Rédigé par 21 h 46 min CDs & DVDs, Critiques

Pour les adorateurs du "Pape du Baroque" seulement

Que ceux qui apprécient la délicatesse galante des mélodies françaises de la période du Bien-Aimé passent leur chemin, voici venir du fond des tiroirs de Teldec cet enregistrement antédiluvien qui prouvera aux détracteurs des interprétations sur instruments d’époque (ce ne sont pas des copies ici) que…

Jean-Joseph Cassanéa de MONDONVILLE (1711-1772)

Pièces de clavecin en sonates

 

Gustav Leonhardt (Clavecin), Lars Frydén (violon),

Teldec, Das Alte Werk “40 ans”, Gustav Leonhardt Edition, enr. 1966.

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Que ceux qui apprécient la délicatesse galante des mélodies françaises de la période du Bien-Aimé passent leur chemin, voici venir du fond des tiroirs de Teldec cet enregistrement antédiluvien qui prouvera aux détracteurs des interprétations sur instruments d’époque (ce ne sont pas des copies ici) que :
– Le clavecin n’est rien d’autre qu’un amas de ferraille ou qu’une machine à coudre de luxe,
– Le violon baroque est une caisse geignarde, grinçante et stridente.

Outre les timbres particulièrement ingrats des instruments utilisés (effet peut-être dû à l’insuffisance de la prise de son d’ailleurs), Leonhardt a lui-même admis n’avoir que peu d’affinités avec la musique française trop “rococo”, sans aucune profondeur spirituelle. La Première Suite en sol mineur se transforme dès l’ouverture en machine indigeste. La mesure est battue au sécateur, les notes inégales patinent, l’ensemble dénote une application artificielle tandis que l’on a vraiment l’impression que nos deux artistes déchiffrent la partition. En effet, loin de dialoguer harmonieusement, les deux parties semblent complètement autonomes, Leonhardt s’escrimant avec joie sur son clavecin anglais (Jacobus Kirckman, 1766) et Frydén se demandant comment on peut tenir une note sans trembloter avec un Alexander Kennedy, de 1767. 

Pourtant, l’enregistrement recèle quelques passages où l’on frise la perfection. L’Allegro endiablé de la 4ème Suite ; l’admirable aria nostalgique qui le suit sont autant de preuves que Leonhardt restera toujours Leonhardt. Finesse et précision du touché, beauté des phrasés, variété des rythmes, on retrouve enfin l’alchimie magique que l’on attendait en vain auparavant. Personnellement, je mettrai un 5/5 à ce disque qui possède autant d’imperfections que de génie. En un mot, un enregistrement intéressant – ne serait-ce que pour sa valeur historique – et qui reste assez inégal, tout comme les notes de la musique française…

Sébastien Holzbauer

Autres enregistrements recommandés : Celui de Florence Malgoire et Christophe Rousset, paru chez Pierre Verany.

Technique : Assez catastrophique. Beaucoup de souffle, des timbres aigres et un enregistrement généralement mal équilibré : on a l’impression que l’ingénieur du son s’est contenté de poser un micro à droite et à gauche, sans autre subtilité.

Étiquettes : , , , , , Dernière modification: 23 novembre 2020
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