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mise à jour 6 janvier 2014
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Chronique Festival
Biber, Sonates du Rosaire Ars Antiqua Austria, Gunar Letzbor
Gunar Letzbor © Melcak
Heinrich Ignaz Franz von BIBER Sonates du Rosaire : sonates XI à XV (Les Mystères glorieux) et Passacaille de l'Ange gardien
Ars Antiqua Austria : Jan Krigovsky (violone), Daniel Oman (guitare baroque et colachon), Norbert Zeilberger (orgue et clavecin), Gunar Letzbor (violon et direction), Macha Makeïeff (récitante)
Festival "Les Heures des Bernardins", concert des Sexte, Paris, 27 Septembre 2008
Une interprétation sulfureuse
Les Heures des Bernardins se suivent et ne se ressemblent pas. Après la pureté de La Venexiana, Ars Antiqua Austria a livré une vision âpre, rude et déstructurée des Sonates du Rosaire de Biber auxquels nous avons assisté à la 3ème partie qui comprenait les Mystères glorieux et l'admirable Passacaille en sol mineur. Les morceaux étaient entrecoupés de courts extraits de La Vie de Marie de R.M. Rilke, déclamés avec emphase par Macha Makeïeff.
Pour ceux qui, comme nous-mêmes, chérissaient l'enregistrement qu'AAA avait fait de cet opus-phare de Biber, il n'y eut pas de surprise. Le public, en revanche, a paru fortement troublé par une interprétation sulfureuse et violente, d'un mysticisme intense. Gunar Letzbor a joué les sonates sur trois violons différents à la fois dans leurs accords (procédé de scordatura) et dans leurs sonorités. Particulièrement inspiré, refusant délibérément la recherche du "beau son", le violoniste a laissé libre court à un discours échevelé, imprévisible et très personnel, véritable analyse introspective, sombre et douloureuse. Le son grainé voire grinçant des cordes écrasées, les changements innombrables de tempos, le refus de la mélodie qu'on retrouve démembrée et pantelante en ont ému - ou choqué - plus d'un. Et pourtant, que de talent et d'investissement dans cette prestation sans concession où l'artiste s'est dévoilé intégralement jusqu'à l'épuisement. Douceur passagère, exubérance coupable, repentir anxieux. Suspendus à un archet qui se fait confession, oubliant la belle rosace qui éclairait en contre-jour cet auditorium niché dans les combles, oubliant l'excellent continuo et notamment la guitare baroque de Daniel Oman dans la sonate 14, nous avons simplement pensé comme Hamlet : "What a piece of work is a man".
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Affichage recommandé : 1280 x 800 Muse Baroque, le magazine de la musique baroque tous droits réservés, 2003-2014
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