"Nella pupille tue folgora il lume", Almirena (dedans tes yeux rayonne la clarté)
L’on serait presque enclin à soupirer devant un énième récital d’airs de Haendel, à la jaquette légèrement Andy Wahrolisée. Certes, la distribution en est alléchante, avec deux grandes dames du baroque que le livret encense sans mesure, mais l’on se dit tout de même que ces florilèges démembrant les airs des opéras sont autant de carottages géologiques d’un massif autrement plus intéressant.
Une basse au royaume du baroque
Dans un univers vocal où les contre-ténors disputent la vedette aux sopranos à coup d’aigus flamboyants, quelle place reste-t-il pour les basses baroques ? L’enregistrement de Lorenzo Regazzo vient nous rappeler avec brio que les airs pour basse du répertoire haendélien, s’ils ne sont pas les plus connus, illustrent tout aussi bien l’art virtuose du Cher Saxon.
Savoir prendre de la Otter
Nous avouons compter parmi les inconditionnels d’Anne Sofie von Otter. Tout était ici réuni pour notre plaisir, la sublime musique du Kantor, la voix de caméléon d’Anne Sofie, la légèreté aérienne et piquante du Concerto Copenhagen… Et malgré l’indéniable qualité du résultat, voilà un enregistrement qu’on ne parvient pas à adopter, qu’on ne s’approprie pas vraiment, et qu’on hésite à qualifier de demi-succès.
De l’insoutenable légèreté de l’être
Sous l’égide de Bertrand Cuiller la musique s’apparente à une élégante conversation, un badinage mondain, plein de saillies spirituelles. Evitant les tempi trop lents, l’artiste offre une lecture jubilatoire et cursive des concertos pour clavecin de Bach, dont la texture est encore allégée par le recours à un soliste par parties.
En voilà un qui ne manque pas d’air !
Pour les baroqueux que nous sommes, voici un disque qui, de prime abord, attire la méfiance : une jaquette accrocheuse, un titre aguicheur, un artiste confirmé mais point nourri du sérail des cordes en boyaux depuis sa plus tendre enfance. Ajoutons à ces éléments suspects la présence de tubes, avec l’air de la Suite pour orchestre n°3 de Bach, le Canon de Pachelbel (mais bien complet car flanqué de sa Gigue) une transcription pour violon de la Sarabande de Haendel, désormais célèbre depuis le non moins fameux Barry Lindon…
“Personne, me semble-t-il, / N’accorde de valeur à aucun don de Nature, / Pour valable qu’il soit, / S’il ne se trouve coloré / Par l’obscure et ténébreuse clarté de Fortune”
Tout à la fois poète des notes et musicien des mots, Guillaume de Machaut écrivit, au cours du XIVe siècle déclinant, plus de deux-cent Balades dans lesquelles il raconte ses joies et peines de cœur. La Balade trouve son origine dans les chants de trouvères du Haut Moyen-âge, et sans doute dans le verbe latin ballare, devenu danser aujourd’hui…
La beauté, source de vie
Il canto d’Orfeo nous mène aux sources du baroque, aux sources de l’opéra. La voix que cet enregistrement nous fait entendre est celle qui chante les amours perdus, mais qui ne meurt jamais, tant que la lyre vibre à l’unisson du monde… Mais si la lyre devenait muette qu’adviendrait-il ?
La flûte de Céladon
Après un premier volume consacré aux brunettes et contredanses du XVIIIe siècle (À l’ombre d’un ormeau, Alpha 115), Les Musiciens de Saint-Julien s’attaquent dans ce nouvel opus à la musique gravitant autour de l’univers pastorale : flûte et musette jouées par François Lazarevitch sont à l’honneur avec les grands noms du répertoire baroque instrumental français
Nunc gaudere licet
Les Humeurs d’Orlande, qui est le sous-titre que propose Jean Tubéry à ce programme composé de motets de trois à six voix, pour la plupart inédits au disque, en révèle peut-être un peu plus sur cet enregistrement dont le titre premier peut frapper par son austérité.
Amour me paict d’une telle Ambroisie.
L’originalité, la fantasquerie et l’espièglerie de Roland de Lassus ne sont plus à démontrer — chaque nouvelle écoute du compositeur nous le prouve et révèle une fois de plus. Sa reconnaissance en son temps comme le plus que divin Orlande (dixit Monsieur de Ronsard in person), ainsi que son influence, sont également indéniables.
Un Bach dégraissé
Voici Bach à la diète. Non celle de Ratisbonne, mais en cure d’amincissement. Bach à Bath en somme. Il faut dire que toute la profession semble s’acharner sur le pauvre homme. Le Dr. Rifkin a fait des émules depuis 1981, et les Dr. Parrot, Butt, McCreesh, Junghänel, S. Kuijken puis Pierlot ou Minkowski se sont ralliés, avec plus ou moins de bonheur, à ce traitement de choc.
Sage comme une image
Le 3ème volume de le nouvelle collection du label Hérissons Prod. s’illustre par sa jaquette très artistique, avec l’énigme de cette sandale en noir et blanc posée sur les pavés. Hélas, l’enregistrement manque justement du mystère et du contraste de la photographie de sa jaquette, en dépit du talent certain des artistes rassemblés.
Chronique d’une mort annoncée
Quand le très sérieux Institut Antonio Vivaldi donna son satisfecit à la partition découverte par le claveciniste tchèque Ondrej Macek, les mélomanes vivaldovores furent hautement ravis par les promesses d’une œuvre totalement méconnue, d’une période tardive du prêtre roux. L’enregistrement à Prague de cette partition retrouvée dans la demeure familiale de Regensbourg des Princes Thurn und Taxis, fit trépigner d’impatience.
Et au milieu coule une rivière…
On ne compte évidemment plus le nombre d’enregistrements disponibles de ce must du répertoire pour clavecin (bien que certains le concèdent au piano — nous nous réprimerons cependant de statuer sur la question — sans même oser mentionner les transpositions plus hasardeuses pour ensembles d’instruments, ou autres solistes non-klavieristes).
Un Hamburger qui se déguste
Bernhard et Herwich sont pour nous deux parfaits inconnus, et cet opus original consacré à la musique religieuse et instrumentale vers 1652 risque hélas fort de passer inaperçu dans les bacs des disquaires…
Ma, dove sta la stravaganza ?
A la première écoute, deux réflexions viennent à l’esprit : Tiens, un Vivaldi où le soliste n’est pas le violon, mais en général la flûte à bec et C’est curieux, j’avais cru lire Stravaganza sur la pochette ; or, en fait d’extravagances, le rendu semble plutôt timide et adouci.
Les Sonates de la Roseraie
Les Sonates du Rosaire comptent parmi les chefs d’œuvre de Biber. Divisées en 15 Mystères soigneusement copiés dans un luxueux manuscrit avec gravures conservé jalousement à la Bibliothèque de Munich, le cycle retrace la vie du Christ depuis l’Annonciation à l’arrivée au temple (Mystères joyeux), pendant la Passion (Mystères douloureux), et lors de la Résurrection et le Couronnement de la Vierge (Mystères Glorieux).
Bertali ? Vous voulez parler de Cecilia ?
Voici le genre d’excellent CD qui ne permettra jamais à Arcana de faire fortune, cas d’école de la mélomanie anti-marketing. Prenez un compositeur quasi inconnu, un titre de recueil impossible à retenir en dépit des moyens mnémotechniques les plus développés, un chef éminemment talentueux mais peu célébré de ce côté-ci des Alpes et de surcroît au nom difficilement prononçable.
