Une basse au royaume du baroque
Dans un univers vocal où les contre-ténors disputent la vedette aux sopranos à coup d’aigus flamboyants, quelle place reste-t-il pour les basses baroques ? L’enregistrement de Lorenzo Regazzo vient nous rappeler avec brio que les airs pour basse du répertoire haendélien, s’ils ne sont pas les plus connus, illustrent tout aussi bien l’art virtuose du Cher Saxon.
La flûte de Céladon
Après un premier volume consacré aux brunettes et contredanses du XVIIIe siècle (À l’ombre d’un ormeau, Alpha 115), Les Musiciens de Saint-Julien s’attaquent dans ce nouvel opus à la musique gravitant autour de l’univers pastorale : flûte et musette jouées par François Lazarevitch sont à l’honneur avec les grands noms du répertoire baroque instrumental français
Amour me paict d’une telle Ambroisie.
L’originalité, la fantasquerie et l’espièglerie de Roland de Lassus ne sont plus à démontrer — chaque nouvelle écoute du compositeur nous le prouve et révèle une fois de plus. Sa reconnaissance en son temps comme le plus que divin Orlande (dixit Monsieur de Ronsard in person), ainsi que son influence, sont également indéniables.
Bertali ? Vous voulez parler de Cecilia ?
Voici le genre d’excellent CD qui ne permettra jamais à Arcana de faire fortune, cas d’école de la mélomanie anti-marketing. Prenez un compositeur quasi inconnu, un titre de recueil impossible à retenir en dépit des moyens mnémotechniques les plus développés, un chef éminemment talentueux mais peu célébré de ce côté-ci des Alpes et de surcroît au nom difficilement prononçable.
Il n’en fait qu’au quintette
Europa Galante nous propose pour la troisième fois de goûter au lyrisme sensuel de Boccherini, compositeur virtuose et prolixe que l’on apprend peu à peu à découvrir et à apprécier. Au service de l’Infant d’Espagne Don Luis, frère cadet de Charles III, il composa plus de 170 œuvres, intégrant trios, quatuors et sextuors à cordes à une perpétuelle production de quintettes.
La richesse d'une serenata
Après la Didon et Enée du même tandem Hogwood / Mac Gregor (DVD Opus Arte), voici un autre opéré, haendélien cette fois-ci. Opéra, pastorale ou serenata ? Acis and Galatea dans sa version de 1718 (à ne pas confondre avec Aci, Galatea e Polifemo de 1708, chanté en italien, ni avec la reprise de 1732, mélange de la précédente avec la version de 1718, donc chantée en deux langues !) a tour à tour bénéficié des trois appellations.
« …Y los sueños, sueños son »
Enfermé dans sa tour, le prince Segismundo rêve-t-il qu’il vit ? La pièce de Don Pedro Calderón de la Barca, créée en 1635 constitue un monument de la littérature. Cela s’explique parce que Calderón semble poser la question existentielle absolue de son temps, que René Descartes développera dans ses Méditations Métaphysiques
La grâce de l’ineffable !
Alors que l’ère classique règne, annonciatrice de temps nouveau, et que la musique cherche de nouvelles formes, s’accompagnant d’instruments plus « modernes » tel le pianoforte, la fugue provenant de l’époque baroque tombée en désuétude connait un nouveau succès…
Gelobet sein
Pour les impatients qui ne pourront pas attendre la suite des gros coffrets d’ébène, Masaaki Suzuki poursuit avec constance et inspiration son intégrale des cantates de Bach. Cette nouvelle étape du périple bacchien est fidèle aux précédentes, nimbée d’une douceur tendre, d’une ferveur humble.
Maubeuge, terreau de musiciens
Durant la première moitié du XVIIIe siècle, cette ville de notre actuel Nord-Pas-de-Calais apparaissait comme un pôle majeur de l’enseignement musical du nord de la France. Le célèbre compositeur Joseph Gossec (1734-1829), codirecteur du fameux Concert Spirituel en 1773, s’y rendit en effet pour étudier le violon.
La Chanteuse de tous les siècles
Le temps est très souvent cruel et favorise l’amnésie, notamment en ce qui concerne l’art et tout particulièrement la musique. En effet cette dernière dépend de la fragilité ineffable d’une voix, d’une corde, d’un souffle, ses objets sont aussi mortels que les humains qui les jouent.
L’avarice fait de bien beaux tableaux
Il avait deux passions dominantes, l’avarice et les tableaux, mais seulement ceux qu’il pouvait obtenir sans payer. Sa garde robe était défraîchie, il allait toujours à pied, et donnait les prétextes les plus étranges pour expliquer à ses amis pourquoi il n’avait pas ce jour-là pris de voiture. Tel est le portrait peu laudatif que dresse Haendel de Corelli.
Rameau : le peintre, le poète
Dans toute l’œuvre de Rameau, les Pièces de clavecin en concerts appartiennent à la caste des privilégiés. Enregistrées à de nombreuses reprises, elles ont fait objet d’un arrangement apocryphe en sextuor dès la fin du XVIIIe siècle, et semblent attirer toujours l’attention des mélomanes comme des musiciens.
Douceur de vivre…
Entre Haendel et Mozart, le public de l’opéra avait oublié tout ce qui s’était composé. Nul ou presque ne se souvenait de Grétry ou du dernier fils de Bach si ce n’est pour le premier d’avoir été l’auteur de mignardises pour Marie – Antoinette et pour l’autre d’avoir été le fils préféré du maître absolu et d’avoir eu une réputation de séducteur.
Dis-moi, pourquoi…
Cet enregistrement exact contemporain de celui de Marc Minkowski (tous deux enregistrés en 1988) semble en être un frère (faux) jumeau. La même qualité d’équipe et une vraie complicité des artistes s’y retrouvent. Aucune faiblesse à noter, aucune réserve ne peut être faite, et seule des choix artistiques d’égales valeurs peuvent les départager.
Enchantement et plénitude nordiques (Buxtehude / Reincken, Sonates, La Rêveuse – Mirare)
Pour sa troisième parution discographique, l’ensemble La Rêveuse a choisi de s’orienter, après deux disques remarqués consacrés au XVIIe siècle anglais dont l’un consacré à des airs de Purcell (Mirare), vers leurs contemporains allemands. On y découvre en effet des sonates en quatuor de deux grands maîtres du Nord : Buxtehude de Lübeck et Reincken d’Hambourg.