Rédigé par 16 h 15 min CDs & DVDs, Critiques

A royal affair

Joyce Di Donato offre au sein dune carrière exemplaire un véritable bijou avec cet enregistrement qui frôle la perfection absolue sur bien des plans. D’abord le choix original autant qu’évident des airs, parfois peu connus, mais tous passionnants. Organisé en fonction de la Reine incarnée nous avons ainsi Cléopatre l’Egyptienne et Octavie la Romaine qui dominent le monde.

“Drama Queens”

Airs d’opéra extraits des oeuvres de Giuseppe Maria Orlandini (1676-1760), Giovanni Porta (1675-1755), George Frédéric Haendel (1685-1759), Reinhard Kreiser (1674-1739) , Johann Adolf Hasselt (1699-1783), Antonio Cesti (1623-1669), Claudio Monteverdi (1576-1643), Geminiano Giacomelli (1692-1740), Joseph Haydn (1732-1809). 

[TG name=”Liste des airs”]

Berenice: Da torbida procella by Giuseppe Maria Orlandini
Ifigenia: Madre diletta, abbracciami by Giovanni Porta
Alcina, HWV 34: Ma quando tornerai by George Frideric Handel
Galsuinde: Lasciami piangere by Reinhard Keiser
Giulio Cesare in Egitto, opera, HWV 17: Piangero la sorte mia… by George Frideric Handel
Antonio e Cleopatra: Morte col fiero aspetto by Johann Adolf Hasse
Orontea: Intorno all’idol mio by Pietro Antonio Cesti
Alessandro, HWV 21: Brilla nell’ alma un non inteso ancor by George Frideric Handel
Die edelmüthige Octavia: Geloso sospetto by Reinhard Keiser
L’Incoronazione di Poppea: Disprezzata Regina by Claudio Monteverdi
Sposa son disprezzata by Geminiano Giacomelli
Berenice: Col versar, barbaro, il sangue by Giuseppe Maria Orlandini
Armida, H 28 no 12: Odio, furor, dispetto by Franz Joseph Haydn

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Joyce Di Donato, mezzo soprano
Il Complesso Barrocco,
Direction Alan Curtis.
Virgin Classics, 2012.

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Joyce Di Donato offre au sein dune carrière exemplaire un véritable bijou avec cet enregistrement qui frôle la perfection absolue sur bien des plans. D’abord le choix original autant qu’évident des airs, parfois peu connus, mais tous passionnants. Organisé en fonction de la Reine incarnée nous avons ainsi Cléopatre l’Egyptienne et Octavie la Romaine qui dominent le monde. Mais aucune des moins connues de démérite dans ces hauteurs de style, d’élégance ou de passion. La furie, autant que l’élégie sied à ces femmes souffrant des vies d’une puissance cathartiques pour l’auditeur comme l’interprète. Toujours plus loin, plus haut, plus virtuose. Aucune limite de vient contraindre le chant passionné des reines d’opéra du XVIII° siècle. Seuls Octavie du Couronnement de Poppée vient de 1643 et Orontea de 1656 respectivement de Monteverdi et Cesti.

Le style est donc encore baroque dans cette expression variée des affects mais les moyens vocaux exigés sont phénoménaux. Vocalises célestes comme infernales, longues phrases suspendues, messa di voce sublimes, nuances extrêmes, trilles préparés admirablement réalisés, tout ici est fête du chant le plus exigeant. Joyce Di Donato sait tout chanter à la perfection jusque dans le répertoire romantique et contemporain, ce répertoire autours de 1725 semble lui convenir à merveille. Son riche timbre peut s’y déployer sans risque, sa technique hors pair est comme évidente sans efforts suggérés, les nuances sont parfaitement maitrisées mais surtout le tempérament dramatique tragique comme élégiaque peut toucher l’auditeur à chaque instant. Au final il est impossible de savoir si c’est la furie, la douleur ou le désespoir qui est le plus troublant.

C’est un disque qui s’écoute différemment à chaque fois, et en fonction de son propre état d’âme, cet air touchera plus que tel autre. Mais il restera la présence d’une voix musicienne s’appuyant sur un texte ciselé et incarné au plus profond de cette âme d’artiste. Car avant toute chose c’est la musicalité de chaque note qui touche, l’intelligence de l’artiste qui s’engage totalement dans ces rôles convaincrait le plus réticent. Les mots sont non seulement limpides mais encore rendus passionnément humains.

Alan Curtis et son Complesso Barocco que nous connaissons parfois trop raides et tristes sont comme inspirés par l’intelligence stylistique de la Diva et son son sens du théâtre. L’ensemble est souple est énergique, coloré et présent, les contrastes plus marqués qu’à l’accoutumée dans les airs de fureur (violons incisifs). Il reste cependant quelques rigidités orchestrales ça et là comme autant de plis amidonnés trop hiératiques, et le chef n’évite pas une certaine sécheresse au niveau de la profondeur des textures

                                                   

© Virgin Classics

Hubert Stoecklin

Technique : prise de son équilibrée et dynamique mais qui ne met pas assez en valeur la mezzo.

Étiquettes : , , , , , , , , , Dernière modification: 11 février 2022
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