Rédigé par 8 h 41 min Littérature & Beaux-arts, Regards

Saint-Marc au Pays des Muses (Bruno Racine, Le Gouverneur de Morée – Grasset)

« Nous avons plus de force que de volonté ; et c’est souvent pour nous excuser à nous même que nous nous imaginons que les choses sont impossibles. » (François de La Rochefoucauld)

Bruno RACINE
Le Gouverneur de Morée
Grasset, 1982, Prix du Premier Roman, 243 pages

Pour qui arrive de Corinthe via Epidaure, sa silhouette massive et crénelée se détache au-dessus de la cité, toisant la vielle ville de Nauplie, perchée 216 mètres plus haut que le havre abritant le port de l’éphémère capitale de la Grèce indépendante (1829-1834).

Pour celui qui débouchera en Argolide venant du nord, après avoir traversé le défilé séparant Némée de Mycènes, elle sera de suite un horizon se profilant au-dessus de la plaine, au-delà d’Argos et de Tirynthe, dont la masse anguleuse semble se confondre avec le rocher dans le flou brumeux de la chaleur grecque. La forteresse Palamède apparaît de nos jours comme une impressionnante incongruité, épousant les contours d’un rocher aride et semblant inutilement surveiller le cœur mythologique de la Grèce antique, comme si un héros païen ou une muse par trop désirable devait s’en échapper. A l’œil  néophyte son origine et sa datation paraîtront obscurs et seul le curieux adepte de la posture de l’héautontimoroumenos  osera endurer le calvaire consistant à gravir sous le soleil du Péloponnèse les quelques mille marches de l’escalier reliant la ville à la forteresse.

Que vient faire dans les pages de notre revue une austère forteresse implantée dans des terres arides et désolées, notre publication étant habituellement toute consacrée aux bonheurs civilisés et cultivés de la période baroque ? Lassés des encorbellements, sculpturales courbes autres délicieux chants d’un quatuor de cordes, sommes-nous résolus à nous vautrer dans la narration du chant du canon et l’exposé de poliorcétique ?

Pas tout à fait, rassurons de suite le lecteur tenté de refermer cette page pour succomber aux post Instagram d’une bloggeuse-influence-beauté-coach-de-vie de moins de vingt-ans.

La rédaction de la Muse n’est pas prise de folie, mais ce premier roman de Bruno Racine paru en 1982 nous offre l’occasion de nous pencher sur quelques aspects plus méconnus de l’Histoire de Venise, ville baroque entre toutes.

La Sérénissime entreprit l’édification de cette forteresse des confins du Péloponnèse, à l’époque dénommé Morée,  de 1711 à 1714, moins pour garder le champ de ruines antiques non encore fouillées que constituait l’Argolide que pour prévenir de possibles incursions ottomanes. Mais rembobinons un instant le cours de l’Histoire. L’influence de Venise dans la région remonte au XIIIème siècle, quand, suite au détournement de la quatrième croisade, des familles franques s’établissent en Morée. Les relations entre ces régions grecques et Venise seront prospères, celles-ci servant notamment de grenier à blé à une Sérénissime populeuse et au territoire agricole restreint. En 1388, Marie d’Enghien, épouse du vénitien Pietro Cornaro vend ses droits sur Nauplie à Venise, qui en fait une étape commerciale importante sur la route vers l’orient. A compter de cette date la ville fut l’enjeu et souvent la victime de la quasi incessante guerre d’influence que se livrent en méditerranée la Sublime Porte et la Sérénissime. Devenue ottomane en 1540 sous Soliman le Magnifique au terme de la troisième guerre veneto-ottomane, la ville reste l’enjeu de toutes les convoitises. En réponse au second siège de Vienne (1683), Venise lance une campagne en Grèce et le doge Francesco Morosini reprend aux Turcs la Morée, dû-t-il pour cela quelque peu égratigner le Parthénon à Athènes (1687). L’année précédente, son armée avait débarqué fin juillet à Nauplie et Charles-Jean de Koenigsmark entreprit immédiatement l’assaut de la colline Palamède, à l’époque seulement défendue par un fort de faible ampleur, datant de Villehardouin. L’arrivée à Argos, située de l’autre côté de la plaine d’Argolide à seulement quelques kilomètres de Nauplie, d’une armée ottomane de secours rend la victoire vénitienne précaire. Capturé lors des combats entre les deux armées, Koenigsmark meurt en captivité le 28 août. Le 29, l’armée ottomane subit une lourde défaite dans la partie basse de la ville et le général tuc Ismaël Pacha doit se résoudre le 3 septembre à retirer ses forces sur Corinthe, laissant Nauplie (Napoli di Romania à l’époque) aux vénitiens. En 1699 le traité de Karlowitz entérine les possessions vénitiennes dans la région.

Vielle ville de Nauplie depuis la forteresse Palamède. On reconnait le fort de Bourdzi au centre de la rade. De l’autre côté de la rade à gauche les marais de Lerne. A gauche du cadre, l’Akronauplie. Au decond plan à gauche, l’hôtel Xenia, déplorable exemple d’architecture moderniste censé développer le tourisme de masse au début des années 1960 et pour lequel on détruisit une partie des murailles. A l’abandon en 2012. Source : Wikimedia commons.

C’est la période qui va suivre qui intéresse Bruno Racine, trente ans au moment de la parution de son roman. Ancien élève de Louis-le-Grand, ancien de l’école Normale Supérieure, ancien de la Rue Saint-Guillaume, cet agrégé de lettres classiques et énarque, qui fut au cours de sa carrière notamment directeur de la Villa Médicis (1997-2002) et président de la Bibliothèque Nationale de France (2007-2016) obtint le Prix du Premier Roman en 1982 pour ce coup d’essai dont l’érudition et la profondeur forcent l’admiration près de quarante ans après sa publication.

Aussi le roman, commence-t-il par la reproduction du laconique courrier nommant Agostino Sagredo gouverneur de Nauplie et d’Argos en Morée, missive signée de Giovanni II Cornaro, 111ème doge de Venise entre 1709 et 1722. Le roman se confondra dorénavant avec le supposé journal d’Agostino Sagredo, tenu entre le 16 février 1711 et le 22 juillet 1714, trois années et demi durant lesquelles Sagredo aura la tâche, âpre mais si essentielle, de structurellement moderniser les défenses de cette possession des confins vénitiens, perdue si loin du Rialto mais si proche de la menace ottomane. La jeunesse de Bruno Racine au moment de l’écriture de son ouvrage tranche avec la maturité qu’il insuffle d’emblée à Sagredo, gouverneur zélé et serviteur rompu aux missions lointaines, qui quitte alors Zara en Dalmatie (actuelle Zadar en Croatie) où il œuvrait déjà à la défense contre de possibles incursions ottomanes de ce poste avancé sur l’adriatique, pour Nauplie, alors la plus orientale des places-fortes vénitiennes. Il règle sa succession au cas où cette mission devait ne pas le voir revenir et prévoit l’avenir du palais familial de Venise, qui traverse de générations en générations l’histoire familiale, peinant un peu plus à chaque fois à cacher les effets du temps. En quelques lignes, Bruno Racine dit tout dès la seconde page de son ouvrage de cette République s’évertuant à conserver sa splendeur au prix de campagnes militaires aussi ravageuses pour ses finances que destructrices pour ses familles patriciennes.

Gravure anonyme du premier tiers du dix-neuvième siècle. La forteresse Palamède se distingue à l’arrière plan. Sur la droite, l’Akronauplie. Source : Wikimedia commons.

Redevenue maillon essentiel du dispositif de défense de la Morée contre les Ottomans, Nauplie ne dispose pourtant à l’arrivée de Agostino Sagredo que d’un schéma défensif vieillissant et largement obsolète. Déjà existante à l’époque mycénienne, Nauplie tombe en 638 avant notre ère dans la dépendance d’Argos, située à l’intérieur des terres et dont elle devient l’échelle. Durant toute l’antiquité et jusqu’au XVème siècle, le système défensif de Nauplie se résume à de constants réaménagements de l’Akronauplie, enceinte située au bout de la presqu’île et surplombant la ville de quelques dizaines de mètres. Celle-ci reste encore de nos jours un intéressant entremêlement de ruines de fortifications d’époques très différentes, où l’appareil mycénien jouxtera quelques derniers aménagements faits au moment de la guerre d’indépendance grecque, dans le premier tiers du dix-neuvième siècle. Position avancée dans la rade, en face du port, la forteresse de Bourdzi, achevée en 1473 lors de la première propriété vénitienne de la place, devient en ce début de XVIIIème siècle elle aussi obsolète, incapable de correctement résister  à la marine moderne et à une artillerie navale alors en pleine évolution.

Agostino Sagredo arrive donc à Nauplie avec consigne de fortifier la place, et dans sa délégation l’ingénieur français François Lasalle, connu pour ce type d’ouvrage. Une escale à Corfou sera l’occasion pour les deux hommes de rencontrer Sebastiano Mocenigo, futur doge de Venise (1722-1732) et à l’époque concepteur du renforcement du système défensif de l’île, celui encore largement visible de nos jours. Agostino Sagredo, témoin des échanges entre Lasalle et Mocenigo comprend avec une pointe d’anxiété l’ampleur du dispositif défensif dans lequel veut s’engager Lasalle, qui sans jamais être allé sur le terrain semble en avoir intégré toutes les courbures et la complexité à la seule lecture des relevés topographiques. Sitôt arrivé, c’est d’ailleurs à gravir la colline Palamède que s’attache Lasalle, alors que Sagredo, sage et prévoyant, s’occupe de prendre ses quartiers et  d’établir de strictes règles d’accès au futur chantier, la population grecque d’Argolide étant loin d’être toute acquise à la cause vénitienne. Dès le mois de mars 1714 de premiers plans de la forteresse Palamède sont établis par Lasalle, d’une ampleur impressionnante et novateurs, celui-ci optant avec Sagredo non pas pour la construction d’un fort unique, mais d’une constellation de sept fortins épousant les différents points de vue de la colline, et reliés entre eux, permettant à la forteresse  de fonctionner comme une entité unique, mais permettant aussi que la perte éventuelle de l’un des éléments n’entraîne pas la chute de l’ensemble de la place, les fortins pouvant également fonctionner de manière indépendante. Alors que Lasalle envisage déjà les premiers travaux d’arasement devant délimiter les différentes terrasses et entreprend de se débarrasser de l’obsolète fortin médiéval, Sagredo hume l’atmosphère de la ville, rencontre ses habitants et s’occupe des relations avec les futurs fournisseurs du chantier, qu’un dénommé Argyropoulo semble chapeauter, peut-être plus attiré par l’appât immédiat du gain que par les visées diplomatiques de la République.

Très vite le chantier débute, et à son ampleur répond un climat attentiste de la population grecque et la conscience pour tous les vénitiens d’un éloignement de la patrie que n’arrive à tempérer ni les épisodiques liaisons maritimes ni les bas-reliefs du lion de Venise apposés sur les premiers murs construits. Alors que Lasalle fortifie la colline Palamède, Sagredo tente de redonner splendeur et utilité à l’Akronauplie. Juin 1714 est l’occasion pour Sagredo d’une rare excursion dans la plaine d’Argolide et aux environs. Il se rend à Trézène (où Racine place l’action de Phèdre) et ne trouve dans les environs qu’un paysage sec et désolé, seulement propice à une désagréable rencontre avec des pirates d’Hydra. Revenu à Nauplie, Sagredo ne peut se déparer d’un sentiment d’inquiétude, comme conscient de la déboussolante relativité stratégique de la forteresse qu’il fait édifier. Les travaux avancent et Lasalle réfléchit au puits devant permettre l’établissement d’un passage aussi secret que sécurisé entre l’Akronauplie et la forteresse Palamède. A s’aventurer aux frontières de la démesure, ne risque-t-on pas de passer les bornes de la raison ?

La partie centrale de la forteresse Palamède, avec une partie de l’escalier reliant la forteresse à la ville, remanié au dix-neuvième siècle. Source : Wikimedia commons.

Janvier 1712, de retour d’une excursion à l’Akrocorinthe, au nord de la Morée, immense forteresse elle aussi remaniée au cours des siècles et qui restera active jusqu’à la guerre d’indépendance grecque, Agostino Sagredo pense à marquer son empreinte dans la pierre, réfléchissant lui-même aux plans de la porte monumentale de la forteresse, de même qu’aux noms de baptême des différents fortins. Nauplios, fils de Poséidon et de la danaïde Amymone qui découvrit les sources permettant d’alimenter Argos en eau, est le fondateur mythique de Nauplie et le père de Palamède, prince participant à la guerre de Troie, durant laquelle il se fâchera avec Ulysse. Palamède est aussi le fondateur mythique du jeu d’échecs et selon plusieurs auteurs antiques d’une partie de l’alphabet et des chiffres. Pourquoi alors ne pas donner à chacun des fortins le nom d’un héros grec ? Epaminondas, Achille, Miltiade et Léonidas auront notamment l’honneur de voir leur nom parrainer l’un des fortins, comme autant de témoignages anachroniques d’une Grèce mythique contrastant avec la désolation et les dissensions que constate Sagredo. Outre la porte monumentale (actuel bastion Epaminondas, ne pas confondre avec la Porta Sagredo de l’Akronauplie), Sagredo conçoit une chapelle à l’intérieur du bastion principal (actuel bastion Agios Andreas) dont la simplicité doit répondre à l’austérité fonctionnelle et militaire du reste de l’ouvrage, mais pour laquelle il compte bien se procurer les meilleurs marbres de Grèce. Si le chantier se poursuit, ponctué par la relâche dans le port de quelques navires de commerce vénitiens, l’année 1713 voit déjà parvenir à Sagredo la sombre rumeur de mouvements de la flotte ottomane et un peu plus semaines après semaines se rapproche l’onde de périls futurs et la visite du procurateur Barbaro, d’illustre famille militaire, ne suffit à apaiser les doutes d’Agostino Sagredo. De simple routine, cette visite semble désintéresser même Barbaro, couvert des plus hauts honneurs de la République mais conscient lui aussi du peu de prégnance que son savoir et son expérience peuvent avoir sur le cours du temps et le devenir de la forteresse.

29 septembre 1713. Première pierre posée de la chapelle et ce début résonne déjà comme une fin. Dès octobre Sagredo est rappelé à Venise pour un congé de six semaines et les premières fissures se font jour. L’approvisionnement, notamment en provenance des régions ottomanes est de plus en plus aléatoire, la suspicion règne au sein de la population grecque, le climat au sein de Nauplie devient de plus en plus étouffant malgré l’automne qui avance. En décembre Sagredo est à Venise, le temps de renouer contact avec une famille qui inexorablement se désagrège, renvoyant au passé un bonheur réel ou mythifié. Janvier 1714 s’annonce et déjà Sagredo reprend le chemin de Nauplie…

Que doit-il y trouver ? Poursuivra-t-il son œuvre d’édification de la plus vaste et impressionnante forteresse de Morée ? Nous laisserons au lecteur le plaisir teinté d’amertume de découvrir cela dans les pages couvrant les mois de janvier au 22 juillet 1714, date à laquelle se termine le journal d’Agostino Sagredo.

Porte sud-ouest de la forteresse, ornée du Lion de Saint-Marc. Source : Wikimedia commons

Le devenir de la forteresse au-delà de 1714 n’intéresse plus Bruno Racine, ce n’est plus que de l’Histoire et Sagredo n’y étant plus présent, la quête de sens qui irrigue tout le roman, la prise de conscience de l’absurdité de toute action humaine s’évanouie également. Cela ne doit pas nous empêcher de brosser en quelques traits ce qu’il advint. Sagredo eût raison de douter de l’avenir de la présence vénitienne en Morée et du caractère imprenable de la forteresse. Après quelques tentatives de tractation, les Ottomans mirent le siège devant Nauplie le 12 juillet 1715. Geronimo Dolfin que Sagredo rencontre à la fin de l’ouvrage en assurait le commandement, ce qui ne suffit pas à éviter que la citadelle tombe dès le 20 juillet, sous les coups de boutoirs de Silhadar Damat Ali Pacha (1667-1716), qui devait périr l’année d’après à la bataille de Petrovaradin (actuelle Novi Sad, 5 août 1716) et dont le tombeau orne encore de nos jours les jardins de la forteresse de Belgrade. Lasalle, dit-on, lui avait vendu les plans de son ouvrage et une mine justement posée ouvrit une brèche dans les murailles. La confusion s’en suivit et une large partie de la garnison et de la population de la ville fut massacrée. On estime à près de 8000 le nombre de victimes du siège ottoman de Nauplie à l’été 1715.

Bruno Racine, au travers du journal fictif d’Agostino Sagredo, relate finalement moins la construction d’une place-forte qu’il n’édifie une réflexion sur la condition humaine, la frontière entre le service et la servitude, la relativité de la diplomatie et le caractère inexorablement destructeur du temps qui passe, au moins sur chacun d’entre nous. Si le roman de forteresse devait être un genre littéraire en soit, au panthéon duquel nous placerions comme deux évidences Le Rivage des Syrtes de Julien Gracq (prix Goncourt 1951) et Le Désert des Tartares de Dino Buzzati (1940), Le Gouverneur de Morée de Bruno Racine figurerait en bonne place, même si ce ne sera pas lui faire injure que de préciser qu’il n’atteint toutefois pas la profondeur philosophique de ses deux prédécesseurs. Notons au passage tout le bien que nous pensons dans un style proche de La Citadelle de la Mémoire (1992) de Aris Fakinos, qui relate un siège mené par Selim Pacha en Epire à la toute fin du dix-huitième siècle. Alors bien sûr, on pourra regretter que Bruno Racine, attaché à dérouler le fil du parcours personnel et de la réflexion de son personnage, ne néglige quelque peu à notre goût une excursion plus poussée dans la plaine d’Argolide, qui aurait pu être l’occasion de savoureuses digressions sur le rapport à l’Histoire et à la Mythologie, de même qu’il aurait pu mettre en lumière, outre François Lassalle, Levasseur, autre important ingénieur du chantier, et le dalmate Giaxich qui en dessina grandement les plans. De même, nous n’avons pas pu vérifier la véracité de certaines sources mentionnant qu’initialement les fortins n’auraient pas porté des noms de héros grecs mais celui de provinces vénitiennes et cela en contradiction avec la réflexion que l’auteur fait porter à son personnage.

La forteresse Palamède, peu remaniée par les Ottomans, devait être une dernière fois reprise dans la nuit du 28 au 29 novembre (calendrier julien) 1822 par Staikos Staïkopoulos (1799-1835) dont une statue orne un jardin de la ville.

O Vanité ! O Néant ! O Mortels ignorants de leurs destinées ! La sentence de Bossuet semble résumer l’œuvre de Sagredo, capable d’édifier en seulement trois ans  pour le compte de Venise la plus fantastique forteresse de Morée, dont la République eu une si fugace utilité, rendue aux ottomans qui jamais réellement n’eurent l’occasion de l’utiliser. Finalement, peut-être se résume-t-elle à ceci, permettre au voyageur de contempler l’Argolide, d’embrasser d’un seul regard la colline de Mycènes, berceau d’Electre, Argos où périt Pyrrhus, l’Héraion d’où Agamemnon coalisa ses généraux pour la guerre de Troie, Lerne et son Hydre, les montagnes de la Tsakonie, et plus au sud, dans la brume, les côtes de la Spteses de Michel Déon. La Forteresse Palamède, balcon sur l’Argolide toisant fièrement 3000 ans de pensée humaine.

                                                           Pierre-Damien HOUVILLE

Étiquettes : , Dernière modification: 17 décembre 2020
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