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mise à jour 6 janvier 2014
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Chronique Concert Purcell, Songs & Catches Les Arts Florissants, dir. Paul Agnew
D.R. Henry PURCELL Songs & Catches Airs et canons profanes
Claire Debono (soprano), Miriam Allan (soprano), Thomas Michaël Allen (haute-contre), Paul Agnew (ténor), Konstantin Wolff (basse)
Anne-Marie Lasla (viole de gambe), Elisabeth Kenny (théorbe), William Christie (orgue, clavecin et direction) 6 décembre 2008, Opéra Comique, Paris. Une divine soirée "Musique religieuse égale musique ennuyeuse". A ceux qui le croiraient encore, William Christie vient d'offrir la preuve contraire, en nous replongeant pour une soirée dans le baroque religieux anglais de la seconde moitié du XVIIème siècle. Après la dictature puritaine de Cromwell et la restauration de la monarchie, l'Angleterre redécouvre les arts, en particulier la musique et le chant. Autour des chanteurs et musiciens de la Chapelle Royale naissent des airs à vocation religieuse, parfois austères mais souvent pleins de fraicheur. Certains préfigurent assez fortement l'opéra anglais, à qui Purcell donnera ses lettres de noblesse. William Christie avait réuni des airs de Pelham Humfrey (le précurseur de cette école), de John Blow (son successeur comme Maître des Enfants de la Chapelle Royale), d'Henry Purcell (1659-1695, élève et ami de John Blow) et de William Croft (1678-1727, autre élève de John Blow). Pour donner tout son lustre à ce répertoire mal connu, il avait réuni un plateau d'interprètes d'excellent niveau, et dont les voix se mêlèrent de façon harmonieuse dans des polyphonies savantes et délicates. Jouant à l'orgue et au clavecin, William Christie dirigea l'ensemble avec expressivité et sens de la nuance, mettant en valeur la richesse et l'originalité de cette musique. Claire Debono a dominé de son timbre puissant mais délicat cette soirée. Débutant son solo au cinquième air du concert ("Hear me O Lord" de Purcell), elle nous a gratifié en seconde partie (dans le "Peaceful is he and most secure" de John Blow) d'un étonnant duo avec le théorbe d'Elisabeth Kenny, révélant de manière inattendue les possibilités de cet instrument. Mais c'est dans le surprenant "In guilty night" de Purcell, où alternent les duos entre soprano, ténor et basse, qu'elle a remporté son plus grand succès, soulevant avec ses partenaires l'enthousiasme du public. Ce morceau complexe, composé à la manière d'une scène d'opéra avec ses duos et son accompagnement au clavecin, évoque irrésistiblement le Fairy Queen du grand compositeur. Avec un timbre un peu plus grave mais tout aussi agile dans les aigus et les ornementations, la jeune soprano Miriam Allan a incontestablement révélé son talent lors de cette soirée. Expressive, précise dans sa diction dès l'air de William Croft "What art thou", elle a brillamment donné la réplique à Konstantin Wolff dans l'austère dédicace de Purcell au roi Charles "Close thine eyes". Dans le délicat hymne du soir du même Purcell "Now that the sun", sorte de chant joyeux accompagné à l'orgue qui culmine en un pyrotechnique "Alleluia", elle a véritablement transporté le public. Thomas Michaël Allen semblait à son aise dans ce répertoire, bien adapté à son timbre de haute-contre légèrement cuivré. Précis et incisif dans les ensembles, il nous a enchantés dans son émouvant air en solo "Lord I have sinned" de Pelham Humfrey. Son remarquable duo avec Konstantin Wolff dans "The night is come" de Purcell a également été très applaudi. Le ténor Paul Agnew a donné élégamment la réplique à ses partenaires. Sa voix généreuse sait se faire flamboyante et aérienne dans les ornementations, comme dans l'air "Lord what is man, lost man" de Purcell. Il se montre tout aussi à l'aise pour nous faire partager, au son du théorbe, le repentir du pécheur dans le "Wilt thou forgive that sin" de Pelham Humfrey. Enfin, la voix de basse de Konstantin Wolff allie l'ampleur à un sens du legato qui lui permet de passer sans effort de l'émotion retenue à l'ornementation brillante. Très applaudi dans les duos, Wolff a complété avec bonheur l'équilibre de ce bel ensemble. Ajoutons que William Christie avait choisi de clore chacune des deux parties par des airs réunissant tous les interprètes. Le très entraînant "O, all ye people, clap your hands" de Purcell est venu couronner la première partie, tandis que la seconde s'est achevée avec le "Salvator mundi" de John Blow, court moment d'apesanteur extatique. Enthousiaste, le public a multiplié les rappels. Et pour ceux qui n'ont pas eu la chance d'assister à ce concert, il est toujours temps de se rabattre sur l'enregistrement paru en septembre 2007 chez Virgin, avec une distribution quasiment identique.
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Affichage recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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