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mise à jour 20 janvier 2014
| Genre : opéra Henry Purcell (1659-1695) Didon et Enée (1689) Opéra en un prologue et trois actes, sur un livret de Nahum Tate d'après Virgile (L'Enéide)
Malena Ernman (Didon), Christopher Maltman (Enée), Judith van Wanroij (Belinda), Lina Markeby (seconde dame), Hilary Summers (magicienne), Céline Rici (première sorcière), Ana Quintans (seconde sorcière), Mark Mauillon (l'Esprit), Damian Whiteley (un marin) ; Fiona Shaw (prologue déclamé)
Mise en scène : Deborah Warner
Chœur et orchestre des Arts Florissants Direction : William Christie 63'51, enregistrement Fra Musica, 1 DVD, Opéra-Comique, 2009. Représentation de décembre 2008 à l'Opéra-Comique, avec un bonus "entretien avec William Christie et Deborah Warner"
D'amour et de mort
Nous avions assisté l'année dernière aux représentations à l'Opéra Comique. Dans l'entretien qui accompagne l'enregistrement, William Christie explique sa démarche pour restituer l'œuvre dans la production de l'Opéra Comique. Il estime que la musique est probablement antérieure à sa création connue, et émet l'hypothèse qu'il s'agissait à l'origine d'un opéra destiné à la cour (ce qui justifierait les nombreuses danses). La partie orchestrale mérite selon lui une formation nettement plus étoffée, calquée sur la composition des orchestres français alors en vogue à Londres. Deborah Warner expose de son côté le choix des poèmes déclamés lors du prologue, appuyés de quelques mesures instrumentales. Tous deux soulignent le soin apporté au choix des interprètes dans cette production, afin qu'ils soient crédibles scéniquement. Disons d'emblée que le résultat est assez séduisant, même s'il est un peu décalé par rapport à des versions plus familières à nos oreilles. Si le choix des poèmes du prologue est évidemment contestable, puisqu'il s'agit d'une "restitution" de pages perdues, leur déclamation par Fiona Shaw est tout à fait convaincante. Les décors, dépouillés mais suggestifs, bénéficient de changements à vue comme il était d'usage à l'époque. Les costumes (en particulier féminins) sont particulièrement soignés et agréables à l'œil ; par contraste ceux d'Enée sont un peu plus frustres, rappelant que l'aventurier a quitté Troie sous les flammes... L'irruption répétée des enfants aux trois actes donne une touche de fraîcheur juvénile, évoquant évidemment les circonstances de la création au pensionnat de jeune fille, mise en doute par Christie dans son entretien. Ces irruptions participent aussi d'un parti pris de mise en scène appuyée : les poses presque lascives de Didon et Enée au second acte, les sorcières qui fument et boivent, le marin qui s'exhibe lors du départ...On peut aimer ou pas cette lecture de l'opéra de Purcell à la manière du théâtre de Shakespeare, mais outre qu'elle est historiquement plausible elle en renforce l'intensité dramatique. Vocalement aussi le plaisir est au rendez-vous. La Didon de Malena Ernman possède un timbre dramatique et expressif, aussi à l'aise pour exprimer les frissons de l'amour naissant au premier acte que lors de sa rupture et de sa fin funeste au troisième acte. Son phrasé est impeccable, et soutenu par un jeu de scène très expressif. A ses côtés, Judith van Wanroij campe une Belinda de premier plan. Sa voix légèrement acide possède une clarté délicate, sa diction est soignée. Son "Pursue thy conquest, Love" est preste et enlevé, triomphal, tandis que le "Thank to these lonesome vales" au second acte est un pur moment de poésie. On retiendra aussi le beau duo " Fear no danger to ensure" avec Lina Markeby (seconde dame) au premier acte. De cette dernière on appréciera aussi le timbre juvénile dans l'air du second acte "Oft she visits this lone mountain". Dans le rôle d'Enée, le ténor Christopher Maltman nous gratifie d'un timbre charnu, opulent dans les graves, et doté d'une bonne projection. Son jeu de scène est également très crédible, en particulier lors du moment délicat des adieux. On ne peut malheureusement en dire autant de Mark Mauillon, esprit à la voix frêle et manquant décidément de profondeur pour un baryton digne de ce nom. En revanche au troisième acte Damian Whiteley campe de façon convaincante un marin sûr de lui, séducteur un peu facile, à la voix tout à fait honorable. La magicienne Hilary Summers déploie un timbre caverneux qui sied à son emploi. Sa déclamation s'appuie sur une projection puissante, qui souligne son cynisme maléfique. Autour d'elle on pourra noter le timbre agile de Céline Rici (première sorcière), et la prestation honorable d'Ana Quintans (seconde sorcière). Les deux trios des sorcières (aux deuxièmes et troisièmes actes) sont dramatiquement tout à fait réussis. Enfin les choeurs sont vigoureux et bien rythmés. A la tête des Arts Florissants, William Christie met en valeur la richesse et la délicatesse de la partition à travers une direction expressive et dynamique, relayée avec enthousiasme par l'orchestre. Au chapitre présentation, un petit regret : le coffret comprend une plaquette sur l'œuvre, mais sans livret. Au total une production réussie tant au plan vocal que scénique, et une fois de plus merci monsieur Christie qui renouvelez la lecture de cette œuvre maintes fois représentée et enregistrée, pour notre plus grand plaisir...
Lamento final de Didon
Technique : prise de son claire, bien spatialisée, captation vidéo agréable et fluide. Lire aussi :
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Affichage minimum recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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