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6 janvier 2014

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Chronique Concert

"Il Gioco e la Folia"

La Capella de' Tuchini, dir. Antonio Florio

 

 

La Capella della Pietà de’ Turchini - D.R.

 

"Il Gioco e la Folia"

la folie amoureuse et les passions dans la musique baroque italienne

 

Pietro Antonio GIRAMO (1619-1630) : La Pazza, a voce sola

Barbara STROZZI (1619-1664) : L'Astratto

Giuseppe PETRINI (1677-1757) : Graziello e Nella, intermezzo buffo

Antonio CALDARA (1670-1736) : Il Gioco del Quadriglio, cantata a quattro voci

 

Maria Grazia Schiavo, Maria Ercolano, Valentina Varriale (sopranos)

Giuseppe  Da Vittorio (ténor)

 

La Capella della Pietà de’ Turchini

Direction Antonio Florio


28 mars 2009, Opéra Comique, Paris

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Y a de la joie !

C'est à un programme original - qui avait notamment été dévoilé lors du Festival de Sienne en 2007 - tissé autour du fil conducteur de la folie et des jeux que nous a convié Antonio Florio. On y retrouve pêle-mêle des compositeurs rares tels Giramo ou Petrini (dont les talents d'écriture n'ont toutefois pas été injustement négligés par une postérité judicieusement discriminante, pour le tourner élégamment), d'autres connus des initiés tels Strozzi et Caldara. Certes, on déplorera l'absence de surtitres ou de livret traduit dans les notes de programme, qui laissa les mélomanes non familiers de la langue de Boccace (ou du dialecte napolitain, sicilien ou calabrais) dans l'ignorance. Qu'importe, la spontanéité jubilatoire de La Capella de' Turchini a vite suscité l'engouement du public.

Les deux premières œuvres appartiennent encore à l'Italie du milieu du XVIIème siècle, et au recitar cantando monteverdien, où la musique sert avant tout de support à la poésie du texte. La Pazza de Giramo se traduit par de fréquents changements de tempi et de climats, d'une brusquerie volontaire, reflétant par un chant (trop ?) heurté et imprévisible les errements de l'esprit. Maria Ercolano en livre une vision très dynamique, en dépit d'aigus un peu pauvres et d'un médian corsé qui pourrait gagner en douceur. L'Astratto de Strozzi, remarquablement structuré, a permis ensuite à Maria Grazia Schiavo de mettre en avant une voix claire aux aigus assurés et cristallins, une belle maîtrise du phrasé et du trille. Accompagnée d'un continuo sensible et présent, notamment les deux théorbes de Franco Pavan et Ugo di Giovanni, la soprano (qui serait parfaite en Zerlina mozartienne) sculpte les syllabes avec vivacité, n'hésitant pas à passer de pudiques envolées soupirantes à l'extraversion la plus rieuse.

La deuxième partie de la soirée tourne résolument le dos à la poésie un peu élitiste précédente, avec une succession  d'airs et du duos da capo virtuoses traités avec distance et humour. Graziello e nella, un intermezzo buffo au langage proche des réjouissantes légèretés d'une Serva Padrona de Pergolesi, annonce déjà par la simplicité de sa mélodie le style galant pré-classique. Antonio Florio l'a d'ailleurs déjà enregistré en 2007 dans un disque consacré à Naples et Venise (Naïve). L'intrigue, réminiscence de l'entrain du XVIIème siècle pour le divertissement travesti survivant dans la Naples des Lumières, consiste en les joutes entre une vieille coquette incarnée avec une bouillonnante truculence par Giuseppe de Vittorio très agile, et un jeune page que campe Maria Ercolano. Si les airs et duos, agréables mais sans profondeur, ne laisseront guère de souvenir passé le plaisir du moment, le jeu d'acteurs des protagonistes, leur théâtralité franche et décomplexée ont fait renouer la salle avec une ambiance détendue tout à fait conforme à l'esprit de ces pièces d'un charme sans prétention. Enfin, tous les chanteurs se sont joints à la cantate de Caldara Il Gioco del Quadriglio (qui tourne autour d'une partie de cartes prétexte à une discussion philosophique) dans laquelle Florio a habilement intercalé quelques mouvements de sonates. L'œuvre, plus ancienne que la précédente, dénote une sûreté d'écriture qui transparaît même dans une production "mineure" du grand compositeur, que le raffinement des instruments obligés (traverso notamment), le superbe "Ah, se toccasse a me" accompagné des deux théorbes obligés trahissent. Les quatre artistes s'en donnent à cœur joie, cabotinant à qui mieux mieux (Giuseppe Da Vittorio en tête avec mante et chignon, toujours dans un rôle travesti). Et l'on admirera au passage la brève apparition de Valentina Varrriale à la projection puissante et stable. Enfin, un Fandango décomplexé a conclu le bis de cette réjouissante soirée, où nous rejoignons Erasme dans son éloge de la Folie.

Viet-Linh Nguyen

Site officiel de l'Opéra Comique : www.opera-comique.com

Jean-Philippe Rameau, Zoroastre, les Talens Lyriques, dir. Christophe Rousset, mise en scène Pierre Audi (Opéra Comique, Paris, 27 mars 2009)  

 

"Jélyotte, l'idole des Lumières" : airs et suites d'orchestre de Rameau, Anders J. Dahlin, Les Talens Lyriques, dir. Christophe Rousset (Opéra Comique, Paris, 31 mars 2009)

 

 

 

Affichage recommandé : 1280 x 800

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