Tomaso ALBINONI (1671-1751)
Concerti con Oboe
Concerto op. 7/3
Concerto op. 7/6
Concerto op. 7/9
Concerto op. 7/12
Concerto a cinque op. 9/2
Concerto a cinque op. 9/5
Concerto a cinque op. 9/8
Concerto a cinque op. 9/11
Ensemble Il Fondamento
Dir. : Paul Dombrecht
66’10, Il Fondamento, 2009.
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… Voici le jugement, légèrement condescendant, que posait sur les œuvres de Tomaso Albinoni la plupart de ses contemporains. Il est vrai que, n’ayant ni le talent, ni la flamboyance, ni peut-être le goût du faste, des honneurs et des mondanités que Vivaldi ou Geminiani, celui qui se décrivait lui-même comme un simple dilettante veneto de musico di violino poursuivit une carrière discrète, libre de toute attache à une chapelle ou à une église quelconque, mais cependant longue de près de cinquante ans et émaillée de commandes prestigieuses.
Un compositeur amateur ? Peut-être, mais un dilettante doué d’un réel talent et d’un profond sens de l’harmonie, excellent chanteur et violoniste habile. Sa renommée fut grande dans les salons bourgeois et aristocrates transalpins, où circulaient bon nombre de ses œuvres, imprimées ou sous forme de copies manuscrites. Sa musique était particulièrement goûtée pour ses vertus pédagogiques, et Johann Sebastian Bach lui-même n’hésitait pas à puiser dans les compositions d’Albinoni force sujets de fugue.
C’est tout à l’honneur de Paul Dombrecht, hautboïste et fondateur de l’ensemble Il Fondamento, d’avoir choisi d’exhumer cette série de concerti, dont les quatre concerti a cinque, œuvres peu connues – ou disons, un peu oubliées des grands ensembles baroques, si l’on excepte le Concerto a cinque op.9/2 ratiboisé par Claudio Scimone (Erato) ou d’autres mignardises de Chamber Orchestra of Europe (Naxos). Maîtrisant à la perfection toutes les techniques d’écriture musicales propres au concerto, Albinoni parcours avec une aisance toute naturelle la gamme des genres les plus variés, passant avec souplesse et habileté d’une locution enjouée et juvénile à un chant plus rêveur, plus contemplatif. Ainsi, ce Concerto a cinque 9/12, où l’alacrité du premier allegro fait place à un exquis adagio de caractère tout à fait sélénite.
Le style prévalant de cet enregistrement, raffiné et gracieux mais un peu formel et mesuré, est celui qui devait convenir parfaitement à l’éducation musicale des jeunes filles de bonne famille et auquel Il Fondamento prête ses cordes soyeuses et précises. La voix claire et posée du hautbois de Dombrecht parcourt chaque morceau, gaie mais sans afféterie, chaleureuse mais sans sensualité débridée, parfois langoureuse mais sans trémolos et sans pathos exacerbé, tantôt virevoltante, tantôt retenue, jamais fantasque, toujours élégante. SOus ses doigts ductiles, la sonorité soutenue et insinuante du hautbois, pourrait, par moments, nous faire croire que les parties sont composées pour un soliste, soprano ou castrat…
Au début du XIX° siècle, le comte Grigori Vladimirovitch Orlov, dans son Essai sur l’histoire de la musique en Italie, estimait la manière d’Albinoni marquée par « la science et la netteté », opinion que l’on ne peut que partager dès l’écoute du Concerto 7/3 qui ouvre cet enregistrement. L’orchestre a fait sien ce style en effet propre et limpide, étalant les parties à la manière d’un sfumato léonardien, irradiant de simplicité mesurée une écriture apparemment simple. Certes, on reprochera à Il Fondamento un jeu quelque peu monolithique par moments, manquant de contrastes et d’excitation mais cependant non dénué, pour autant, d’inventions harmoniques et rythmiques (tel le Concerto 7/9 enchaînant un allegro initial très vivaldien, un adagio langoureux, et enfin un allegro final très dansant). Mais il n’est pas si courant de se trouver face à un Albinoni harmonieux et si finement interprété.
Hélène Toulhoat
Technique : prise de son limpide et égale.
Étiquettes : Hélène Toulhoat, Muse : argent, musique pour orchestre, Tomaso Albinoni Dernière modification: 25 novembre 2020
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