l’air Fureur, Amour, secondés mon impatience n’est pas tout à fait assez varié dans les expressions. Ce qu’il y a de sûr, c’est que le timbre est toujours clair, avec tout de même des variations dans cette obscure clarté : du très clair à l’un tout petit peu sombre, dans un clair-obscur lumineux. Il faut se laisser toucher par ses infinies nuances, ce fin phrasé. Entre la diction et la vocalisation, l’équilibre entre chant et diction est remarquable.
Il y a peu à dire sur le continuo : discret, il accompagne, sans se faire beaucoup remarquer, parfois même un peu trop en retrait, mais ce qu’on a au premier plan est si fascinant… Quand Kirsten Flagstad chantait des Lieder, l’accompagnement passait presque inaperçu ; là, c’est presque ça.
La prise de son est moins généreuse que ce à quoi nous sommes habitués chez Alpha, et les photographies sont de moins bonne qualité ; mais finalement, cela accentue le caractère intimiste de ce disque sans desservir la musique. Mention spéciale pour la pictura proposée, clin d’œil subtil au contenu des textes. Et arrivé à la soixante douzième minute, quand tout est fini, on a regrette qu’il ne s’agisse pas là d’un double disque. A quand le prochain ?
Loïc Chahine
Technique : bon enregistrement, mais moins ample que d’habitude chez Alpha.
Étiquettes : Alpha, Francoeur, Loïc Chahine, Muse : or, musique de chambre, Musique vocale, sonates Dernière modification: 23 novembre 2020