Georg-Frederic HAENDEL (1785-1759)
Water Music, Sinfonias HWV 339 et 347
Concerto Köln, dir. Anton Steck
62’22, Berlin Classics, 2008.
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On est toujours particulièrement exigeants avec les « tubes ». L’oreille, gorgée de références discographiques, de souvenirs de concerts, espère les délices d’une compagnie originale, personnelle, différente. Après l’entraînant équilibre de Pinnock (Archiv), la magnificence de Savall (Astrée), les pétouillantes réjouissantes d’Harnoncourt, la beauté simple et colorée de Gardiner (Philips), le Concerto Köln peine à susciter l’intérêt par une vision étriquée et décorative, dont l’aimable mesure confine à la monotonie. Dès l’ouverture, l’on sent que le navire prend l’eau : clavecin sur-représenté, tempo pontifiant, cordes en petit nombre et manquant d’ampleur et de liant, l’orchestre n’est pas à la mesure du fastueux évènement. Et ce ne sont pas les ornements fleuris qui parviennent à masquer la sécheresse des articulations, la raideur du geste, l’étroitesse protocolaire plus que festive. Ce sont d’ailleurs les grandes envolées martiales des cuivres qui souffrent le plus d’une vision chambriste, d’une honnêteté timide, quelquefois poussive. Trompettes et cors se font remarquer par leurs ternes présences, leurs dialogues de carmélites, un badinage galant bien peu excitant. L’air de la suite I résume les choix anti-spectaculaires d’Anton Steck : longue introduction ciselée au clavecin assez plate, reprise saccadée par des hautbois neutres en un crescendo par palier terriblement plan plan. Et tout au long de ce fleuve tranquille, se fond cette constante impression du tiré-poussé-tiré-poussé des cordes qui semblent lire la partition note à note, et sans se hâter.
Par acquis de conscience, on écoute le célèbre Alla Hornpipe, où l’on retrouve cette lecture hachée, ces trompettes aigres, des cordes transparentes, sans corps et sans saveur. Les départs manquent de précision, la basse continue de relief. Seuls les cors boisés sauvent l’une des pièces les plus célèbres et les plus entrainantes de Haendel d’une comparaison ridicule avec un complément nutritionnel lyophilisé. Voilà donc une version qui est loin d’être mauvaise, mais dont le principal écueil est d’apporter l’ennui. Une « Wasser Musick » à marée basse, en somme.
Sébastien Holzbauer
Technique : Assez neutre, manquant un peu d’ampleur et de spatialisation.
Étiquettes : Berlin Classics, Concerto Köln, Haendel, Muse : 3, musique pour orchestre Dernière modification: 25 novembre 2020