Antonio VIVALDI (1678-1741)
Vespro a San Marco
Chœur de Chambre de Namur
Les Agrémens
Direction Leonardo Garcia-Alarcon
69’52 et 47’56, 2 CDs AMY 029, Ambronay editions, enregistré en octobre 2010 en l’Abbaye d’Ambronay[clear]
Leonardo Garcia Alarcon signe ici un bien joli projet qu’il a lui-même concocté avec art. Puisant dans la munificente production sacrée de Vivaldi il a agencé divers motets pour créer des Vêpres en l’honneur de Saint-Marc, patron de la Sérénissime. En cette fin de XVII° et début du XVIII° siècle les églises, salons, théâtres et palais de Venise bruissaient de musiques aussi riches que variées. Vivaldi n’était pas en reste. Ces motets composent un ensemble très convaincant, avec des interventions bienvenues de plain-chant. La fête peut battre son plein, la musique rayonne, diffuse une exaltation fastueuse pendant près de deux heures sans jamais lasser.
Très engagé Garcia Alarcon instille un feu dévorant à ces pages. Les tempi vifs les rythmes tenus sont assouplis avec bonheur par un phrasé élégant et des nuances bien dessinées. La danse s’invite souvent avec grâce ! Le Chœur de Chambre de Namur est tout à fait excellent. Les pupitres sont tous splendides, les nuances vivement offertes et les respirations sont celles de la vie même. Quel dommage que la prise de son les laisse dans une ombre acoustique et entretienne ainsi un son réverbéré à l’excès et très lointain ! C’est pourtant le chœur dans ses interventions qui apporte le plus de chaleur et de fête à ces Vêpres. Les solistes et l’orchestre sont honnêtes sans atteindre la splendeur du chœur et bénéficient d’une proximité de prise de son des plus artificielles. Le micro dans la bouche, les voix semblent immenses par rapport aux chœurs ! Il n’est donc pas possible de parler de solistes qui semblent surdimensionnés au disque et sont certainement bien plus modestes en concert ! Les instruments de l’orchestre, peu présents dans les tutti avec chœur, prennent la pose comme des solistes lors des airs avec probablement des micros baladeurs un peu trop proches ou des réglages de potentiomètres excessifs.
Il est rare de tant parler de prise de son, mais cet enregistrement souffre de ce coté ci et il convient de prévenir nos lecteurs, tant elle semble multiple est incohérente. Elle gâche la musicalité fine de l’interprétation plus devinée qu’offerte. Le label Ambronay nous avait habitué à plus de cohérence. Même si l’Abbatiale n’est pas d’une acoustique facile ces deux CDs souffrent de la conjonction de l’acoustique réverbérée et d’une prise de son trop variable qui est tour à tour trop lointaine ou trop proche. On pense même à l’occasion que ce n’est ni le même ensemble, ni le même preneur de son, tant les variations sont gênantes. Un effort aurait pu être fait par le directeur artistique pour exiger plus de naturel dans la restitution d’un si beau programme, original et parfaitement restitué musicalement mais trahi par la technique. En somme, le concept de maillon faible existe et la prise de son est loin d’être négligeable. Même certains applaudissements semblent rajoutés, alors qu’il y a déjà amplement matière à ovationner de tels interprètes !
Hubert Stoecklin
Technique : captation artificielle voire anti-musicale, chœur lointain, solistes et orchestre surdimensionnés