La joie même
Amandine Beyer nous l’avait promis, ces concerti sont la joie même. La merveilleuse violoniste qui dans l’ascèse la plus haute sait dialoguer avec les âmes à travers celle de son violon (sonates et partitas de Bach pour l’éternité), celle qui a réunit des musiciens de la même sensibilité musicale (Gli Incogniti) et a su recréer avec eux les Quatre saisons de Vivaldi (ZZT) que tant nous avaient gâchées, ne pouvait pas nous mentir.
“Je cherche l’or du temps” (André Breton)
Nous avions passé sous silence le premier volume de ce diptyque, paru en 2010. Cette discrétion coupable est désormais réparée avec les louanges relatives à ce second volet, d’autant plus que les concertos baroques pour basson ne sont guère légion si l’on exclut Boismortier.
Une politique d’Ouverture
Avant-dernier voyage de ce périple entrepris dès 2001 par Café Zimmermann sur le chemin des œuvres pour orchestre de Bach – soigneusement démantelées afin de ne point avoir les Brandebourgeois ou les concertos pour clavecin regroupés en un seul volume – ce cinquième opus laisse entrevoir peu de surprises par rapport à l’excellence de ses prédécesseurs, et c’est tant mieux !
L’or du temps (Vivaldi, Concertos pour basson, Azzolini – Naïve)
Si cet enregistrement se démarque nettement d’une grande partie de la production vivaldienne, ce n’est guère par son écriture, poétique, énergique, d’un optimisme virtuose et d’une rêverie élégiaque, éclairs de doubles croches, arpèges, cantilène lyrique… le cru vivaldien des années 1720-30 possède ses fondamentaux. Mais le basson de Sergio Azzolini est là, transcendant le matériau, orchestre à lui seul, incroyable conteur.
Vertiges du sublime
Voici un enregistrement qui fleure bon son Empfindsamkeit avec son lyrisme exacerbé, ses sentiments intenses, sa mélodie naturelle et humaine, et l’on se laisse prendre aisément à la joliesse nacrée de l’Allegro du concerto Wq 172 d’autant plus que Truls Mørk sait à merveille faire chanter son violoncelle avec chaleur et conviction aux côtés des Violons du Roy
Galimatias en rondeau
La Holland Baroque Society a choisi de bâtir chacun de ses projets artistiques en compagnie d’un directeur musical chaque fois différent. C’est au tour d’Alexis Kossenko, flûtiste et musicologue dont le répertoire s’étend de la Renaissance au XXéme siècle, de diriger la phalange hollandaise autour de ce programme dédié à l’un des caméléons de la musique baroque : Georg Philipp Telemann.
Desmazures digne d’un palais
Voici un enregistrement qui remplira d’aise les amateurs de musique du Grand Siècle. Comme l’explique avec une érudition fluide Josep Dolcet dans les notes accompagnatrices, la présence de Philippe V sur le trône de Madrid n’entraîna pas l’importation et la vogue du style français dans la Péninsule, du fait notamment des goûts personnels du monarque.
Et flûte ! (CPE Bach, Concerti – Kossenko, Arte dei Suonatori – Alpha)
Ce deuxième et dernier volume des concertos pour flûte de C. P. E. Bach, attendu après un brillant premier, ne déçoit pas. Dès les premières mesures, le caractère enflammé, Strum und Drang, transparaît ; mais dès l’entrée du soliste on entend que le disque ne sera pas non plus uniforme.
"Mortels dieux, révérez la divine harmonie"
Il a déjà été prouvé plusieurs fois que Bach ne pouvait assurément pas être humain, mais en réalité une incarnation de la musique ; nous ne nous attarderons donc pas à démontrer ce dernier point, pour davantage nous concentrer sur le quatrième tome des Concerts avec plusieurs instruments qu’Alpha et le Café Zimmermann consacrent au divin Cantor…
Un genre musical propre à l’éducation esthétique des dames…
… Voici le jugement, légèrement condescendant, que posait sur les œuvres de Tomaso Albinoni la plupart de ses contemporains. Il est vrai que, n’ayant ni le talent, ni la flamboyance, ni peut-être le goût du faste, des honneurs et des mondanités que Vivaldi ou Geminiani, celui qui se décrivait lui-même comme un simple dilettante veneto de musico di violino poursuivit une carrière discrète…
De l’insoutenable légèreté de l’être
Sous l’égide de Bertrand Cuiller la musique s’apparente à une élégante conversation, un badinage mondain, plein de saillies spirituelles. Evitant les tempi trop lents, l’artiste offre une lecture jubilatoire et cursive des concertos pour clavecin de Bach, dont la texture est encore allégée par le recours à un soliste par parties.
Ma, dove sta la stravaganza ?
A la première écoute, deux réflexions viennent à l’esprit : Tiens, un Vivaldi où le soliste n’est pas le violon, mais en général la flûte à bec et C’est curieux, j’avais cru lire Stravaganza sur la pochette ; or, en fait d’extravagances, le rendu semble plutôt timide et adouci.
Mendelssohn serait content
Le livret évoquait l’intime dialogue musical entre soliste et ensemble dans ces concertos pour clavecin que l’Accademia Bizantina a gravé chez Decca. L’ensemble, qui se produisait il y a quelques jours en concert s’était avéré peu convaincant chez Bach et excellent chez Vivaldi.
Des concerti dégrossis
Nous voilà gâtés. Pratiquement au même moment, l’Opus 6 de Haendel fait l’objet de deux enregistrements on ne peut plus différents, et de très haut niveau. Disons-le tout net, si la prestation survitaminée d’Il Giardino Armonico (Decca) ne nous avait à ce point enthousiasmé, Martin Gester aurait obtenu une Muse d’Or…
L’avarice fait de bien beaux tableaux
Il avait deux passions dominantes, l’avarice et les tableaux, mais seulement ceux qu’il pouvait obtenir sans payer. Sa garde robe était défraîchie, il allait toujours à pied, et donnait les prétextes les plus étranges pour expliquer à ses amis pourquoi il n’avait pas ce jour-là pris de voiture. Tel est le portrait peu laudatif que dresse Haendel de Corelli.
Rameau : le peintre, le poète
Dans toute l’œuvre de Rameau, les Pièces de clavecin en concerts appartiennent à la caste des privilégiés. Enregistrées à de nombreuses reprises, elles ont fait objet d’un arrangement apocryphe en sextuor dès la fin du XVIIIe siècle, et semblent attirer toujours l’attention des mélomanes comme des musiciens.
Toucher la corde sensible
Que dire de ces concertos pour violoncelle de Vivaldi, sinon qu’ils méritent amplement leur renommée ? Car voici le Prêtre Roux au sommet de son humanité et de son art, élégiaque et lyrique comme jamais dans ses Largo, fougueux dans ses Allegro, toujours à l’affut d’une mélodie aux contours amples et naturels.