Rédigé par 4 h 48 min Causeries, Vagabondages

« Certains avaient voulu me voir comme Jupiter, c’est plus Vulcain » (Emmanuel Macron, Scott Ross et Forqueray)

« Certains avaient voulu me voir comme Jupiter, c’est plus Vulcain » (Emmanuel Macron)

Scott Ross au Château d’Assas en 1985 – Wikimedia Commons

Parmi les « Petits riens » que nous affectionnons, nous sommes tombés tantôt dans la presse sur cette citation du Président de la République. « Certains avaient voulu me voir comme Jupiter, c’est plus Vulcain ». Immédiatement, elle nous fit songer à un autre Vulcain, le météore du clavecin, le faux « bad boy » qui se donnait le genre nonchalant d’un improvisateur impréparé. Son monument Couperin est hélas toujours indisponible en coffret physique (du fait de l’éditeur Stil), de même que son intégrale Rameau (chez le même), mais les amateurs de Ross dans la musique française se rassasieront sur un direct fracassant, d’un bouillonnement typique de l’artiste. Sa curiosité était inextinguible : le tissage, l’informatique et les  bases de données pour répertorier ses croisements complexes d’orchidées. Les volcans et les minéraux, la photographie, la cuisine, les chats. Scott Ross c’est l’émotion du savoir, la volonté de l’honnête homme de s’édifier en tout, le soin maniaque de la classification, des lignes aussi… 

Et en parlant de lignes, cette Jupiter de Forqueray le père, transcrite de la viole au clavecin par le fils (en dépit de leur tumultueuse relation), est de celle que l’on oublie pas. Certes, on ne fait pas dans la dentelle, et Scott Ross réserve sa nostalgie poétique à d’autres titres. Ici, c’est un tonnerre d’airain : exposition du thème un peu lourde, carrée, roborative. Main gauche bien assénée. Il y a du Vulcain dans cette main là, cela marche pesamment, avec une finalité démonstrative qui écarte tout non-dit, qui évacue tout rival, qui baffe tout sur son passage. Et puis les doubles s’en mêlent, et l’on découvre que l’explicite n’est pas synonyme du laborieux : la virtuosité comme un souffle, le mouvement comme magie. Cela tourbillonne, sans légèreté mais avec ivresse. Scott Ross, c’est un pur malt, plein de saveur, long en bouche, d’une violence sans rage, d’une force brutale mais non gratuite.  Alors oui, le Président avait raison, Scott Ross, « c’est plus Vulcain » et beaucoup devraient s’en inspirer. [V-L.N.]

 

Étiquettes : , , , Dernière modification: 16 avril 2024
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