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mise à jour 6 janvier 2014
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Chronique Concert Purcell, Songs & Catches Les Arts Florissants, dir. Paul Agnew
D.R. Henry PURCELL Songs & Catches Airs et canons profanes
Claire Debono (soprano), Cyril Auvity (ténor aigu), Paul Agnew (ténor) , Paul Agnew (ténor), Lisando Abadie (basse)
Direction Paul Agnew 8 décembre 2008, Opéra Comique, Paris. Jupons et taverne C'est un programme frais et sans prétention que nous servent les Arts Florissants en effectifs chambristes, "rumeur" accompagnant les représentations de Didon & Enée à l'Opéra Comique. Paul Agnew a axé le programme autour des d'airs populaires anglais, aux paroles corsées dédiées à la bouteille ou aux galantes aventures. Une sympathique mise en espace et des éclairages variés, de même que les boiseries de fond du décor de Didon & Enée, ont permis de surmonter l'aridité potentielle d'une version de concert, et de donner plus de saveur à ces songs truculents, souvent grivois, toujours gorgés d'humour. C'est dans un chiaroscuro intimiste et feutré que débute le concert, la scène plongée dans la pénombre et les lampes d'appoint des pupitres seules allumées, minuscules tâches de lumière dans un tableau vivant de La Tour. Hélas, à cette vision éminemment esthétique répond la plus grande déception de la soirée, à savoir un trio de violons et alto d'une justesse très approximative, dont l'aigreur des timbres est couplée à des départs imprécis. On se frotte les oreilles en se demandant s'il s'agit bien là des musiciens des Arts Flo, dont le talent n'est plus à prouver. L'incrédulité se transforme en gêne au fur et à mesure de la soirée, devant le spectacle de ces archets courts, scolaires, désynchronisés et - disons-le tout net - souvent faux. Fort heureusement, le continuo est quant à lui de premier ordre, duquel émerge la viole assurée et lyrique d'Atsushi Sakai et le théorbe élégiaque de Jonathan Rubin, aux arpèges ductiles et poétiques. Le fossé stylistique avec les instruments de dessus n'en est que plus flagrant, et terriblement apparent dans les pièces instrumentales telles le "Song Tune" de The Virtuous Wife, ou le Rondeau de Distressed Innocence. Les solistes ont abordé ce répertoire avec une bonhomie détendue, insistant sur l'aspect familier et vivant de ces courtes pièces. Claire Debono - unique damoiselle fortement courtisée par ses collègues masculins et qui eut droit à un baiser sur scène de la part d'Abadie - a fait montre d'un réel tempérament dramatique, ciselant avec une noblesse relativement sérieuse chacun de ses airs. Le timbre est clair et charnu, l'émission stable et puissante. "Ah how sweet it is to love", "I attempt from love's sickness" ou encore "The cares of lovers" lui ont permis de jouer sur une palette émotionnelle variée. Les hommes se sont visiblement fait plaisir, cabotinant dans les canons a capella des catches avec une rieuse insouciance et des talents d'acteurs insoupçonnés ("Sing one two three", "Come let us drink"). La seule vue de nos solistes débraillés, la chemise pendante, allongés sur le sol, haletant "Tis women makes us love" résume cet esprit de camaraderie bon enfant qui n'a pas nuit - au contraire - à la musicalité de l'interprétation. Cyril Auvity use avec à-propos d'une projection dynamique et agile, et possède une voix agréablement timbrée avec un médian chaleureux et des aigus bien étalés, bien qu'un contre-ténor éthéré n'eut pas été déplacé dans les vapeurs de taverne de cette Albion. Paul Agnew, auquel on doit une direction vive et légère, confirme l'élégance de ses phrasés, ("If music be the food of love" très sensible), quoique la voix soit à présent fatiguée et ne bénéficie plus guère de la précision d'antan, l'obligeant à recourir à un vibratello constant et à des aigus appuyés. Enfin, la basse rocailleuse et puissante de Lisando Abadie s'est mariée avec naturel aux voix de ses collègues, souvent plus à l'aise dans les passages en imitation des catches et trio que dans les airs solistes. Voilà donc un concert simple, d'une joyeuseté fantasque, qui en dépit des certaines réserves, aura su retrouver l'espace d'un moment l'ambiance de ces tableaux flamands coquin où les verres s'entrechoquent tandis que les buveurs tente en vain de saisir la tenancière par la taille...
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Affichage recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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