Rédigé par 22 h 48 min CDs & DVDs, Critiques

Le Crépuscule des Dieux

Oh là là ! A la première écoute, on se demande si c’est bien Monica Huggett qui joue : elle que l’on a connu si légère avec Ton Koopman, radieuse avec Manfredo Kraemer… La violoniste traverserait-elle une crise de déprime ?

Jean-Sébastien BACH (1685-1750)

Sonates et Partitas pour violon seul, BWV 101 à BWV 106

 

Monica Huggett (violon Antonius & Hieronimus Amati, 1618) 

Virgin Veritas, enr. 1995-1996

Extrait : Menuet I de la Partita n°3

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Oh là là ! A la première écoute, on se demande si c’est bien Monica Huggett qui joue : elle que l’on a connu si légère avec Ton Koopman, radieuse avec Manfredo Kraemer… La violoniste traverserait-elle une crise de déprime ? Armée d’un magnifique Amati à la sonorité charnue mais caverneuse et grinçante, Monica Huggett aborde les Sonates et Partitas à la manière des Sonates du Rosaire de Biber. Refusant toute mélodie facile, y compris dans les pièces dansantes, elle écrase les doubles cordes, bouleverse les tempi, laisse traîner les mesures avant de repartir sans crier gare. Sous son archet ravageur, les Sonates et Partitas ne sont plus que douleur et dévastation. La mélodie est parfois tellement brisée que l’on a peine à reconnaître ces œuvres si connues. Mais la magie opère, car il y a une grandeur tragique inégalable qui se distille au fil des morceaux et l’émotion est au rendez-vous. Pour une version plus équilibrée, on préfèrera Lucy van Dael (Naxos) même si beaucoup ne jurent que par l’antique Heifetz (1952).

Anne-Lise Delaporte

Technique : prise de son très naturelle, épousant les contours, et très fidèle aux timbres.

Étiquettes : , , , , , Dernière modification: 23 novembre 2020
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