Jean-Sébastien BACH
Concerto en do mineur BWV 1056R (d’après le concerto pour clavecin 1056 et la Sinfonia de la Cantate BWV 156),
Concerto en do majeur 1053R (d’après le concerto pour clavecin 0153, la Sinfonia et l’Aria de la Cantate 18 et la Sinfonia de la Cantate BWV 49),
Concerto en do mineur/majeur 209R (d’après la Sinfonia et les deux Arias de la Cantate BWV 209) ;
Suite en do mineur 1067R (d’après la Suite BWV 1067) ;
Larghetto en mineur 1055R (d’après le Concerto pour clavecin BWV 1055 en la majeur)
Hugo Reyne : flûte à bec
Les Musiciens du Soleil :
Guillaume Humbrecht : premier violon
Laurie Bourgeois, Gabriel Ferry : violons 1
Koji Yoda, Minori Deguchi, : violons 2
Céline Lamarre : alto / viola
Etienne Mangot : violoncelle
Jean-Marc Faucher : contrebasse
Yannick Varlet : clavecin
1 CD HugoVox 004, 73′
Voici un enregistrement à l’image d’Hugo Reyne, paisible, fluide, d’une douceur bienveillante, un peu monomaniaque, flûte à bec soliste constante oblige (pas même de tentative d’utiliser un traverso ?). Avouera t-on rester un peu sur notre faim ? C’est qu’il y a eu le magnifique double opus de Frans Brüggen (Séon), plus profond et plus poétique. Et aussi que bien des fois, nous nous sommes dits que les versions pour violon ou hautbois étaient plus convaincantes, bien que moins suggestives peut-être. Et puis il y a les Musiciens du Soleil, qui en tant que collectif sont des fruits qui doivent encore mûrir, et n’ont pas encore atteint la qualité de leurs devanciers de la Simphonie du Marais des grands jours, cette pépinière de chefs qui nous offrit autrefois des pépites comme la Diane de Fontainebleau de Desmarest ou un Atys superbement ciselé et pensé. Les Musiciens du Soleil ne déméritent pas, mais n’ont pas atteint un tel niveau de cohésion, de naturel, de densité et de noblesse, fruit d’un voyage et d’une histoire communes. Par rapport à l’excellent enregistrement précédent consacré à Scarlatti (HugoVox), l’on regrette le violon solaire et si subtil de Stéphanie Paulet. Aussi a t-on le sentiment qu’Hugo Reyne flotte loin devant ses collègues, tel un oiseau au souffle long, au battement d’ailes aérien et souriant, traçant avec éloquence et sensibilité son sillon mélodique si humain.
Le Largo du Concerto en do mineur est très évocateur, mais le mouvement introductif comme le Presto souffrent d’un orchestre un peu lourd, aux lignes denses mais manquant de clarté, aux textures peu individualisées. La basse continue est souvent peu audible, même le clavecin de Yannick Varlet. La Sicilienne du Concerto en do majeur glisse trop rapidement, et sans crescendo par palier, ce qui oblitère tout effet dramatique mais la flûte d’Hugo Reyne est extraordinaire de couleur et d’évidence mélodique. Le Concerto en do mineur d’après la cantate BWV 209, sur un arrangement d’Hugo Reyne, est passionnante. On regrette des tempi un peu trop routiniers, une pulsation sereine, mais la transcription convainc, et un regain de nervosité des violons sans brutalité, une once d’Italie plus virtuose font de ce concerto une découverte appréciée de l’album, notamment son hypnotique Tempo giusto introductif. L’on passera sur l’arrangement de la Suite BWV 1067, à la fois pataude, monochrome, d’une flatterie curiale, et finalement beaucoup mieux servie par l’original. Le Larghetto tiré de la BWV 1055 conclut en beauté l’enregistrement, et l’on aurait préféré à la place de la Suite bénéficier de toute la retranscription du concerto en version pour flûte à bec. Equilibre, précision, naturel. Tout est dit. Un disque inégal. Pour les inconditionnels de Bach. Et toujours pour Hugo à couper le souffle.
Viet-Linh Nguyen
Technique : la captation est meilleure que l’opus précédent d’Hugo Vox (un Scarlatti très sec), même si Hugo Reyne est trop en avant et la balance générale un peu artificielle avec des timbres instrumentaux peu détaillés (violoncelle et clavecin en particulier).
Étiquettes : HugoVox, Jean-Sébastien Bach, Les Musiciens du Soleil, Mangot Etienne, Muse : argent, musique pour orchestre, Reyne Hugo Dernière modification: 2 juillet 2024