Cette année, nous allons naviguer parmi les
nombreux coffrets et rééditions parus en vue des fêtes de fin d'année. Voici
donc l'occasion de vous faire plaisir, et de combler votre entourage de cadeaux
baroques...
Pour
commencer, Teldec propose - pour la modique somme de 250 euros environ -
l'intégrale des Cantates sacrées de Jean-Sébastien Bach, enregistrées par
Nikolaus Harnoncourt et Gustav Leonhardt de 1971 à 1989. Pour cette 4ème
ré-édition en 60 CDs, le luxe encombrant des pochettes couleur crème de Das Alte
Werk ou le modernisme des cubes de Bach 2000 ont laissé la place à un simple
rectangle, bourré de pochettes cartonnées. Côté packaging, on est donc plus
proche de l'austérité spartiate de Brilliant Classics que du classicisme de bon
goût de Teldec. Qu'importe, le contenu demeure renversant, car cette intégrale
pionnière et désormais mythique n'a rien perdu de sa fraîcheur, de son
enthousiasme, de sa rutilance, et de son humanité. Alternant la rigueur et
l'intériorité de Leonhardt et l'énergie débordante d'Harnoncourt, cette
intégrale se laisse toujours écouter avec autant de plaisir. Certes, les cuivres
sont faux, les choristes et solistes enfants peinent parfois, la battue est
souvent trop saccadée. Mais il se dégage de l'ensemble comme un mysticisme naïf,
et l'impression de suivre dans leur périple et leur chemin vers la maturité une
poignée d'amis, et de grands artistes : l'excellent soprano garçon Panajotis
Iconomou, le dramatique Kurt Equiluz, le fragile Paul Esswood, le chaleureux Max
Van Egmond... Et que dire des instrumentistes quand on retrouve Harnoncourt au
violoncelle, sa femme au violon, Anner Bylsma au violoncelle, Bruce Haynes au
Hautbois, Franz Brüggen à la flûte. Alors n'hésitez surtout pas si vous ne
possédez pas déjà ce monument, parfois inégal et si souvent sublime.
Le gros
coffret 20 Cds de 200 ans de musique à Versailles (Label MBF). Du Lully,
du Charpentier, du Rameau, du Mondonville, du Delalande, du Marin Marais...
N'en jetez plus, la Cour de marbre est pleine. D'autant plus que les
enregistrements sont judicieusement choisis et font appel à des spécialistes
plus qu'aguerris : Les Arts Florissants, le Ricercar Consort, Les
Musiciens du Louvre, Il Seminario Musicale... Les 20 Cds suivent une progression chronologique
de Louis XIII à Louis XVI et constituent un panorama aussi remarquable que
didactique de la musique française du Grand Siècle aux Lumières (cf
détail des pistes), avec des
certains enregistrements inédits issus des concerts de l'Automne musical 2007. On
regrettera toutefois que les disques 3, 4 et 9 résument la tragédie lyrique à
une compilation d'extraits, et que les livrets et notes - très bien ficelés - ne soient accessibles
qu'en pdf à imprimer sur un Cd-Rom séparé. Sinon, une excellente initiative et
un parfait cadeau pour les néophytes pour environ 60 euros.
Musique à Versailles (coffret 7 Cds comprenant la quasi intégrale des
grands motets de Lully, et des motets de
Charpentier, par le Concert Spirituel, Naxos). Un coffret plus modeste, qui
regroupe les fastueux grands motets versaillais du Surintendant et les motets
pour maîtrise beaucoup plus dépouillés de Charpentier. Toujours dynamique et
avide de contrastes, Niquet est parfaitement à l'aise dans les Grands Motets de
cour en dépit d'un effectif un peu trop réduit. Les contrastes entre le chœur de
solistes et les choristes sont superbement rendus. Chez Charpentier, plus
sensible et plus audacieux harmoniquement, la lecture est équilibrée et claire,
même si elle manque parfois de profondeur.
L'intégrale
des pièces de clavecin de Couperin par Olivier
Baumont (10 Cds, Erato, enr. 1992-1995). A seulement 35 euros,
Erato-Warner fait très très fort. Nous avions
déjà mentionné cette lecture
déstabilisante et crépusculaire, d'un spleen lugubre et magnifique. La note est
ici réajustée pour tenir compte du prix défiant toute concurrence, mais l'ordre
de préférence demeure le même. A saisir d'urgence, mais ne pas oublier pour
autant Noëlle Spieth (Solstice) et Scott Ross (Erato) !
Coffret 4
Cds Purcell (Music For Queen Mary / Hail ! Bright Cecilia
/ The Indian Queen / The Tempest, The English Baroque Soloist, dir. John Eliot
Gardiner, Erato). Cela fait au moins la troisième année consécutive qu'Erato
réchauffe ce coffret qui n'est autre qu'un re-emballage des disques dans un
fourreau cartonné assez laid. Et la Muse (Erato, pas notre revue) a raison.
Individuellement, on peut préférer d'autres versions comme celle d'Andrew Parrot
pour Hail Bright Cecilia, mais ces interprétations sont d'un excellent
niveau, avec une grande musicalité et des timbres fruités. L'orchestre est
précis à défaut d'être vif, quelques solistes ne sont pas tout à fait dans leur
meilleur jour, mais le chef sait à merveille faire chanter la partition sans
sombrer dans le décoratif.