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mise à jour 6 janvier 2014
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Chronique Concert "Jélyotte l'Idole des Lumières" Les Talens Lyriques, dir. Christophe Rousset
Anders J. Dahlin - D.R.
"Jélyotte l'Idole des Lumières"
Jean-Philippe RAMEAU (1683 - 1764)
Anders J. Dahlin, haute-contre Les Talens Lyriques Direction Christophe Rousset
31 mars 2009, Opéra Comique, Paris "Les jeunes femmes en étaient folles : on les voyait à demi-corps élancées hors de leurs loges" Jean-François Marmontel, Mémoires Ca récital est consacré à Pierre Jélyotte, haute-contre mythique pour lequel fut créé les premiers rôles de Valère et Don Carlos dans les Indes Galantes, Castor dans Castor & Pollux, Dardanus ou Platée dans les œuvres éponymes. On ne résistera pas à citer un autre extrait croustillant de Marmontel qui montre l'engouement à l'époque pour l' "idole du public". L'encyclopédiste écrivit qu’ "on tressaillait de joie dès qu'il paraissait sur scène, on l'écoutait avec l'ivresse du plaisir ; et toujours les applaudissements marquaient les repos de sa voix. Cette voix était la plus rare qu'on eût entendue, soit par le volume et la plénitude des sons, soit par l'éclat perçant de son timbre argentin." Face à ce monstre historiographique, Anders J. Dahlin a relevé le gant avec la noble élégance qu'on lui connaît, si bien qu'on se prend à regretter que le récital tout entier n'ait pas été consacré à des pièces vocales. Commençons par la fosse. Les Talens Lyriques s'y sont montrés moins impliqués que lors des représentations de Zoroastre, sans doute en raison de la nature même du récital, consistant à sélectionner ci-une ouverture, ci-une marche, là-un rigaudon ou une musette. Les articulations sont souples, les hautbois et bassons superbement grainés (Fugue du prélude du IIIème acte d'Hyppolite et Aricie dynamique et pulsée). Toutefois, les ouvertures et les chaconnes ont manqué de grandeur, de suggestivité, d'espace. Plus dans leur tasse de thé dans les vif Tambourins des Indes Galantes ou des Fêtes d'Hébé, Les Talens Lyriques ont fait montre d'une remarquable précision dans les attaques (marche et air pour les Athlètes d'H&A), avec des cordes graves bien assises (cluster de quatre violoncelles ainsi qu'une contrebasse). Mais si nous étions là ce soir, c'était bien pour Pierre Jélyotte, pardon, Anders Dahlin (à ne pas confondre avec son homonyme joueur de hockey). On ne s'extasiera jamais assez sur l'énorme travail sur la prosodie et la diction que le chanteur a dû effectuer pour sonner aussi "français". La langue de Molière en ressort limpide, d'un naturel exemplaire. Le timbre est d'une superbe égalité sur quasiment toute la tessiture, sauf quelques tensions en extrême-aigu, les ornements fouillés, les articulations sensibles. Véritable haute-contre à la française (c''est-à-dire un ténor aigu), Dahlin sait dévaler avec virtuosité les effusions de Castor ("Quel bonheur règne dans mon âme), ou les gracieuses ariettes des Indes Galantes ("Hâtez-vous de vous embarquer"). L'humour distancié de Platée lui est plus étranger et le "Que ce séjour est agréable" déclamé avec suavité et conviction en devient presque sérieux. Mais son talent est ailleurs. Il réside dans sa capacité à insuffler une humanité noble et héroïque à ces personnages, à faire saillir les ressorts psychologiques de héros mythologiques qui auraient pu être autant de figurines de carton-pâte. D'un poignant "Ah faut-il, en un jour, perdre tout ce que j'aime" aux regrets du "Séjour de l'éternelle paix", le chanteur sait conférer une profondeur et des couleurs variées aux mélodies les plus simples, qui se muent en évanescentes plaintes. Le deuxième bis, extrait de Dardanus "Lieux funestes où tout respire la honte et la douleur" représente à lui-seul une leçon de chant à la française, digne d'un Jean-Paul Fouchécourt. Ce soir-là, nous n'avons pas aperçu de jeunes femmes folles "à demi-corps élancées hors de leurs loges", Anders Dahlin le méritait pourtant.
Détail du programme
Hippolyte et Aricie (1733) Ouverture Air du suivant de l'amour "Plaisirs, doux vainqueurs" (prologue, scène 5) Fugue (prélude Acte III) Air d’Hippolyte : « Ah ! faut-il, en un jour » (Acte IV, scène 1) Chaconne (Acte V, scène 8)
Castor et Pollux (1754) Ouverture Ariette de Castor : « Quel bonheur règne dans mon âme » (Acte I, scène 4) Marche et Air pour les Athlètes (Acte II, scène 4) Air de Castor : « Séjour de l’éternelle paix » (Acte IV, scène 5) Airs pour les Ombres (Acte IV, scène 2) Chaconne (Acte V, scène 7)
Les Indes galantes (1735) Ouverture Ariette de Valère « Hâtez-vous de vous embarquer » (Première entrée : « Le Turc généreux », scène 6) Premier et deuxième tambourins (Première entrée : « Le Turc généreux », scène 6)
Les Fêtes d'Hébé ou les Talens Lyriques (1739) Ouverture Ariette de Mercure : « L’Objet qui règne dans mon âme » (Troisième entrée : « La Danse », scène 7) Musette en rondeau et Tambourin en rondeau (Troisième entrée : « La Danse »)
Platée ou Junon jalouse (1745) Ouverture Ariette de Platée "Que ce séjour est agréable" (Acte I, scène 3) Premier menuet dans le goût de la vielle (Acte II, scène 5) Air de Platée "Quittez Nymphes quittez" (Acte I, scène 5)
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