L’hésitation contre la vigueur
1988. On retrouvera dans ces deux enregistrements du regretté Scott Ross la même modestie et le même talent : nulle part le claveciniste canadien ne se met en avant, même lorsque la virtuosité technique est requise.
Un Bach méconnu
On doit à la monumentale initiative de Teldec la Valise Bach 2000 qui célèbre les 250 ans de la mort du Cantor de Leipzig par l’intégrale discographique de ses oeuvres (excepté quelques chants du Schmelli Gesangbuch). Un des cubes modernes et disgracieux de cette remarquable discothèque est consacré aux cantates profanes de Bach.
Un Bach dansant
Bach n’était pas très au point sur le luth. Voilà qui peut paraître choquant. C’est ainsi. Tous les luthistes savent combien ces suites, préludes et partitas sont difficiles à jouer, non seulement en raison de leur virtuosité mais de passages impossibles techniquement à jouer…
De la couleur
Frédérick Haas possède une connaissance approfondie de la facture des instruments, et des secrets de leurs réglages. C’est cela qui lui permet ce dialogue si intime avec l’instrument. Car le clavecin de Haas est tout sauf métallique. Sous ses doigts d’une précision jamais répétitive, l’écriture ciselée et fort ornementée de D’Anglebert résonne avec l’amplitude de l’orchestre lullyste…
Mangeons en musique…
Et non, l’œuvre de Delalande ne se résume pas à ses fanfares pour trompettes martiales et éculées, surjouées par les Jean-François Paillard et autres Paul Kuentz. D’une part, ses grands motets sont magnifiques, et d’autre part même les Symphonies pour les Soupers du Roi sont bien plus fines qu’on ne l’imagine.
"Français, soyez tous réjouis"
Henri Ledroit signe ici l’un de ses meilleurs enregistrements, digne de son récital Luigi Rossi chez le même éditeur. Au premier abord, l’irruption de ce contre-ténor aux pays des lys est musicologiquement très discutable, puisque l’on sait que les Français étaient partisans des voix naturelles.
Le miel de l’Abbaye…
Voici un disque qui s’achète et s’écoute les yeux fermés. En dépit de ses 20 printemps, l’enregistrement a conservé l’élégance lumineuse et l’équilibre de ses vertes années. Tout ici est harmonie et musicalité. Trevor Pinnock comme Simon Preston ont parfois été accusé de placidité, d’application, de flegme britannique excessif.
Ils sont fous ces romains !
Il est temps de critiquer cette interprétation désormais presque mythique, tout particulièrement pour la sublime et regrettée Lorraine Hunt dans l’un de ses plus beaux rôles.
Luth et approuvé
Après la version d’Hopkinson Smith d’un optimisme dansant (Naïve) au sujet de laquelle nous avions en quelques lignes fait connaître notre admiration, le jeu sympathique mais moderne de Boels (Calliope) chroniqué par notre consœur ce mois-ci nous a conduit à nous replonger dans notre discothèque pour en exhumer cet enregistrement remarquable et trop peu distribué.
L’opéra des Musiciens
La parution d’un opéra de Lully au disque est toujours, pour les amoureux du baroque français, un événement attendu avec impatience et crainte; crainte de voir l’œuvre amputée de son prologue, nouvelle mode liée à des considérations aussi éloignées de l’art que le soleil de la planète Terre…
Une superproduction Cleopâtre : après Liz Taylor, Danielle de Niese
Tout a sans doute déjà été dit à propos de ce Giulio Cesare désormais d’anthologie. Voilà le spectacle qui a lancé la jeune soprano américaine Danielle de Niese, la soprano qui danse. Voilà le spectacle qui a démontré de manière éclatante que le respect du drame historique n’équivalait pas à une succession pompeuse et statique de tableaux soporifique
Un disque plein de vie
Un disque de Zig-Zag Territoires attire toujours mon attention, comme ceux d’Alpha ; et les points communs ne s’arrêtent pas là. En effet, les pochettes sont soignés, les livrets documentés – et ce coffret ne manque pas à la règle – la réalisation artistique souvent excellente et la prise de son tout à fait délectable.
« Les naturalistes nous ont dit ce qu’était un singe, mais ils n’ont pas défini cet animal qu’on appelle eunuque. » Ange Goudar, Le Brigandage de la Musique Italienne. Paris, 1777.
On dit que la Muse Baroque est trop tolérante et qu’on y trouve que de bonnes critiques : c’est normal, rétorquera le rédachef, puisque le but est de constituer une discothèque idéale. Tout cela pour dire que j’étais pourtant parti d’un bon sentiment
Un dimanche à Versailles
Le vieux Roi est vieillissant. Son organiste n’est plus de prime jeunesse non plus. Et leurs ombres planent sur ces quatre concerts royaux que Louis XIV aimait à entendre le dimanche, publiés longtemps après la mort du Roi-Soleil. Art de Cour, superficiel, mignard et vain diront certains, stigmatisant les mélodies simplistes et l’abondance d’ornements.
Un médaillé olympique
À sa parution, en 2000, une pluie de récompense tomba sur cet enregistrement : Prix International du disque Cannes Classical Awards 2001, 13ème Grand Prix du disque de l’Académie Charles Gros, Recommandé par Classica-Répertoire, Choc du Monde la Musique, Diapason d’Or, et 5/5 dans Opéra International.
Pour les adorateurs du "Pape du Baroque" seulement
Que ceux qui apprécient la délicatesse galante des mélodies françaises de la période du Bien-Aimé passent leur chemin, voici venir du fond des tiroirs de Teldec cet enregistrement antédiluvien qui prouvera aux détracteurs des interprétations sur instruments d’époque (ce ne sont pas des copies ici) que…
Que l’encens et les jeux rendent hommage à la déesse !
Alternent dans ce programme consacré à la cantate française du début du Siècle des Lumières deux œuvres relativement connues de Clérambault, et deux cantates rares de Courbois et Colin de Blamont. Voici donc, Campra et Pignolet de Montéclair excepté, un excellent aperçu de ce genre souvent considéré comme ingrat, louvoyant entre deux écueils…
Mettez la guitare en batterie !
Voici ce qui reste de l’intégrale des œuvres pour guitare de Robert de Visée publiée autrefois sur 33 tours : une brève sélection d’à peine une heure, seule jugée digne de passer au CD. Et pour une fois, le plus n’est pas forcément le mieux.
Une interprétation révolutionnaire pour l’un des plus beaux opéras italiens de Händel.
Marc Minkowski, que l’on connaissait pour sa réussite dans le domaine de l’opéra français (Rameau, Lully…), se lance donc dans l’aventure handelienne avec sa fougue et son énergie habituelles. Les interprètes sont remarquables dans l’ensemble : Anne Sophie von Otter est tour à tout radieuse et pathétique, Lynne Dawson chante avec naturel et grâce…