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6 janvier 2014

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Chronique Festival

 

Rameau - Bach, Pièces pour clavecin

Céline Frisch

 

 

Céline Frisch - D.R.

 

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28 août 2010

L’ambiance d’un festival est chose difficile à capter et à transcrire. Etoile frétillante et insaisissable, elle se forme au contact des mélomanes éparpillés dans les ruelles, dans les troquets, patientant devant les lieux, échangeant aux entractes… Et pourtant cette atmosphère participe grandement de l’attrait de l’évènement, du charme d’une semaine de caractère, - oserons nous l’écrire, d’une aventure humaine avant d’être musicale. Démontrons-le par l’absurde : Sablé n’est pas La Chabotterie, La Chaise-Dieu n’est pas Ambronay. Cette évidence confinant à la tautologie n’est pas inutile pour faire pencher la décision du vacancier soumis à des choix cornéliens. Aussi souhaitons-nous partager avec nos lecteurs cette journée – ensoleillée- qui débuta par la découverte de l’autre cité aux 7 collines, issue de la réconciliation par Saint Louis en 1240 de la Cité, descendante de la Vesunna gallo-romaine – et de sa voisine du Puy Saint Front.

Vénus ornant l'escalier à la française de l'Hôtel de Lestrade dit aussi Hôtel de la Joubertie, Périgueux © Muse Baroque, 2010

On goûte l’effervescente nonchalante d’un jour de marché, les senteurs de la truffe blanche auxquelles il faut adjoindre le plaisir des yeux avec la visite du secteur sauvegardé et ses nombreuses bâtisses Renaissance, de l’escalier suspendu en pierre de l’Hôtel de Lestrade avec son intrigante Vénus à la rare porte d’angle datée de 1518 de la Maison dite du Pâtissier. Entre deux pâtés périgourdins et foies gras cuits au sel, on n’oubliera également pas l’Hôtel Fayard et son remarquable escalier à vis. Enfin, on déplorera l’intervention dénaturante de Paul Abadie qui restaura extensivement la Cathédrale Saint-Front en en conservant heureusement le plan de croix grecque avec cinq coupoles sur pendentifs. L’architecte poursuivra ses ravages à Paris avec le mamelon expiatoire du Sacré Cœur.

Hôtel Fayard, Périgueux © Muse Baroque, 2010

Et avant de rejoindre les salons néo-Louis XVI de la Préfecture d’une ostentation républicaine méringuée, on s’attardera sur le musée gallo-romain de Vesunna où Jean Nouvel a respecté les vestiges d’une grande villa en l’enchâssant dans un édifice de verre d’une discrète transparence. Les amoureux de l’Antiquité que nous sommes – à défaut de pouvoir meubler nos locaux de bustes d’empereurs romains en porphyre – trouveront leur bonheur en la présence de pièces uniques : une pompe à eau, un morceau de fût de colonne funéraire entièrement décoré de motifs floraux et d’animaux ; un autre à cannelures partiellement orné dans son tiers inférieur de trophées d’armes dont on n’aurait pu croire qu’ils sortaient de l’imagination féconde des architectes du XVIème siècle tant ils s’éloignent des ordres vitruviens. Mais il est temps de revenir à la musique, avant toute chose.

Musée gallo-romain de Vesunna © Muse Baroque, 2010

"Deux géants"

 

Jean-Philippe Rameau

Suite en la du Premier Livre (1706)

Suite en mi des Pièces de Clavecin (1724/1731)

 

Jean-Sébastien Bach

Suite française BWV 816

Toccata en mi mineur BWV 914

 

Céline Frisch, clavecin Laurent Soumagnac

 

28 août 2010, Grands Salons de la Préfecture de Périgueux

Vive la République, vive la clavecin !

"Deux géants" indique le livret lorsque le marketing rejoint la mythologie. Sur un vibrant instrument écarlate de Laurent Soumagnac, Céline Frisch s’empare avec un plaisir non dissimulé des suites ramistes dévalant le clavier sans partition aucune. L’interprétation, personnelle et inspirée, frappe d’emblée par le paradoxe d’une extrême clarté des lignes qui se conjugue avec une profondeur naturelle, sans "intellectualisation" excessive du contrepoint pourtant bien présent dans sa complexité.

Après un Prélude dont on admire le legato apaisé de la section initiale, l’Allemande, tendre et racée, rappelle par ses douloureux échos la Convalescente de Couperin, tout comme les Sarabandes lancinantes. Cette gravité souriante, un brin nostalgique se retrouve dans l’Allemande de la Suite en mi, même les Gigues en rondeau demeurent rondes et discrètes, ce qui contraste d’autant plus avec le fracas du Rappel des Oiseaux, d’une raide fierté où les accords de main gauche sont assénés avec fermeté. La Suite se conclut en bouillonnement avec notamment une Musette en rondeau large et assurée, à la pulsation cyclopéenne où l’artiste se joue des ruptures de timbre entre graves et aigus.

Après ces moments superlatifs, on avouera que la Suite française de Bach proposée en regard n’a pas renoué avec l’inspiration fluide chez Rameau, sauf dans la sensualité nacrée de la Sarabande. En revanche, la Toccata en mi mineur, qui dénote une grande liberté formelle, a été l’occasion pour Céline Frisch de sculpter les entrées fuguées avec une lumineuse vivacité tout en modelant la ligne avec nuances et sensibilité.

Viet-Linh Nguyen

 

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Vers les autres chroniques de concerts

 

 

 

 

 

Festival Sinfonia en Périgord (24 - 29 août 2010, Périgueux et les alentours)

27 août : Jean-Sébastien Bach, Messe en Si mineur, Collegium Vocale 1704, dir. Václav Luks

28 août : Claudio Monteverdi, L’ Incoronazione Di Poppea, La Venexiana, direction Claudio Cavina

29 août : Jean Sébastien Bach, Sonates pour Viole de Gambe et Clavecin obligé, Emmanuelle Guigues, Bruno Procopio

29 août : Giovani Battista Pergolesi, Cantate da camera, Ensemble Rosasolis, Magali Léger

"Si être signifie quelque chose, ce pourrait être chercher" : Entretien avec David Theodoridès, directeur du Festival Sinfonia en Périgord

 

Le site officiel du Festival : www.sinfonia-en-perigord.com (programme, réservations...)

 

 

 

 

 

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