Rêvons sans cesse…
Que l’auditeur curieux ne se laisse pas rebuter par le titre racoleur du disque, et le calambour douteux de l’article. En effet, Nous tenons là un véritable chef d’œuvre… Ma route croisa celle de ce compositeur inconnu, au langage parfois teinté des audaces monteverdiennes, dans le récital des Lamenti Barocchi vol. 1 de Sergio Vartolo (Naxos).
Le gagnant de l’Eurovision ?
La victoire de Steinkerque du 3 août 1692 apporta beaucoup de bienfaits à la France : outre le fait que le Maréchal de Luxembourg écrabouilla noblement les perfides Anglo-hollandais, cette victoire militaire donna naissance à la mode de la cravate à la Steinkerque, et au Te Deum le plus célèbre de Charpentier…
Mélancolie contre fraîcheur
Savall contre Goebel. Un choc frontal entre l’Espagne alanguie et la froidure germanique, sur fond de musique française. Mais français, le sont-ils vraiment ces 4 ordres composés de suites de danses, chacune précédée d’une sonate ?
Bowman à son sommet
Dès les années 1980, les critiques musicaux, espèce cruelle et cynique, ont gribouillé des piques acerbes sur le déclin de James Bowman. Pourtant, même déclinant, le légendaire contre-ténor continuait aisément à remonter les bretelles de beaucoup… Pourquoi donc cette méchanceté ? Tout simplement parce que James Bowman était encore plus merveilleux auparavant.
Eh oui ? ENO.
Après le superbe Giulio Cesare de Glyndebourne 2005 (Opus Arte), nous avions commencé à exhumer d’autres captations video dont l’honorable Hickox (Euro Arts). Quelle ne fut pas notre surprise de voir à plusieurs reprises mentionnée dans nos courriers d’électeurs (de Bavière) cette réalisation historique de l’ENO à laquelle il faut rendre justice…
Et si…
Paolo Pandolfo est un gambiste. Mais il aime les 6 Suites pour Violoncelle de Bach. Alors, le temps d’une rêverie poétique qu’il justifie avec brio et tendresse dans un Dialogue imaginaire entre un violoncelle et une viole de gambe, le musicien transpose les tonalités, multiplie les doubles cordes, reconstruit les articulations, ajoute des ornements. Le résultat de l’expérience est grandiose…
Poésie de la musique, musicalité du verbe
Cyrano de Bergerac, personnage mythique à cause d’un drame du XIXème siècle, auteur génial dont les textes sont aujourd’hui bien oubliés – qui connaît aujourd’hui sa comédie Le Pédant joué ? Tout au plus ces deux voyages imaginaires dans ce qu’on appellerait de nos jours l’espace sont-ils connus des universitaires et de quelques happy few.
Les Indes ronflantes
Ces transcriptions sont de la main même de Rameau et furent publiées avec l’unique édition de l’opéra, peu après 1735. Le compositeur regroupait certains airs et danses en quatre grandes suites, qui sont très partiellement enregistrées ici (16 numéros sur 32). Hélas, il semble que la transcription a étiolé le langage suggestif ramiste, et le jeu mécanique de Kenneth Gilbert ne fait qu’accroître une fâcheuse impression de tricotage de luxe.
Des exercices bien virtuoses
Un rayon de soleil traverse l’azur du petit matin et réchauffe le cœur d’une douce caresse… Dès le premier mouvement (largo) du Trio en la Majeur, Sébastien Marq expose son jeu doux et velouté, léger et transcendant. Et l’on s’émerveille, béat, devant la beauté du son, la justesse des sentiments, et ce toucher si délicat qui vous berce et vous emmène dans un jardin d’Eden.
Rendons à Cesare ce lui appartient
Ces Mélodies musicales pour voix et instruments datent des années 1621, et portent en elles tout le faste vénitien, bien qu’écrites pour la cour de Munich. Elles alternent des concerts spirituels de 1 à 5 voix avec des 14 pièces instrumentales d’une facture charmante. Le cornet s’y voit attribuer des parties extrêmement virtuoses que Jean-Pierre Canihac restitue avec aisance.
Quel joyau !
Voici une Muse du Mois qui en surprendra beaucoup. Un vieil enregistrement de 1968, re-édité dans la collection économique Baroque Esprit (DHM) sans livret et avec une jaquette qui frise l’indigence. L’objet ne paie pas de mine. Il est de ceux qu’on achète compulsivement parce que la monnaie alourdit ses poches, et que le nom d’un des meilleurs ténors bachien figure au dos.
Noir et Sévère
On retrouvera dans ces concertos pour clavecin de Bach une majorité de transcriptions, soit de concertos disparus pour violon ou hautbois (BWV 1055-1056), soit des célèbres concertos pour violons (BWV 1054, BWV 1058, BWV 1062) ou des Brandebourgeois (BWV 1057), soit d’œuvres d’autres compositeurs tels Vivaldi et son Estro Armonico (BWV 1065).
Fiat Fux
Que voilà un mal aimé que ce Johann Joseph Fux célèbre pour ses œuvres théoriques grincheuses ! Fux, c’est un peu le Saint-Simon de la musique, le nostalgique du contrepoint au temps de la musique galante, et son Gradus ad Parnassum est écrit comme un dialogue avec… Palestrina disparu en 1594.
Un "coup d’archet démoniaque"
Marais fut l’élève de Lully (voyez son Alcyone) et de Sainte-Colombe. De ce dernier, il acquit une maîtrise du jeu et de la composition de la basse de viole époustouflante. Titon du Tillet affirme d’ailleurs qu’au bout de six mois l’élève avait surpassé le maître… L’oeuvre de viole de Marais fut publiée en cinq livres entre 1686 et 1725.
Ah, le baroque autrichien !
Biber, quasi-inconnu voici 30 ans, est devenu en peu de temps un best-seller de la musique baroque, malgré un nom particulièrement alambiqué. Entre ses messes monumentales (Missa Bruxelensis, Missa Salisburgensis, Missa Sancti Henrici) et ses œuvres violinistiques virtuoses (Sonates du Rosaires, Sonates pour violon), l’élève de Schmelzer se caractérise dans ses œuvres instrumentales par une grande liberté formelle…
Le Crépuscule des Dieux
Oh là là ! A la première écoute, on se demande si c’est bien Monica Huggett qui joue : elle que l’on a connu si légère avec Ton Koopman, radieuse avec Manfredo Kraemer… La violoniste traverserait-elle une crise de déprime ?
“C’est moi qu’il emmène et fait marcher dans les ténèbres” (Lamentation III)
Les Leçons de Ténèbres du compositeur Belge Fiocco cultivent avec bonheur l’héritage austère des maîtres français (Lambert, Couperin, Delalande) et la manière italienne moderne qui sera celle de Pergolèse. Elles se distinguent en outre par l’inhabituelle présence de deux violoncelles obligés dans les deux premières Lamentations du Jeudi Saint, pratiquement écrites à trois voix.
Arrêter de nous prendre pour des conciles !
Un matin, au sortir d’un rêve agité, Grégoire Samsa s’éveilla transformé dans son lit en une formidable vermine. Il était couché sur le dos, un dos dur comme une cuirasse, et, en levant un peu la tête, il s’aperçut qu’il avait un ventre brun en forme de voûte divisé par des nervures arquées. (F. Kafka, La Métamorphose). Bon, d’accord. Cela n’éclaire guère cette Nova Metamorfosi déjà obscure.
Campra se retourne dans sa tombe (bis repetita)
Plusieurs années auparavant, William Christie avait ressuscité avec faste et élégance Idioménée du même compositeur aixois. De même, notre Bill national avait brillé dans divers grands motets dont ceux de Delalande, de Mondonville ou de Rameau. On espérait donc beaucoup de ce nouvel enregistrement.
