Trop aristocratique…
Il existe de ces petites blagues de très nombreuses versions au disque. La plus récente, sous la direction de Christina Pluhar en compagnie de Philippe Jaroussky et Nuria Rial a reçu un accueil parfois mitigé de la critique en raison de son côté jazzy très marqué et très original (Virgin). Celle de La Venexiana est un peu plus neutre, plus orthodoxe. Claudio Cavina revendique toutefois cette idée de musique légère associée à ces canzonette.
De l’art du Madrigal, au féminin
Formée par les soins de Francesco Cavalli, Barbara Strozzi grandit en la république de Venise et prit part dès sa jeunesse à l’activité musicale de la cité. Son père, Giulio Strozzi, fut un des poètes les plus apprécié de son temps – Monteverdi lui commanda deux livrets d’opéra – et fonda en 1637 une académie rattachée à la plus célèbre Accademia degli Incogniti.
Sons et lumières
Le titre est joliment choisi, la jaquette superbe, puisqu’on reconnaît Les Musiciens du Caravage, exposé au Met de New York. Pourtant, cette sélection de sonates, madrigaux ou canzoni porte mal son nom puisqu’on y trouvera plus de lumière que d’ombre, plus de couleurs que d’obscurité.
Monteverdi, cheek to cheek
Avril 2009. Voilà un enregistrement qu’on aime ou qu’on quitte. Un enregistrement qui flirte allégrement avec le jazz, qui use et abuse des syncopes et d’une attitude nonchalante et détendue. Où l’Italie du XVIIème siècle s’oublie dans les cabarets d’outre-Atlantique. Cette vision, qui nous avait seulement partiellement convaincus en concert, réussit étonnamment son passage au disque, sur un théâtre d’amour d’une rare finesse, où la poésie affleure, et où il fait bon skater.
« Il y a un temps pour tout, un temps de pleurer, un temps de rire, un temps à se lamenter et un temps de danser. » (L’Ecclesiaste)
« Lamenti » Francesco Cavalli (1602-1676) L’Egisto : « D’Hipparco e di Climene ospiti miei » (8) La Didone : « Acate,...
Une ébouriffante latinité
Noël 2008. Le premier récital de Verónica Cangemi a su se hisser d’emblée loin au-dessus de la compilation virtuoses de tubes opératiques grâce à une sélection toute personnelle, qui regroupe nombres d’airs baroques italiens et de manière plus surprenante de la musique d’Amérique latine.
Un mysticisme brûlant (Monteverdi, Vespro della Beate Vergine, Hanns-Martin Schneidt – Archiv)
Les Vêpres à la Vierge de Monteverdi furent rarement enregistrées avec de seules voix masculines, et les circonstances de leur exécution, sans doute à Saint-Marc de Venise avec ses doubles tribunes, relativement peu documentées. Suivant la règle mulier tacet in ecclesia (les femmes se taisent dans l’église, pardonnez mesdames la traduction un peu rustre), Hanns-Martin Schneidt proposa voici plus de 20 ans cette interprétation d’une ferveur mystique, avec chœur d’enfants, et dont l’impact émotionnel est toujours aussi présent.
Des petits rien qui en disent beaucoup
Et dire que Monteverdi considérait ses scherzi musicali comme de petites bagatelles amusantes, chansonnettes diverses (canzonette, divertimenti, arie…) à peine dignes de figurer aux côtés de ses madrigaux ! Qu’elles relèvent de la prima prattica ou de la seconda prattica, ces petites pièces sont autant d’ouvrages d’orfèvre…
L’humanité en Cathy mini
L’autre jour, en nous perdant dans les rangées de disques qui parsèment nos locaux, nous sommes tombés sur Cathy Berberian sings Claudio Monteverdi. La jaquette était hideuse dans son alliance de bleu et de rose, orné d’une grosse fibule qui était en réalité une sorte d’horloge de table. En outre, une partie du récital n’est de plus constituée que d’extraits des enregistrements de l’Orfeo ou du Couronnement de Poppée où la soprano incarnait respectivement avec une humaine fragilité la Messagère du malheur ou l’Impératrice répudiée…
Le Printemps d’Othon
L’homme fait les cent pas. Il marche sans marcher, tourne sans refermer son cercle. L’herbe s’est courbée sous ses passages répétés. Le jour se lève bientôt, mais il ne s’en aperçoit pas. La tête baissée, les pans de sa toge maladroitement relevés, l’épaule basse, la silhouette désespérée est plongée dans une amère rêverie. De temps à autre, cette masse en mouvement frissonne, re-ajuste le drap de laine, reprend son manège. Cet homme sera empereur. Plus tard. Pour le moment, le futur maître du diadème qui ceint la Méditerranée n’est rien qu’un amant blessé : Othon.
« Come dolci, Signor, come soavi…
…riuscirono a te, la notte andata, di questa bocca i bacci, murmure Poppée l’intrigante, c’est-à-dire As-tu trouvé assez doux et suaves, la nuit dernière, les baisers de ma bouche, seigneur, et voilà Néron ferré, éperdu d’amour, prêt à sacrifier son maître Sénèque, sa femme Octavie et l’Empire.
Sublime !
Enfin, aurait-on eu envie de dire, car l’Orfeo n’est pas une œuvre facile d’accès au public non italianisant : comme pour tout opéra inscrit dans le drame et dans la parole, il faut en comprendre le texte ; or comprendre le texte dit avoir les yeux rivés sur le livret pendant l’écoute, ce qui est loin d’être idéal. Le DVD est souvent un moyen adéquat d’avoir la musique et le livret sous les yeux sans effort, avec en prime, quand tout va bien, le drame qui se déroule réellement sous nos yeux, comme si on y était.