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mise à jour 6 janvier 2014
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Chronique Festival
Carnet de La Folle Journée de Nantes 2011 du Mercredi 2 au Jeudi 3 Février 2011
Nikolaï Lugansky © Xavier Lambours
Il y a quelque chose de félin dans le jeu de Nikoläi Lugansky, dans ces attaques vives, cette précision, cette souplesse. Le toucher est doux, le son chaleureux. Voilà bien un interprète qui sait passer d’un univers à l’autre avec succès. Ses Klavierstücke op. 118 de Brahms sont admirables de sobriété. Point d’effets superflus, et beaucoup de délicatesse. Après tout, Brahms admirait Bach, et Lugansky a un peu étudié avec Tatiana Nikolaeva, fort admirée pour son interprétation du Clavier bien tempéré. C’est le romantisme d’un rêveur. Mais dès qu’il attaque les Études de Liszt, on se rappelle que le romantisme est aussi frondeur, virtuose — et que virtuose ne veut pas forcément dire brutal. Quels sons inouïs il est capable de tirer de son piano, par exemple dans l’étude "Chasse-neige", scintillant et floconnant tantôt dans l’aigu, tantôt vrombissant dans le grave. C’est un piano inspiré que Lugansky nous offrait ce soir-là.
Ah, les concertos pour piano de Brahms ! Ce sont peut-être là ses grandes œuvres romantiques, bien loin de la sobriété des Klavierstücke ou des pièces pour chœur, bien loin aussi de l’admiration qu’il vouait à Bach. Le premier est plus souvent joué, mais le second est son frère. L’Orchestre de l’Oural est un peu disproportionné, ne rendant pas justice à la beauté de l’orchestration, ici étouffée sous les cordes et malmenée par des pupitres de vents imprécis (les flûtes) ou au son un peu aigre (les hautbois). Pourtant, c’était un grand moment, et en particulier parce que la direction était enflammée, colorée... presque autant que le jeu de l’excellent Nicholas Angelich, assurément l’un des grands pianistes de notre temps. Là où Lugansky était inspiration lyrique, le lyrisme se fait ici plus intime, plus apaisé, et surtout plus poétique. Non que Lugansky manque de poésie, mais plutôt qu’Angelich en déborde ; il nous en abreuve, tandis que Lugansky s’en abreuve et oublie, peut-être, parfois, de la livrer au public. Dans ce concerto, tout respire, tout vit. Nicholas Angelich est un artiste généreux.
Maud Gratton - D.R.
Des Lieder de Mahler, on connaît avant tout les versions orchestrales. Pourtant, les versions avec piano existent et méritent d’attirer l’attention. Elles ont en effet le mérite de créer une ambiance plus intimiste. C’est cet aspect qui est ici superbement mis en valeur par Maude Gratton et Hans Jörg Mammel. On dirait que c’est une soirée de salon, n’était le niveau de musicalité exceptionnel de cette heure de musique. Certes, Hans Jörg Mammel n’a pas la plus belle voix de ténor possible, certes, le pianoforte est peut-être un peu anachronique dans ce répertoire — mais qu’importe ! La musique est là. Dès les premières notes au piano, un univers commence à se déployer sur la salle. Hans Jörg Mammel maîtrise le texte, le rend, même si c’est, parfait, avec quelques lapsus regrettables. Autant que des Lieder, ce sont des Gedichte für Singstimme und Klavier, pour reprendre l’expression d’Hugo Wolf, qui s’applique aussi bien aux deux cycles de Mahler. La voix est claire et très équilibrée, puissante et susceptible de belles nuances. Quant au pianoforte de Maude Gratton, il est, lui rempli de nuances étonnantes, de sonorités comme nouvelles (la nouveauté de l’ancien redécouvert...), de phrases aussi chantées que celles du ténor, d’aigus cristallins, de graves inquiétants... Croit-on que le cor anglais manque à "Ich bin der Welft adhanden gekommen" ? Eh bien non, avec de tels interprètes, on s’en passe, car il y a déjà assez de musique sans l’orchestration — et c’est tout dire.
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