“Celui qui est destiné à cultiver un art doit, pour ainsi dire, respirer en naissant l’air de cet art, (…)”
L’Histoire vit dans un dilemme constant. Elle a tellement accumulé d’informations qu’elle souffre d’un Alzheimer à rebours. La mémoire ne lui est acquise que par le rappel des générations nouvelles. Elle demeure quelque peu sentimentale par rapport à ses mythes, à ses jeux de miroirs et d’inventions.
Les angles et les courbes
L’art de la prise de son est un art difficile et un peu ingrat : quand elle est réussie, on n’y prête guère attention — à moins qu’elle ne soit franchement exceptionnelle — mais quand elle est ratée, toutes les fautes lui reviennent. C’est que, l’on peut gâcher un disque avec une prise de son peu convaincante…
Divisions on a ground (Lawes, Ayres, La Rêveuse – Mirare)
Depuis ses tout premiers enregistrements, la Rêveuse n’a cessé de nous enchanter. Avec infiniment de finesse, de recherche et d’élégance, l’ensemble propose à chaque fois de véritables bijoux, résultats d’un travail minutieux et scrupuleux, au plus proche de la musique vraie.
Des cordes bien sympathiques
175, c’est le nombre d’œuvres pour baryton à cordes que l’infatigable Haydn composa au service du Prince Nicolas 1er Esterhazy violoncelliste, gambiste et barytoniste. Cet instrument au nom et à la sonorité poétiques, qui se répandit surtout entre Hambourg et Vienne, est en fait une sorte de viole de gambe…
Ceci n’est pas une cantate
Rarement un enregistrement aura été aussi irritant. Irritant, parce qu’il recèle de très belles pages, et que ce florilège de sinfonias ou d’airs extraits de l’œuvre religieuse de Bach s’avère relativement agréable à l’écoute, avec un orchestre coloré et vif, doté de cordes nerveuses, accompagnant avec grâce la prestation superlative de Nathalie Stuztmann, au timbre velouté, plein, cuivré, d’une souplesse combinée à un sens théâtral affirmé.
“Aussi l’ai-je tenté, mais tentative nulle Ce… nouveau-né, Madame, est un petit… Hercule.” (Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac, III, 7)
Après la magistrale biographie de Benoît Dratwicki consacrée à Antoine Dauvergne, compositeur et dirigeant incontournable de l’Académie Royale de Musique dans la seconde moitié du XVIIIème siècle, nous étions quelque peu impatients de connaître de plus près son oeuvre, tombée dans l’oubli scénique et discographique.
Tristes apprêts
Enregistrer en concert une œuvre telle que Naïs est un pari bien risqué. La partition est hérissé de difficultés pour toutes les parties — aussi bien pour les solistes que pour l’orchestre et le chœur — et le livret est, disons-le, aussi inintéressant que possible. Non seulement la situation est quelconque et l’issue prévisible — Neptune aime Naïs qui ne sait pas que c’est à Neptune qu’elle a affaire —, mais de plus la façon même dont l’opéra se terminera est connue d’avance…
“Le réveil de Quixotte”
Juillet-Août 2012. Pour sa première collaboration avec agOgique, Fabio Biondi a choisi Telemann – un compositeur prolifique, de grand talent, d’une écriture absolue, capable de maîtriser n’importe quel langage musical – comme il l’explique dans l’entretien qu’il nous a aimablement accordé.
Le chant des sirènes (“Bach dramas” – L. Garcia Alarcon – Ambronay ed.)
Lorsque le pas effréné des touristes curieux se pressent dans la Thomaskirche de Leipzig, ils doutent parfois que ce lieu presque kitsch par ses colonnes palmées et rougeâtres fut le siège des plus solennelles cantates du Cantor marmoréen. Et si l’on y fait attention, sous les pieds du visiteur repose sa figure, restes enfouis sous la chape de bronze aux initiales devenues syllabe sacrée d’un démiurge terrible.
Les caprices d’un fleuve
Janvier 2012. Il y a des enregistrements qui fascinent. Dont l’univers happe l’auditeur, annihile sa conscience, le happe irrésistiblement, le ballotte au gré de l’écume des notes. Ces Variations comptent parmi ceux-là. On ne les attendaient pas. Ou plutôt pas comme ça, pas si fortes, pas si intenses.
Shaked but not stirred !
Les Concertos pour clavecin de Bach datent de l’époque de Leipzig, alors que Bach dirigeait le Collegium Musicum de 1729 à 1739 dans la salle ou les jardins du Café Zimmermann. Cependant, l’écriture de certains d’entre eux remonte probablement à de plus vertes années dans les cours de Köthen et Weimar…
Un souffle printanier venu de Germanie…
Six Concerts Avec plusieurs Instruments Dédiées A Son Altesse Royalle Monseigneur Crêtien Louis, Marggraf de Brandenbourg & c. & c. & c., par Son tres-humble & très obeissant Serviteur Jean Sebastian Bach. Maître de Chapelle de S.A S. le prince regnant d’Anhalt-Coethen. … Voici l’incipit de la dédicace écrite en français que Bach adressa en 1721 au margrave du Brandebourg…
L’Écho retrouvé
Présageant dans sa maxime lapidaire le temps des touristes absents, des cacophonies photographiques et des dialectes multicolores, Arbit Blatas, artiste plastique et laconique observateur du monde, nous livre l’image la plus précise de la Sérénissime délaissée par les hordes qui l’envahissent sans cesse.
La joie même
Amandine Beyer nous l’avait promis, ces concerti sont la joie même. La merveilleuse violoniste qui dans l’ascèse la plus haute sait dialoguer avec les âmes à travers celle de son violon (sonates et partitas de Bach pour l’éternité), celle qui a réunit des musiciens de la même sensibilité musicale (Gli Incogniti) et a su recréer avec eux les Quatre saisons de Vivaldi (ZZT) que tant nous avaient gâchées, ne pouvait pas nous mentir.
Le mineur lui va si bien…
L’instrument est magnifique, l’interprétation ne l’est pas moins. Nous ne reviendrons pas en détail sur ce superbe Dulcken des années fourties (1740’s) dont l’histoire est contée en détail dans l’entretien que nous a accordé Violaine Cochard. Mais il faut tout de même en dire quelques mots, ne serait-ce parce que cet enregistrement trouve son point de départ dans l’envie de la musicienne d’immortaliser le timbre riche et brillant de l’instrument…
“J’ai pêché chaque jour et je ne me suis pas repenti, maintenant la peur de la mort me tourmente, car dans les enfers on ne peut plus arriver à la rédemption” – Troisième nocturne, septième répons
Comme c’est le cas de la plupart des grandes étapes ponctuant la vie de tous souverains, les obsèques d’un roi recouvraient au XVIIIème siècle une ampleur nationale. Le prince électeur de Saxe et roi de Pologne Auguste II mourut le 1er février 1733 ; Jan Dismas Zelenka était alors en charge du poste de maître de chapelle et de la direction de la musique des messes pour la cour catholique de Dresde.
Domine, quis sustinebit ?
Ce programme, dont nous tairons une jaquette d’un goût pyrotechniquement douteux, s’articule autour des fastes du grand motet versaillais, avec le fameux Te Deum H146 de Charpentier célébrant la Victoire de Steinkerque, et un De profundis de Delalande un brin moins célèbre.
Un enregistrement pour l’Homme et pour toujours
Il est des enregistrements que l’on attend depuis longtemps sans le savoir vraiment. Celui que nous offre, et le mot est exact, Amandine Beyer est bouleversant. Tout baroqueux connaît cette élève brillante de Chiara Bianchini, et tout amoureux de la musique va à présent aimer cette artiste rare.
“Remember me, but don’t remember my fate”
Danielle de Niese, la soprano qui danse, ce fut pour beaucoup la Cléopâtre de Glyndebourne, mélange détonnant de sensualité, d’innocence et de rouerie. Dans la même veine, la femme fatale récidiva dans un Couronnement de Poppée sous la baguette d’Emmanuelle Haïm (Decca).
