Mater Dolorosa
Oeuvres de Pergolesi, Leo, Haendel, Ferrandini & Traetta
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Monica Piccinini – soprano
Maria Espada – soprano
Ann Hallenberg – alto
Milena Storti – alto
Emiliano Gonzalez Toro – tenor
Magnus Staveland – tenor
Frédéric Caton – bass
Jussi Lehtipuu – bass
Les Talens Lyriques
Dir. Christophe Rousset
28 mars 2013, Karol Szymanowski Philharmonic Hall, Cracovie.
Dans le cadre du festival Misteria Paschalia
Le concert du Jeudi Saint a eu lieu dans la salle de la Philharmonie Karol Szymanowski. Christophe Rousset, à la tête des Talens Lyriques, a donné un concert dédié à la Vierge Marie d’une grande intensité musicale. Autour du thème de la Mater Dolorosa, la Mère Douloureuse de Jésus, il a réuni dans un même programme plusieurs compositeurs italiens dont un Vénitien, Giovanni Battista Ferrandini et trois musiciens de l’école napolitaine, Leonardo Leo (1694-1744), Pergolèse (1710-1736) et Tommaso Traetta (1727-1779), tous connus dans le domaine de l’opéra mais également pour leurs œuvres sacrées.
En ouverture du concert, le Salve Regina que Pergolèse composa à la fin de la courte de vie. Alors que sa santé décline, le jeune Pergolèse se retire chez les Capucins de Puzzuoli, près de Naples et écrit pour les religieux le Salve Regina et son célèbre Stabat Mater. Il meurt peu de temps après en 1736, il a 26 ans. Porté par la soprano Maria Espada, ce Salut, comme un appel d’espérance adressé à la Mère de Miséricorde, est d’une bouleversante vérité sous la conduite sensible et précise de Christophe Rousset. La brève cantate Judica me Deus de Leo qui met en dialogue un quatuor vocal avec des solistes convaincants dont la contralto Ann Hallenberg et le ténor Emilio Gonzalez Toro, a entretenu le climat religieux de la soirée qui s’est poursuivi autour de la figure mariale avec la cantate Il Pianto di Maria : Giunta l’ora fatal autrefois attribuée à Haendel mais qui semble désormais née de la plume de Giovanni Battista Ferrandini, ce Vénitien qui arriva comme jeune hautboïste à Munich et devint rapidement le compositeur attitré de l’électeur de Bavière. Son opéra Catone in Utica fit l’ouverture de l’Opéra de Munich en 1753. Nous savons que Mozart accompagné de son père lui rendit visite en 1771, c’est assez dire sa réputation. Cette pièce est le chant ardent de la souffrance d’une Mère meurtrie, en proie au doute face au drame vécu par son Fils. La voix d’Ann Hallenberg soutenue pas les cordes a épousé la véhémence des affects pour se déployer avec dramatisme dans les récitatifs.
Enfin, le Stabat Mater de Tommaso Traetta dont le manuscrit fut retrouvé à Munich a clos la soirée. Cette œuvre pour quatre voix et orchestre composée en 1760 fut un moment musicalement dense par la grâce des chanteurs particulièrement stimulés par le pouvoir émotionnel de la partition.
Marguerite Haladjian
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