FRANCOIS
COUPERIN
Parisien,
organiste de la Chapelle du Roi, mort à Paris le 12 septembre 1733 dans la 65ème
année de son âge, inhumé en l'Eglise de St Joseph, Aide de la Paroisse de S.
Eustache.
Son
Père, Charles Couperin, organiste de l'Eglise S. Gervais, fut un des meilleurs
Organistes de son temps ; il mourut âgé de 40 ans en l'an 1679 et eut pour fils
celui dont on parle ici, qu'il laissa âgé de dix ans, et hors d'état d'avoir pu
profiter de ses leçons et de son sçavoir ; mais le jeune Couperin trouva en
Tomelin, Organiste de l'Eglise S. Jacques de la Boucherie, homme très célèbre de
son Art, un second père, qui se fit un plaisir de la perfectionner dans l'Orgue
et le Clavecin, et dans la Composition.
François
Couperin avoit des dispositions si grandes pour son Art, qu'en peu de temps il
devint excellent Organiste, et qu'il fut en possession de l'Orgue qu'avoit son
père. Pendant plus de trente ans qu'il a eu cette orgue, il attiroit un grand
concours de monde, et d'habiles Musiciens qui l'écoutoit avec beaucoup de
plaisir, et qui admiroient son beau génie, et son heureuse exécution.
Le Roi
Louis XIV lui donna vers l'an 1700 la place d'Organiste de la Chapelle, et
depuis il le reçut en survivance à la Charge de Clavecin de sa
Chambre, dont le sieur
d'Anglebert est Titulaire. Couperin eu l'honneur de montrer à jouer du Clavecin
à M. le Duc de Bourgogne, Dauphin de France, de même qu'à Madame Anne de Bourbon
Douairière de Conti, et à M. Louis Alexandre de Bourbon, Comte de Toulouse, qui
lui a continué une pension de mille livres jusqu'à sa mort.
Le grand
nombre des Œuvres de Couperin, fait connoitre la beauté et la fécondité de son
génie. Il a fait graver diverses
Pièces de Clavecin,
en quatre volumes in-folio ; on peut dire qu'elles sont d'un goût nouveau, et
d'un caractère où l'auteur doit passer pour Original. Ces Pièces remplies d'une
excellente harmonie, ont un chant noble et gracieux ; et ce chant même a paru si
beau et si naturel qu'on a composé des Paroles sur la musique de quelques-unes ;
elles peuvent être jouées sur le Violon et sur la Flûte, de même que sur le
Clavecin. Ces Pièces ont fait honneur à leur auteur, non seulement dans toute la
France, mais encore dans les pays étrangers ; elles sont très estimées en
Italie, en Angleterre et en Allemagne. Son divertissement, intitulé
Les Goûts Réunis, ou l'Apothéose de Lully et de Corelli
eu la même vogue que les Pièces
précédente. Ces Livres se vendent chez Christophe Ballard Imprimeur du Roi et
chez François Boivin à la Règle d'or rue St. Honoré, de même qu'un livre de
Trios de Violons. Couperin a encore fait d'autres Ouvrages qui n'ont point
été encore gravés ni imprimés : sçavoir un Concert de Violes, des Cantates, des
Leçons de Ténèbres, une grande quantité de
Motets, dont douze à
grands chœurs ont été chantés à la Chapelle du Roi [hélas perdus,
NdlR]devant Louis XIV qui en fut très satisfait, de même que toute la Cour. La
demoiselle Louise Couperin sa cousine, Musicienne-Pensionnaire du Roi, y
chantoit plusieurs Versets avec
une grande légèreté de voix, et un goût merveilleux.
Couperin
a été marié à la Demoiselle Marie-Anne Ansaul, dont il a eu deux filles, dignes
héritières des talents de leur Père pour toucher l'Orgue et le Clavecin :
l'aînée s'appelle Marie-Anne, elle est Religieuse Bernardine de l'Abbaye Royale
de Maubuisson près Pontoise ; et la cadette se nomme Marguerite-Antoinette. Le
Roi a accordé à celle-ci en faveur de la manière sçavante et admirable dont elle
joue du Clavecin, une grâce singulière, c'est la survivance qu'avoit son Père de
la charge de Clavecin de la Chambre, qui s'en étoit démis deux ans avant sa
mort. (Charge, qui n'avoit été remplie jusqu'à présent que par des hommes.)
C'est elle qui l'exerce dans tous les Concerts qui se font dans les Appartements
du Roi et de la Reine, le Titulaire étant trop vieux pour en remplir les
fonctions. Le Roi a aussi choisi cette Demoiselle pour montrer à jouer du
Clavecin à Mesdames de France.
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