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6 janvier 2014

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Chronique Festival

 

 

Marc-Antoine Charpentier,

Motets à trois voix d'hommes,

Les Passions, dit. Jean-Marc Andrieu

  

 

© J.-J. Ader

 

Marc-Antoine Charpentier

Motets à trois voix d’hommes

 

Vincent Lièvre-Picard (haute-contre), Howard Crook (taille), Jean-Manuel Candenot (basse)

Les Passions, orchestre baroque de Montauban

 

Direction  Jean-Marc Andrieu

 

Samedi 22 octobre, Temple des Carmes - Montauban (82)

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Beata est

Le grand concert du soir par l’ensemble hôte du festival dans le Temple des Carmes, était l’occasion de proposer au public en avant-première, le CD enregistré cet été du programme réunissant des motets de Charpentier pour trois voix d’hommes. La supériorité à tout autre de Charpentier dans ces pièces intimistes est frappante. Une qualité mélodique digne de l’Italie irrigue ces parties et la richesse harmonique de la basse continue est unique en cette époque. Les envolées des violons et la chaleur des flûtes ajoutant toute la grâce française des couleurs et les volutes de la passion dans une luxuriance quasi profane. Comme on comprend l’engouement de la cour de Louis XIV à entendre ces concerts spirituels, souvent bien plus chantants que les tragédies officielles moulées dans le carcan quino-lullyste trop souvent étouffant l’émotion. Dans une écoute quasi fusionnelle de tous les artistes, musiciens autant que chanteurs, la sensualité de cette musique a pu se répandre sans heurts. Le choix des trois voix masculines révèle une parfaite connaissance de leurs pouvoirs mutualisés pour enlever le public du quotidien.

Le grand Howard Crook, immense et invincible héros de tant de tragédies, n’a plus cette vaillance mais garde intacte une musicalité et une finesse de style qui a fait l’histoire de la musique baroque française. Quelle élégance et quelle apparence de naturel dans les phrasés ! Timbre plus sombre et sans son brillant éclatant, il est à présent maître es demi-teintes. En basse, Jean-Manuel Candenot, moins séduisant de timbre assume la base sur laquelle la palette de couleurs du haute-contre va se déployer. Cette construction si habile du grand Charpentier repose en effet sur la complémentarité de ces trois voix masculines. Sur ce socle et cette pâte des deux voix de dessous, c’est Vincent Lièvre Picard qui apporte bien des couleurs abondantes. La beauté de la voix du haute-contre nous est connue et la facilité de l’émission est confondante. Plus la voix monte plus elle semble libre.  Il nous gratifie d’un supplément d’émotion dans le Salve Regina. L’écoute mutuelle, avec ses collègues offre des audacieuses nuances quasi infinitésimales. Les voix semblent s’évanouir dans les limbes. La poésie de ces instants où le son se marie au silence a quelque chose de mystique. L’autre pièce inoubliable est le Magnificat, superbement lancé par un Lièvre-Picard surnaturel. En sa répétition hypnotique de la basse (89 fois !) cette pièce nous enivre de plaisir.

 

© J.-J. Ader

Les musiciens des Passions sont tous très engagés dans cette recherche de communion musicale. L’implication de chacun, au service de tous, leur fait alterner superbes moments solistes et accompagnato succulents. Etienne Mangot à la basse de violon, réalise avec le théorbe et l’orgue une basse continue telle un tapis persan précieux. Signalons que la grande Aline Zylberajch, qui a été de bien des enregistrements historiques de référence, est venue depuis Strasbourg porter son concours à l’orchestre des Passions, privé de son organiste attitrée, éloignée ce soir. Ce signe d’amitié autant que de respect montre combien Jean-Marc Andrieu sait tisser des liens amicaux et musicaux forts, au-delà de l’horizon. Sa direction et son jeu à la flûte apportent beaucoup de sensibilité à ces superbes partitions. La souplesse du geste renforce l’élégance du déroulement des longues phrases musicale toujours portées à s’élever au plus haut.

Un bien beau concert magnifiant des partitions d’une haute inspiration. Vincent-Lièvre-Picard, sa modestie dû-t-elle en souffrir, a été le joyau de ce concert. Rayonnant de bonheur à chanter comme un dieu, il a apporté une très rare et précieuse émotion humaine à nombre de pièces. Le succès remporté si justement par tous ces beaux artistes, a permis de réentendre dans un bis généreux, la fin du Magnificat dont la belle mélodie a certainement hanté plus d’une  nuit magique, gage de naissance d’un grand Festival .

Hubert Stoecklin

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Vers les autres chroniques de concerts

 

 

 

 

 

22 - 23 octobre 2011: Festival Passions Baroques à Montauban

Samedi 22 octobre à 16h - Cloître des Carmes : Récital de clavecin : Autour de Rameau, Benjamin Alard

 

Dimanche 23 octobre à 16h - Théâtre Olympe de Gouges : Vivaldi, Stabat Mater et Prima Donna, les Rivales des Castrats, Orfeo 55, direction et contralto Nathalie Stutzmann

Le site officiel de l'Ensemble Les Passions : www.les-passions.fr

 

 

 

 

 

Affichage recommandé : 1280 x 800

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