Georg Philipp TELEMANN (1681-1767)
« Essercizii Musici » Trios, Solos et Fantaisies
[TG name = « Liste des morceaux »]
Trio en la Majeur pour flûte à bec, clavecin obligé et basse continue
Concerto à trois en fa Majeur pour flûte à bec, cor et basse continue
Fantaisie en la Majeur pour flûte de voix seule
Trio en fa Majeur pour flûte à bec, viole de gambe et basse continue
Sonate en trio en la mineur pour flûte à bec, violon et basse continue
Sonate en trio en si bémol Majeur pour flûte à bec, clavecin obligé et basse continue
Sonate en do Majeur pour flûte à bec et basse continue
Fantaisie en fa Majeur pour flûte à bec seule
Sonate en la mineur pour flûte à bec, hautbois et basse continue
[/TG]
Le Concert Français : Alfredo Bernardini, hautbois – François Fernandez, violon – Jérôme Hantaï, viole de gambe – Claude Maury, cor – Rainer Zipperling, violoncelle – Elisabeth Joyé et Pierre Hantaï, clavecins – Vincent Charbonnier, contrebasse
70’04, Astrée Auvidis, enr. 1995
[clear]Un rayon de soleil traverse l’azur du petit matin et réchauffe le cœur d’une douce caresse… Dès le premier mouvement (largo) du Trio en la Majeur, Sébastien Marq expose son jeu doux et velouté, léger et transcendant. Et l’on s’émerveille, béat, devant la beauté du son, la justesse des sentiments, et ce toucher si délicat qui vous berce et vous emmène dans un jardin d’Eden. Le voyage s’achève sur quatre mêmes notes, plus suaves et doucereuses que les précédentes.
Mais l’oiseau reprend son vol et devient soudain espiègle. Dans le second mouvement, le musicien se fie des difficultés et s’élance dans de folles acrobaties. Le calme revient au troisième mouvement, largo lui aussi, et c’est un nouvel ensoleillement. Le clavecin délicat se fait le parfait échos de la flûte tandis que la viole apporte quelques accents bucoliques.
La flûte de voix (en ré) donne à la première fantaisie de Telemann une coloration toute particulière ; le flûtiste parvient à singulariser chacune des trois voix qui composent la toccata et fugue du premier mouvement (vivace), prenant appuis sur de puissantes basses, gonflant chaque note d’un souffle rond et puissant. Et ce sans jamais alourdir le phrasé. Cette fantaisie en la majeur s’achève sur un simple passepied, légèrement balancé.
Toute de contrastes, la fantaisie en fa majeur (5e du livre) fait alterner de furieux arpèges où s’entremêlent deux voix avec un tendre dolce qui s’épanouit peu à peu en sarabande. Là encore, Sébastien Marq permet à chaque note de s’ouvrir et s’épanouir telle une fleur. Le second mouvement (allegro) nous rappelle sans tarder que les 12 fantaisies furent considérées, dès le XVIIIe comme des œuvres particulièrement difficiles à exécuter. Trois voix se confrontent à nouveaux, ricochant les unes sur les autres. Enfin ce morceau s’achève sur une paisible sicilienne qui nous fait oublier les tourments passés.
Le trio en la mineur pour hautbois et flûte à bec présente deux instruments, tantôt complices, tantôt rivaux. Leurs voix se mêlent aux premier (Largo) et troisième mouvements (cantabile grazioso). Le dernier (allegro), au contraire, met en parfaite opposition les deux protagonistes ; le premier tente de hausser la voix, tentative que le second accueille d’une cascade de rire sournois. Faute de pouvoir se mettre d’accord, ils se volent mutuellement dans les plumes.
Tous ces exercices sont l’occasion pour Sébastien Marq, tout autant flûtiste que conteur, de sculpter chaque mesure avec naturel et simplicité, conférant mille couleurs à son instrument, tantôt champêtre pour se mieux mêler au son du cor dans le concerto avec le même instrument, tantôt impétueux et virtuose. Sous ses doigts, la flûte vit, respire, soupire… Si comme Marq l’affirme « Le but du compositeur est atteint si le plaisir de l’auditeur égale celui de l’interprète », alors l’on peut dire ici que Telemann a atteint son objectif.
Isaue d’Audeville
Technique : très bonne prise de son, suffisamment proche pour que le timbre de chaque instrument ressorte clairement tout en se mêlant parfaitement à l’ensemble. Belle spatialisation.