Rédigé par 22 h 10 min CDs & DVDs, Critiques

Rêvons sans cesse…

Que l’auditeur curieux ne se laisse pas rebuter par le titre racoleur du disque, et le calambour douteux de l’article. En effet, Nous tenons là un véritable chef d’œuvre… Ma route croisa celle de ce compositeur inconnu, au langage parfois teinté des audaces monteverdiennes, dans le récital des Lamenti Barocchi vol. 1 de Sergio Vartolo (Naxos).

Giovanni-Felice SANCES (c. 1600-1679)

Extases baroques

Motets et Cantates pour voix seule

 

Concerto Soave : Maria Cristina Kiehr (soprano), Christina Pluhar (harpe triple, théorbe, chitarrone), Sylvie Moquet (violoncelle, viole de gambe), Matthias Spaeter (archiluth), Jean-Marc Aymes (orgue, clavecin et direction)

L’Empreinte digitale, re-ed 1999

Extrait : Audite Me

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Que l’auditeur curieux ne se laisse pas rebuter par le titre racoleur du disque, et le calambour douteux de l’article. En effet, Nous tenons là un véritable chef d’œuvre…  Ma route croisa celle de ce compositeur inconnu, au langage parfois teinté des audaces monteverdiennes, dans le récital des Lamenti Barocchi vol. 1 de Sergio Vartolo (Naxos). Une poignante cantate sur un rythme de Passacaille retint mon attention de par l’intensité lancinante de son désespoir, la maîtrise des chromatismes, la sensibilité de la mélodie. Cette cantate « Usurpato tiranno »  se retrouve dans cet enregistrement, aux côtés de nombreuses autres pièces, souvent fondées sur des basses obstinées, et qui dénotent le même talent. Ainsi, la deuxième partie du « Audite me » est conçu comme un madrigal, sur la même basse (très à la mode à l’époque) que le « Zeffiro Torna » du 4ème Livre de Monteverdi (1632). Le timbre pur de Maria Cristina Kiehr, impeccable dans les sons tenus, angélique dans les aigus, rend plus que justice à ces partitions, rehaussant les passages dramatiques par des retards et de légères inflexions, soucieuse de laisser la poésie des airs se dérouler sans inutiles vantardises, affrontant humblement les diminutions et autres mélismes. Son interprétation poétique et d’une extrême sensibilité, alliant une technique irréprochable à une sorte de douloureuse vulnérabilité remporte l’adhésion dès les premières minutes. Le continuo se fait moelleux tapis de plumes, caressant la soprano avec la discrète admiration du soupirant.

Le seul reproche qu’on pourra faire s’adresse à l’éditeur qui a supprimé les notes de programme et le livret des pièces chantées dans sa réédition, au profit d’un inutile catalogue.

Viet-Linh Nguyen

Technique : Enregistrement chaleureux et bien équilibré en dépit de contours parfois imprécis

Étiquettes : , , , , Dernière modification: 25 novembre 2020
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