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6 janvier 2014

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Chronique Concert

 

"Le Carnaval Baroque",

Le Poème Harmonique, dir. Vincent Dumestre,

mise en scène et chorégraphie Cécile Roussat

© Christian Ganet.

"Le Carnaval Baroque"

Arts du cirque, musiques et danses à Rome au XVIIe siècle

 

Le Poème Harmonique, dirigé par Vincent Dumestre

 

Bruno Le Levreur (alto), Serge Goubioud, Hugues Primard (ténors), Arnaud Marzorati (basse)

Stefano Amori, Julien Lubek (Mimes, acrobates, guitares)

Ahmed Said, Olivier Landre, Quentin Bancel, Antoine Hélou, Rocco Le Flem (acrobates)

 

Johannes Frisch (violon), Emmanuel Mure (cornet à bourquin), Mélanie Flahaut (basson et flûtes), Lucas Peres (basse de viole, lirone et tamburello), Martin Bauer (violone et flûte), Michèle Claude (percussions), Vincent Dumestre (guitare baroque, théorbe)

 

Mise en scène et chorégraphie : Cécile Roussat

Costumes : Chantal Rousseau

Scénographie : François Destors

Lumières : Christophe Naillet

Maquillage : Mathilde Benmoussa

Masques : Julie Coffinières

 

Mercredi 22 décembre 2010, Opéra Comique, Paris

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« Tandis que bizarrement

Ici joyeux et contents,

Nous chassons notre mélancolie

En de si agréables accents,

Profitons du Carnaval ! » Serenata in lingua lombarda che fa Madonna Gola, a Messir Carnaval, Fasolo

Dernier spectacle du festival consacré à Cadmus et Hermione par l’Opéra Comique, le Carnaval baroque nous immerge dans une ambiance farfelue et poétique qui, au XVIIe siècle, devait prendre possession de la ville de Rome les dix jours précédant l’entrée en Carême. Avertis du caractère extravagant et burlesque de ce spectacle, nous nous préparions à voir, dès le lever du rideau, acrobates et comédiens débouler sur le plateau sous des gerbes de confettis. Mais il n’en fut rien. Alors que l’obscurité régnait encore sur  scène, une clameur s’éleva des profondeurs du théâtre ; les chanteurs arrivaient peu à peu, en une lente procession, portant chacun une petite bougie, tout en entonnant un Kyrie à la polyphonique rustique mais déjà envoutante.

© Christian Ganet.

Le Poème Harmonique initia ainsi le principe sur lequel allait s’élaborer tout le Carnaval, à savoir celui de la surprise, de l’inattendu, de l’imprévisible, qui avait déjà frappé l'un de nos collègues en 2007. Dans une sorte d’alcôve placée en bord de scène côté jardin, les musiciens, costumés et maquillés, attendaient silencieux la fin de cet Introït un peu déroutant pour déclarer subito l’ouverture des hostilités ! Durant une heure et demie, ils animèrent la fête par des musiques de Kapsberger, Maletti, Fasolo ou encore Monteverdi, parcourant avec aisance les sentiers déjà tracés au cours de leurs enregistrements précédents (Il Fasolo en 2001 et Combattimenti en 2010). Les airs et les danses s’enchainent sans interruption ; le voyage ne connait pas d’arrêt mais est rythmé par un flux constant, plus ou moins animé, qui fait alterner moments de joie, de mélancolie, d’excitation, de suspense… Le spectateur ne se lasse jamais de ces rebondissements nouveaux tant ils surviennent avec spontanéité et sont investis par l’ensemble des artistes. Les mélodies circulent d’un instrument à l’autre, fleurie par chacun de diminutions inspirées ; un vrai dialogue se crée entre les musiciens qui laissent alors libre cours à leur imagination et semblent prendre autant de plaisir à improviser que le public en trouve à les écouter. Leur présence sait se faire discrète pour donner la part belle aux chanteurs et acrobates qui évoluent sur scène. Tous agissent dans une sorte d’osmose qui enchante.

© Christian Ganet

Portés par la tranquille assurance des instrumentistes, les acrobates enchainent d’impressionnants numéros d’équilibre (notamment sur un mât), de jonglage et de passe-passe, le tout par des mouvements fluides et souples, ce qui révèle la somme de travail qu’ils ont  dû fournir. Bercé dans une sorte de délire agréable, l’on voit les œufs se transformer en oiseaux, les bouteilles de vins se multiplier indéfiniment, les tonneaux rouler tous seuls, les murs se déplacer par eux-mêmes, une corde devenir serpent… Des choses assez simples au fond, mais réalisées avec une telle maîtrise et une telle foi qu’elles demeurent surprenantes.

Au milieu du spectaculaire se sont glissés des moments de mélancolie avec la Villanelle del Pescatore ou encore Il Lamento del Naso, pastiche du Lamento della Ninfa de Monteverdi. Les chants montaient du cœur et touchaient directement celui du spectateur, lui offrant entre deux pirouettes quelques instants d’un lyrisme très émouvant.

Que dire de plus de ce temps partagé entre le rêve et l’émerveillement ? Les impressions ne se transmettent pas facilement sans perdre de leur saveur. Ainsi, saluons l’entreprise du Poème Harmonique d’avoir su redonner un corps et une âme à cette musique qui ne peut trouver sa véritable dimension que sur une scène. Tous ont accepté de jouer le jeu, sans aucune assurance, prenant parfois des risques qui ont mis la salle en émois ; mais le voyage devait se poursuivre et nous espérons, qu’après Rome, l’ensemble de Vincent Dumestre nous emmènera dans d’autres villes pour y goûter à de nouvelles festivités.

 

Isaure d'Audeville

Site officiel de l'Opéra Comique : www.opera-comique.com

Interview : "Je me suis aperçue très récemment à quel point la danse baroque est une bizarrerie"  : entretien avec Cécile Roussat, danseuse et chorégraphe baroque

 

 

 

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