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6 janvier 2014

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Chronique Concert

Purcell, Blow, Songs & Odes

Le Concert Français, Ensemble vocal Sagittarius, dir. Gustav Leonhardt

 

 

Gustav Leonhardt - D.R.

 

Songs & Odes

Le Concert Français

Ensemble vocal Sagittarius

 Clavecin & direction Gustav Leonhardt

 

Henry PURCELL (1659-1695)

"Love's goddess sure was blind this day", Birthday Ode for Queen Mary, Z 331

"This poet sings the Troyan wars",Anacreon's Defeat, Z 423

"The genius, lo!", Z 604/A

"O solitutude, my sweetest choice", Z 406

"Come, ye sons of art, away!", Birthday Ode for Queen Mary, Z 323

 

John BLOW (1649-1708)

"Ah Heav'n, what is it I hear?"

"Sherpherds deck your crooks"

"Why weeps Asteria"

An Ode, on the Death of Mr. Henry Purcell

 

Nuria Rial (soprano), David Sagastume, Artur Stefanowicz (contre-ténors), Charles Daniels (ténor), Harry Van der Kamp (basse)

 

Ensemble vocal Sagittarius, Michel Laplénie (chef de chœur)

Le Concert français, Pierre Hantaï (clavecin)

Gustav Leonhardt, clavecin et direction

 

15 Septembre 2009, Cité de la Musique, Paris

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"Ah Heav'n, what is it I hear?"

C'est dans la salle des concerts de la Cité de la musique, au plafond garni de gros projecteurs, que Gustav Leonhardt nous avait conviés pour cette nouvelle immersion dans son "Domaine privé", devenu maintenant un rendez-vous annuel. Cette nouvelle série de cinq concerts était consacrée aux grandes figures musicales du XVIIème siècle britannique, dont Purcell fut peut-être la plus emblématique.

L'ode Love's goddess sure was blind this day ouvre le concert ; en dépit d'une petite imprécision de départ, le Concert Français révèle rapidement une belle cohérence tout en préservant à chaque pupitre sa singularité. Les deux violoncelles (Etienne Mangot et Rainer Zipperling) donnent une assise sûre et bien marquée à l'ensemble, permettant aux dessus de développer un phrasé subtil, sous la direction inspirée du chef. Dès les premières mesures en effet, la direction de Leonhardt retient l'attention : mélange de souplesse et de rigueur d'où aucun geste inutile ne s'échappe, sa gestuelle accompagne les phrasés - mais sans emphase - et dessine chaque élément singulier des voix, ici une dissonance, là un contre temps qui se voit pointé du doigt. L'image que l'on avait du claveciniste distant et austère laisse ici place à celle d'un élégant jeune homme de 81 ans, en costume gris trois pièces, plein de grâce et de sensibilité. Il n'en allait malheureusement pas ainsi de tous les interprètes présents ; il y eu parmi les solistes quelques heureuses rencontres mais la plupart s'est révélée assez décevante, malgré la profusion de virtuosité et de timbres envoûtants que nous laissaient espérer les biographies de chacun.

David Sagastume, premier à entrer en scène, témoigne d'une voix dense et assez charnue que l'on peut aisément rapprocher de celle de Carlos Mena, son professeur. Le timbre est agréable, quoiqu'un peu chargé, les registres médium et grave les plus puissants et mieux développés. C'est une voix rigide, trop canalisée, qui exécute parfaitement les vocalises ("Many such days may she behold"), mais manque parfois de naturel et de limpidité. Son pendant Artur Stefanowicz n'a pas semblé être au mieux de sa forme ; contrairement à la voix bien soutenue de Sagastume, la sienne – plus légère et diffuse – laisse percevoir un filet d'air trop présent qui la rend fébrile dans les passages légato, inconsistante dans les vocalises. Les deux contre-ténors nous ont, malgré ces lacunes, offert de beaux moments, notamment dans l'Ode on the Death of Mr Henry Purcell de John Blow, où leur voix semblaient trouver ce qu'ils leur manquaient de quiétude pour s'épanouir pleinement.

L'impression laissée par Harry Van der Kamp fut plus mémorable : son entrée imposante, tonnante et tout en puissance ("Those eyes, that form, that lofty mien")  nous éblouit de son incroyable projection vocale, au détriment de la souplesse et de la précision d'un discours discours trop saccadé. Aussi avons-nous été heureusement surpris lors du "O solitude, my sweetest choice" lorsqu'il fit montre de plus de nuances et de subtilités, bref de musicalité. La rutilance des basses avait cédé la place à plus de délicatesse et de fluidité. Le duo avec Nuria Rial ("See Nature, rejoicing, has shown us the way") constitua ce soir-là sa plus belle performance en ajustant à la fois les force, couleurs et texture de sa voix à celle de la soprano. Cette dernière fut en quelque sorte la révélation du concert. Dès le "Long may she reign over this isle"  sa voix charmante témoigne d'une grande aisance ; les aigus sont lumineux et bien placés, le phrasé parfaitement mené et la tension toujours là ("Bid the Virtues, bid the Graces" de l'Ode pour l'anniversaire de la Reine Mary), alors même que la soprano chante avec un grand naturel.

Enfin, après n'avoir fait qu'une brève intervention dans la première partie du concert, Charles Daniels montra dans la seconde avec quelle agilité il maniait les vocalises et les détours harmoniques ("Why weeps Astria" de Blow), tout en servant le texte par une excellente prononciation. Tout comme la soprano, il fit preuve d'une plus grande implication que les autres chanteurs qui gardaient bien souvent les yeux rivés sur leur partition, et accentuaient par là la distance avec l'auditeur.

Au final, ce premier concert nous laissa un petit peu sur notre faim malgré la beauté des œuvres proposées et la lecture originale qu'en fit Leonhardt. Notons néanmoins la richesse du chœur Sagittarius de Michel Laplénie, très homogène et porteur d'une réelle dynamique qui combla aisément, avec les instrumentistes, les quelques déceptions causées surtout par les contre-ténors.

Isaure d'Audeville

Site officiel de la Cité de la Musique :  www.citemusique.fr

Domaine Privé Gustav Leonhardt (Paris, 15-19 septembre 2009)

 

16 septembre, Cité de la Musique : Œuvres de Henry Purcell & John Blow, Sigiswald, Sara & Wieland Kuijken, Gustav Leonhardt

 

17 septembre, Saint-Louis-en-l'Ile : Muffat, Purcell Blow et alii, Récital d'orgue, Gustav Leonhardt

 

 

 

Affichage recommandé : 1280 x 800

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