Imprononçable !
Saluons d’abord l’audace du label Etcetera, relativement peu connu en France, et qui a osé l’improbable parution d’un double CD avec fourreau, à la facture soignée et sobre, qu’orne le nom totalement imprononçable d’ Hieronymus Lauweryn van Watervliet (ca. 1505) (sic).
Mozart brisé, Mozart martyrisé mais Mozart libéré !
Les concertos pour violon de Mozart… Cinq œuvres célébrées jusqu’à la trame, jouées, rejouées, rebattues jusqu’à la banalité et à l’indifférence. Et, en dépit de la jaquette du disque qui prétend que cette nouvelle interprétation sur instruments d’époque apporterait une nouvelle énergie et vitalité aux concertos…
La luxuriance du chœur
Grand oublié de l’histoire, Pierre Robert fut pourtant avec Henry du Mont celui qui porta durant la période la plus prospère du Règne de Louis XIV, le genre du grand motet à son accomplissement. Tout deux devinrent par semestre Sous-maîtres de la Chapelle Royale en 1663 et quittèrent leurs fonctions en raison de leurs réticences aux demandes d’évolution du Roi, en 1682 lors de l’installation officielle de la cour à Versailles.
La folle journée avant Figaro
Alors que la canicule laissait planer ses ailes dorées sur le désert discographique de la saison des plages, le chroniqueur assoiffé descendit dans les souterrains frais des disquaires. Passée presque sous silence, la dernière production de l’estivale Cappella de’Turchini continue de nous étonner par la surprise de la résurrection des maîtres napolitains…
Miam, on en reprendrait bien un cornet
Bon, les notes de programme sont peu flatteuses pour Monteverdi : Avec de tels musiciens Marini et Castello, Monteverdi pouvait être assuré d’avoir à sa disposition les meilleurs spécialistes du genre, ce qui explique peut-être pourquoi il a si peu composé pour les instruments.
L'un des rares disques consacrés au clavicorde
Sous ce titre emprunté partie à Jean-Jacques Rousseau (Rêveries du promeneur solitaire), partie à Carl Philipp Emanuel Bach (Sonates pour connaisseurs et amateurs) se dissimule l’un des rares disques consacrés au clavicorde qui existent – et sans doute l’un des plus passionnés.
Fuguons
Les lecteurs savent notre attachement aux œuvres intellectuelles de Bach, notamment le Clavier bien Tempéré, l’Offrande Musicale et l’Art de la Fugue. Ils savent notre maniaque attention dans la réalisation du contrepoint, la variété des affects, la richesse des timbres, points trop souvent délaissés au profit d’approches soit d’une pédanterie austère, soit d’une galante virtuosité.
Nasillard, sensuel ou mystérieux
De la famille des violes, celle dite « d’amour » est sans doute la moins connue. Créé vers la moitié du XVIIe siècle, cet instrument possède une sonorité bien particulière résultant du fait qu’il est accordé en accord parfait. A la fin du Seicento, six cordes métalliques passant sous la touche lui furent ajouté, réverbérant en quelque sorte les vibrations des cordes jouées, d’où leur nom de cordes sympathiques …
Stupeur et tremblements
Depuis sa résurrection à Beaune en 2006, à Montpellier, puis au TCE en version de concert, Hervé Niquet a eu le temps d’affiner sa lecture de la dernière tragédie lyrique de Marin Marais. Trois ans après le succès d’Alcyone et de sa mémorable Tempeste, le compositeur récidive avec une Sémélé tout aussi audacieuse…
Philiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiipe !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
D’abord, protestons contre le marketing conquérant de Virgin qui n’hésite pas à affubler le chanteur des tenues les plus exotiques pour attirer le client. Après la collection d’été débraillée du récital vivaldien, voici le contre-ténor arborant un masque vénitien en forme de papillon…
Noir, c’est noir
A l’écoute de cet Amadigi d’une indicible noirceur, on songe à Brian de Palma ou à La Reine Margot de Patrice Chéreau. Dès l’ouverture les cordes sont puissantes, écrasantes, d’une lourdeur claustrophobique. L’on sent que la main du destin n’est pas gantée de velours, et que les protagonistes vont vivre un destin tragique duquel il ne pourront s’affranchir.
Le second visage de Domenico Scarlatti
Qui l’eut cru ? L’on connaissait Domenico Scarlatti, le virtuose du clavier, célèbre pour son écriture audacieuse et novatrice, précurseur du style galant dans ses cantates. On le comparait souvent à son père Alessandro, grand maître de l’oratorio dans une querelle filiale des Anciens et des Modernes.
« Plus vous les tournez en boucle, mentalement ou en soufflant, plus vous avez le sentiment de vous perdre, de vous abîmer en elles, de n’être qu’un médium littéralement « enchanté » » – Pierre Hamon
Nous ne nous adonnerons pas ici à une description verbeuse, pas plus que nous n’essaierons d’analyser de manière rigoureuse les différents morceaux présents sur ce disque, tout cela serait futile. L’enregistrement que nous propose Pierre Hamon est de ceux qui s’écoutent seul dans une pièce silencieuse…
Le raffinement des mélodies selon Jean-Marie Leclair
A une époque où la musique vocale dominait, sous l’impulsion de cercles favorables à l’émancipation de la musique instrumentale qui entreprirent des concerts publics, et sous l’influence des genres italiens tels le concerto et la sonate, le violon – jusqu’alors instrument de baladin ! –, put convenir de façon nouvelle au goût français.
Le triomphe d’Alexandre
On pourrait presque dire qu’Alessandro Scarlatti est à la cantate ce que Graham Bell est au téléphone. Car c’est sous sa plume et très prolifique que se stabilise la forme de la celle-ci avec ses récitatifs et ses airs da capos étendus. Gérard Lesne et Il Seminario Musicale effleurent dans ce disque à peine 1/100ème de sa production : 6 cantates sur 600 donc – quoiqu’ Edwin Hanley en recense même 783 entre 1688 et 1725 -, principalement pour voix seule, avec un faible pour les tessitures de soprano et d’alto.
Tourbillon de notes et de sentiments
Combien de versions des Quatre Saisons existe-t-il au juste ? De Nigel Kennedy aux allures de rock-star à Herbert Von Karajan dont le jeu langoureux ressemble davantage à du Schubert qu’à du Vivaldi, presque tous les grands chefs s’y sont essayés et aucun n’a réussi à vraiment imposer sa version comme l’ultime interprétation de ces concertos de l’opus 8…
Mélancolie contre fraîcheur
Savall contre Goebel. Un choc frontal entre l’Espagne alanguie et la froidure germanique, sur fond de musique française. Mais français, le sont-ils vraiment ces 4 ordres composés de suites de danses, chacune précédée d’une sonate ?
Bowman à son sommet
Dès les années 1980, les critiques musicaux, espèce cruelle et cynique, ont gribouillé des piques acerbes sur le déclin de James Bowman. Pourtant, même déclinant, le légendaire contre-ténor continuait aisément à remonter les bretelles de beaucoup… Pourquoi donc cette méchanceté ? Tout simplement parce que James Bowman était encore plus merveilleux auparavant.
Poésie de la musique, musicalité du verbe
Cyrano de Bergerac, personnage mythique à cause d’un drame du XIXème siècle, auteur génial dont les textes sont aujourd’hui bien oubliés – qui connaît aujourd’hui sa comédie Le Pédant joué ? Tout au plus ces deux voyages imaginaires dans ce qu’on appellerait de nos jours l’espace sont-ils connus des universitaires et de quelques happy few.
Rendons à Cesare ce lui appartient
Ces Mélodies musicales pour voix et instruments datent des années 1621, et portent en elles tout le faste vénitien, bien qu’écrites pour la cour de Munich. Elles alternent des concerts spirituels de 1 à 5 voix avec des 14 pièces instrumentales d’une facture charmante. Le cornet s’y voit attribuer des parties extrêmement virtuoses que Jean-Pierre Canihac restitue avec aisance.