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6 janvier 2014

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Chronique Festival

 

Bach, Sonates pour viole de gambe et clavecin,

Bruno Procopio & Emmanuelle Guigues

 

Pergolèse, Cantate da camera, RosaSolis, Magali Léger

 

 

Château de Bourdeilles vu du donjon médiéval © Muse Baroque, 2010

 

Dimanche 29 août 2010

Johann Friedrich RUHE

Sonate n°11 en ré mineur pour viole de gambe

 

Jean-Sébastien BACH

Sonates pour clavecin et viole de gambe

Toccata en sol mineur BWV 914

 

Emmanuelle Guigues (viole de gambe)

Bruno Procopio (clavecin)

29 août 2010, cour du Château de Bourdeilles

Bruno Procopio (de dos) et Emmanuelle Guigues dans la cour du Château de Bourdeilles

© Muse Baroque, 2010

 

 

On serpente ça et là, en admirant les paysages de verdure et de rochers à l'approche du village. Quelques jolies maisons, délicieusement rétro, un ou deux tableau noir qui fleurent bon le menu du jour, quelques véhicules paresseusement garés. Une manœuvre hardie, quelques pas vers un rempart peu redoutable, et nous voici devant la superbe façade du château, imposant et inattendu. Bruno Procopio passe en coup de vent, souriant, et n'ayant pas encore revêtu son costume, l'air encore empli de soleil pousse le mélomane à profiter de la terrasse et de la promenade qui longe le fleuve. David Theodoridès surgit avec sa malicieuse vivacité coutumière, tandis qu'un immense brancard s'apprête à remporter son patient clavecinistique sitôt le concert fini...

Un archet en colimaçon

C'est dans l'admirable écrin du Château de Bourdeilles - où un Palais Renaissance fait face à une tour maîtresse médiévale de 35 mètres en un saisissant raccourci de la lutte des Anciens contre les Modernes - que nous nous retrouvons pour un concert dédié aux sonates pour violes de gambe et clavecin de Bach. Caché dans l'embrasure d'une meurtrière aux coussièges accueillants, on ne rentrera pas dans le débat musicologique de leur datation, d'aucuns les attribuent au séjour heureux à Cothen - où le Prince lui-même était un gambiste et dont le Collegium Musicum comprenait l'exceptionnel musicien Christian Ferdinand Abel - d'autres y voient la plume de Leipzig. Quoiqu'écrites pour clavecin obligé, Bach confie ici à cet instrument non seulement la basse continue mais aussi le déchant, dialoguant avec la ligne mélodique de la viole.

Le concert fut celui de luttes périlleuses et mouvementées, puisque les artistes ont encouru la colère éolienne, les éléments s'acharnant à abattre les partitions des pupitres, ce qui explique la relative retenue d'Emmanuelle Guigues en début de représentation. Le programme s'ouvre d'ailleurs non directement sur Bach mais par une très charmante sonate de Johann Friedrich Ruhe. L'archet vif d'Emmanuelle Guigue met l'accent sur l'attrait mélodique des mouvements en une lecture équilibrée et légère. On note un alla Siciliana poétique, un Un poco vivace virtuose "sans avoir mine d'y toucher", même si, dans l'ensemble, des attaques plus carrées et un peu plus de respirations dans les phrasés auraient été appréciables.

Les trois sonates de Bach furent autrement plus inspirées et profondes, Bruno Procopio et sa complice en livrant une vision naturelle et éloquente. On notera ainsi le bel Andante sinueux de la première sonate et le travail sur les textures et les couleurs mené par Bruno Procopio, cette manière de créer de la tension en jouant sur les chromatismes. De même, l'Adagio rêveur de la Sonate n°3 permet à E. Guigues de laisser planer un son plein, charnu, riche en harmoniques, avec des ornements bien sentis. Enfin, la seconde Sonate - qui conclut le concert - dévoile un Allegro joyeux et sautillant, d'une confondante aisance et aux superbes articulations. Un mot enfin (avant de gravir l'étroit escalier en colimaçon afin d'accéder à la plate-forme du donjon et de vous offrit la saisissante vue sur le palais et les méandres de la rivière de la photo cf. supra) pour remarquer une étrange coïncidence : celle qui a pour nom la Toccata BWV 914 qui nous hante d'un jour à l'autre, tant une Toccata peut en cacher une autre. Sur le même instrument de Laurent Soumagnac, celui-là même que Céline Frisch a effleuré la veille sur ces mêmes pages, Bruno Procopio a livré une lecture radicalement différente, plus legato, inventive et "moderne", quoique moins contrastée et moins insistante sur la complexité du contrepoint. Il en ressort une partition plus mélodique, d'une virtuosité fière et assurée.

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L'abbaye de Brantôme (à dextre), le pont coudé, la pavillon et la tour ronde (à senestre)

© Muse Baroque, 2010

 

Giovanni Battista PERGOLESI

 

Cantate da camera

 

Magali Léger, soprano

Ensemble RosaSolis : Guillaume Humbrecht, Marieke Bouche (violons), Géraldine Roux (alto), Nicolas Crnanjski (violoncelle), Julie Blais (clavecin)

29 août 2010, Abbaye de Brantôme, Brantôme - concert de clôture du Festival Sinfonia

"Il est temps que je m'arreste dans ce discours de cocuage" (Pierre de Bourdeille, seigneur et abbé commendataire et seigneur de Brantôme, Les Dames Galantes)

Les meilleurs festivals ayant une fin, et la patience de nos aimables et endurants lecteur également, nous voici contraint d'aborder le concert de clôture de notre périple périgourdin. C'est à Brantôme, la "Venise verte du Périgord" au palais abbatial lové près de la rivière avec son pont coudé, patrie de l'essayiste coquin des Dames Galantes, c'est à Brantôme que s'achève Sinfonia avec les pyrotechnies pré-classicisantes de cantates de Pergolèse (dont on fête les 300 ans cette année). En dépit de l'acoustique de l'église abbatiale qui choie les cordes et brouille les contours de la voix, la ravissante Magali Léger s'est jetée avec fougue dans les spectaculaires acrobaties d'airs tels le "Chi non vede" de la cantate n°3 opus IV ou le "cadrô contento" tout aussi enivrant. On goûte cette énergie communicative, cette spontanéité lumineuse qui émane de la soprano, ses aigus risqués parfois sur le fil du rasoir, le tout accompagné des cordes chatoyantes de RosaSolis. Les sinfonies de chambre de Porpora, intercalées entre les cantates permirent aux musiciens de faire montre d'une belle cohésion et d'un abandon velouté, d'une clarté des lignes post-corélienne et d'allegros jouissifs.

Et c'est sur les bords de la Dronne, au pied du "Jardin des Moines", créé au XVI ème siècle par l'Abbé commendataire Pierre de Mareuil, qu'il nous reste à prendre congé de Sinfonia en insistant sur la très haute qualité musicale de cette édition anniversaire, et sur l'ambiance chaleureuse et familiale d'un Festival de passionnés. Espérons que le cru de 2011 renouvèlera les plaisirs de cet été finissant, et que le succès continu que l'on souhaite à ce rendez-vous ne dénaturera pas l'amicale complicité des mélomanes qui s'y retrouvent et de l'équipe qui le fait vivre.

Viet-Linh Nguyen

 

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Vers les autres chroniques de concerts

 

 

 

 

 

Festival Sinfonia en Périgord (24 - 29 août 2010, Périgueux et les alentours)

27 août : Jean-Sébastien Bach, Messe en Si mineur, Collegium Vocale 1704, dir. Václav Luks

28 août : Jean-Philippe Rameau, Suites de clavecin, Céline Frisch

28 août : Claudio Monteverdi, L’ Incoronazione Di Poppea, La Venexiana, direction Claudio Cavina

29 août : Giovani Battista Pergolesi, Cantate da camera, Ensemble Rosasolis, Magali Léger

"Si être signifie quelque chose, ce pourrait être chercher" : Entretien avec David Theodoridès, directeur du Festival Sinfonia en Périgord

 

Le site officiel du Festival : www.sinfonia-en-perigord.com (programme, réservations...)

 

 

 

 

 

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