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mise à jour 6 janvier 2014
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Chronique Concert Purcell, Blow et alii
Sigiswald, Sara, Wieland Kuijken & Gustav Leonhardt
Gustav Leonhardt © Wikimedia Common, 2008
John Blow (1649-1708) Chaconne en sol mineur
Henry Purcell (1659-1695) Sonatas in Four Parts: Sonata IV en ré mineur, Z805 (Adagio, Canzona, Adagio, Vivace, Largo) Sonata VI en sol mineur, Z807 (Chaconne) Sonatas of III Parts, Sonata XI en fa mineur, Z800 (Grave, Canzona, Adagio, Largo) Suite en ré majeur, Z667 (Prélude, Almand, Hornpipe) A New Ground en mi mineur, ZT682 Ground en ré mineur, ZD222 Chaconne de Dioclesian
Dietrich Buxtehude (1637-1707) Praeludium en sol mineur, BuxWV163
Johann Kasper Kerll (1627-1693) Toccata cromatica con durezze e ligature
Juan Bautista José Cabanilles (1644-1712) Toccata 1 Pasacalles 4
Anonyme autrichien Suite en do majeur (Allemande, Courante, Sarabande, Pastorella, Menuet)
Antonio Martin y Coll (?-1733) Falsas cromaticas
Johann Pachelbel (1653-1706) Fantasia en mi bémol majeur
Jean-Henry d’Anglebert (1629-1691) Prélude en ré mineur
William Croft (1678-1727) Ground en do mineur.
Sigiswald Kuijken, Sara Kuijken (violons), Wieland Kuijken (viole de gambe), Gustav Leonhardt (clavecin). Fac-similé du clavecin Vincent Tibaut, Toulouse 1691, conservé au Musée de la musique, Emile Jobin, Boissy l’Aillerie, 1994.
16 septembre 2009, Cité de la Musique, Paris. “Struck dumb, they all admir’d the matchless man” — John Dryden Inutile de rappeler que Gustav Leonhardt, que les membres de la famille Kuijken sont tous de grands maîtres de leurs instruments respectifs. Inutile de rappeler qui ils sont, et de redire encore combien ils ont travaillé ensemble, avec un plaisir et une évidence qu’ils ne cachent pas.Et c’est évidemment ce qui saute une fois de plus au yeux, quand on les voit tous les quatre s’installer tranquillement devant leurs pupitres, comme s’ils allaient s’amuser à un petit récital intime entre eux, s’accordant avec une certaine nonchalance, Gustav faisant de sa main gauche éternellement recouverte d’une mitaine grise quelques signes discrets pour indiquer à Sigiswald de remonter une note. Et c’est cette simplicité que l’on retiendra de tout le concert. Car tout paraît simple en les voyant jouer, en les écoutant délicatement investir ces pièces. Lorsqu’ils jouent à quatre, tout est tellement évident et cohérent qu’on se surprend presque à se demander pourquoi l’on se tracasse tant à tâcher d’appréhender certaines partitions, à en démêler les complexités. Tout est sur une ligne, tenue avec simplicité et légèreté: le continuo de Gustav et Wieland laissant flotter les deux violons de Sigiswald et de Sara au-dessus d’eux, tout en les suivant et les élevant. Les violons se répondent avec grâce (Sonata VI, Z 807) dans un même mouvement, nous régalant de trilles si légers qu’on ne les remarque qu’à peine. Le son s'avère ample, rond, et précis, et tous les timbres chantent avec grâce et fluidité. C’est tout simplement juste, sans aucune flagornerie, parlant directement aux sens et à l’âme. Quant à Gustav Leonhardt seul au clavecin — près de la moitié du concert étant dévolue à des pièces de clavecin solo —, que peut-on en dire de plus? Lui-même parle de présenter la musique, plutôt que de l’interpréter. Et c’est exactement ce qu’il fait. Car il joue tout bonnement la musique, telle qu’elle est écrite, mais nous la donne vraiment à entendre, avec une effarante force, une rigueur millimétrée, un savoir-faire désormais légendaire. La suite en do majeur de l’anonyme autrichien - d’une précision diabolique - n’a l’air de rien, les trilles de l’allemande d’une aisance confondante, la ligne tenue sans relâche, le toucher des courante, sarabande et passacaille tellement gracile et élégant que c’en tient presque du surnaturel, avant de finir sur un menuet aux temps marqués, précis qui sonnent, mais qui ne sont jamais assénés ni abattus. Les Falsas cromaticas de Martin y Coll sont d’une douce noblesse… A tel point qu’à la Fantaisie de Pachelbel, tout finit par s’effacer, l’affreux orgue qui orne le fond de la salle de l’Amphithéâtre de la Cité, la salle entière, puis le clavecin de Gustav, et enfin Gustav lui-même — ne reste plus que la musique, pure. Une musique portée par un clavecin aux basses du premier jeu amples et rondes, au son doux, apaisant, un peu feutré. Les basses ouvertes du deuxième jeu soutiennent avec douceur des notes hautes claires, délicates et cristallines (Suite en ré majeur, Z 667 de Purcell), notes sonnées par une main droite calme et reposée. Le son est tellement chaud et rond qu’on a presque l’impression d’être tendrement pris dans les bras, d’une manière agréable et réconfortante. Et arrivé au prélude de la Suite en ré mineur — que votre serviteur avait déjà tant aimé dans le disque de Laurent Stewart (ZZT)—, nous savions que nous ne ressortirions définitivement pas indemne de ce concert. Nous étions pris, happé par ce jeu indescriptible, qui, malgré la complexité virtuose de la pièce, restait tellement simple et suave en apparence, et nous ne voulions qu’une chose, c’était que ça ne s’arrête jamais, pour pouvoir continuer à verser des larmes de bien-être, traduction de la magie, et de la spiritualité musicale pure qui envahissait alors la salle. "C’est donc ça la musique? — hé bien, c’est beau !"
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Affichage recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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