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mise à jour 6 janvier 2014
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Chronique Festival
Carnet de La Folle Journée de Nantes 2011 du Samedi 5 au Dimanche 6 Février 2011
Raphaël Pichon - D.R.
Œuvres difficiles, aussi bien pour le public que pour les interprètes, que celles abordées ici par le Quatuor Diotima, qui s’est déjà beaucoup illustré dans la musique du XXe siècle (je pense en particulier à un très beau disque Janáček chez Alpha). Franck Chevalier, altiste et porte parole du quatuor, nous en averti au début du concert. Après quelques mesures, l’engagement sans faille des Diotima a raison de notre résistance, et nous nous plongeons dans cet univers étrange qu’est celui de Berg et Webern. Il faut louer les interprètes de parvenir ainsi à nous enchanter avec de la musique d’un accès si ardu. Il faut les louer également de leur persévérance face un public qui a pu se montrer très indélicat — et par exemple tenter de déballer bruyamment des bonbons (!) pendant les Cinq mouvements op. 5, entrer et sortir pendant le concert (!) et pourquoi pas aussi avertir un nouvel arrivant presque à voix haute des changements dans l’ordre initialement prévu et imprimé sur les programmes (!!!) — et face à une difficulté technique : l’archet du violoncelliste Pierre Morlet s’est déméché au milieu de la Lyrische Suite. Un peu désarçonné, il est néanmoins sorti et revenu avec un autre archet à toute vitesse pour continuer le concert. Bravo donc au Quatuor Diotima pour son enthousiasme sans faille. L’auteur de ces lignes, moins ingrats que les mangeurs et les "bougeotteurs", vous en remercie comme l’a fait la majorité du public.
C’est dans une atmosphère nocturne que nous avons entendu le chœur Pygmalion. Les délices n’en furent que plus coupables. Délices de la qualité de son — des voix, toutes, et de la justesse. Délices de la précision polyphonique. Délices des nuances, crescendos et diminuendos. Délices de l’articulation. Tout ce qu’on pourrait demander à un chœur, nous l’avons eu. Il faut dire aussi que le programme, en apparence austère, était abordé avec enthousiasme aussi bien par les choristes que par leur chef, Raphaël Pichon. Ce sont de belles pages qu’ils nous ont là amenés à découvrir, des pages trop rarement données. On regrette même amèrement qu’il n’y ait pas d’enregistrement prévu.
Plamena Mangova © Xavier Antoinet
Plamena Mangova n’est pas, non plus, n’importe quelle pianiste. Un jeu aussi puissant et aussi expressif est chose rare. Il semble qu’il y ait une guerre contre son instrument, qui semble peiner à la suivre. L’aigu se fait cri, quand il n’est pas scintillant ; le grave assure son rôle de basse, tantôt rassurant, tantôt inquiétant. Le toucher est d’une variété infinie. Mais au-delà de ces immenses qualités, c’est la sensibilité à fleur de peau et une expressivité puissante qui habite les pièces jouées qui fait de chaque concert de cette jeune pianiste bulgare un moment d’exception. Peu d’interprètes du piano savent nous emporter avec eux dans un ailleurs musical. D’ailleurs on n’en ressort pas indemne — on ne veut pas en ressortir. J’y serais encore, mais les concerts, comme tout, ont une fin.
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