Etienne RICHARD (ca 1621 – 1669), Professeur du Roy Soleil
Pièces pour clavecin et transcriptions d’Etienne Richard, Louis Couperin, Marin Marais , Jean-Henri d’Anglebert, Jacques Hardel, Luigi Rossi, Pierre de La Barre, Jacques Thomelin, Henry Du Mont, Monnard, René Mézangeau & Germain Pinel
Suite en ré mineur
Etienne Richard : Prélude, Allemande, Allemande, Courante
Joseph Chabanceau de la Barre : Sarabande
Marin Marais : La Polonnoise
Suite en la mineur
Etienne Richard : Prélude, Allemande, Courante, Courante & double, Sarabande
Jacques Hardel : Gavotte
Louis Couperin : Double
Attribué à Etienne Richard : Pavane
Luigi Rossi : Passacaille Del Seigr. Louigi
Suite en ré mineur
Jacques Hardel : Allemande, Courante, Courante, Courante, Sarabande, Gigue
Suite en sol mineur
Etienne Richard : Allemande, Courante, Sarabande
Jean-Henry d’Anglebert : Double
Etienne Richard : Gigue
Suite en sol mineur
Jacques Thomelin : Allemande
Etienne Richard : Gigue
Suite en do majeur
Henry du Mont : Allemande
Jacques Hardel : Courante
Nicolas ou Emery Monnard : Courante, Sarabande
René Mézangeau : Sarabande
Germain Pinel : Sarabande
Louis Couperin : Passacaille
Fabien Armangaud, clavecin Alain Anselm 2014, « construit dans l’esprit des instruments français des dernières décennies du 17ème, et plus particulièrement ceux du facteur toulousain Vincent Tibaut. »
Enregistré en février 2020 au Domaine de la Pailleterie à Amilly (Loiret), 1 CD l’Encelade, 70’24. Parution 5 mars 2021.
Ah, qu’il est difficile de chroniquer un tel disque ! Tout juste paru aujourd’hui, à l’intérêt musicologique certain, l’objet dispose d’une jaquette trompeuse : à la vue colorée de ces cavaliers empanachés du Carrousel de 1662, les auditeurs en mal de fanfares et autres bondissantes réjouissances se tourneront plutôt vers un répertoire plus extraverti dévolu à la Grande Ecurie et la Chambre, tandis que les trop rares productions du mystérieux « professeur du Roy Soleil » ne peuplent qu’environ un tiers de cet opus. Mystérieux Richard indeed. Car comme l’avoue avec franchise Fabien Armangaud, les musicologues ne sont pas même sûrs de l’attribution de certaines pièces, entre le père (Pierre Richard), le frère (Charles) une myriade d’homonymes ou le fameux Etienne, professeur de clavecin de Louis XIV, maître joueur d’épinette à la Chambre du Roy, claveciniste d’Henriette d’Angleterre, et enseignant de clavecin du Roi.
Le pari de Fabien Armangaud a été de rassembler un ensemble de pièces de cet entre-deux du clavecin de la seconde moitié du Grand Siècle, entre l’écrasante présence de Louis Couperin qui clôt la sélection, et l’intimité géniale de son neveu François Couperin le Grand qu’une pièce tendre et affectueuse de Chabanceau de la Barre évoque irrésistiblement. Pléthore d’inconnus, et plaisir de la découverte regroupée en suites en fonction des tonalités. Aussi faudra t-il pardonner l’hétérogénéité des styles, les écarts temporels, les structures assez libres mais conformes aux suites du temps.
Fabien Armangaud défend ces œuvres avec conviction et fluidité. Le toucher noble et retenu, le contrepoint d’une lisibilité claire, les tempi mesurés mais fermes évoquent un art digne sans être sévère, intime sans se livrer à l’abandon. Il y a du Christie et du Kenneth Gilbert dans ces mains là (Le Prélude initial de la suite en ré mineur), mais avec davantage de souplesse, et un zeste de poésie rêveuse échappée ça et là dans un élan perlé. On admire en particulier la Suite en la mineur d’Etienne Richard, son Prélude complexe sans gravité, sa très belle Allemande coulante et souriante. On regrettera quelquefois une approche en demi-teinte pastel qui fait perdre en ampleur des pièces qui auraient pu sonner de manière plus démonstratives ou orchestrales (la Courante et son double un peu sages, l’Allemande ou la Gigue de Jacques Hardel dans la Suite en ré mineur), on regrettera l’élégance qui refuse la fougue (mais certes, ce n’est pas non plus du Scarlatti). Enfin, l’on émettra une réserve quant à là prise de son très claire mais peu chaleureuse, et qui aplatit les sonorités de ce clavecin d’Alain Anselm avec des graves peu présents et des aigus un peu criards.
Mais au-delà de ces quelques regrets, l’intelligence du programme, la rareté des pièces, le noble climat, la maîtrise droite des ornements, les articulations poinçonnées avec une netteté d’orfèvre emportent l’adhésion. Et si l’on n’a pas retenu grand chose des talents de Louis XIV au clavecin (lui qui dans les cordes pincées se faisait plus souvent surprendre la guitare à la main), son maître oublié en était assurément un.
Viet-Linh Nguyen
Prise de son : comme mentionné plus haut, très claire mais peu chaleureuse, et qui aplatit les sonorités de ce clavecin d’Alain Anselm avec des graves peu présents et des aigus un peu criards. A moins que sur ce dernier point, ce ne soit la typicité du clavecin lui-même…
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