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Tourner casaque : histoire des mousquetaires de Louis XIII à Louis XVI

« Je suis venu à Paris avec quatre écus dans ma poche, et je me serais battu avec quiconque m’aurait dit que je n’étais pas en état d’acheter le Louvre. » (Alexandre Dumas, Les Trois Mousquetaires)

Paul Ponce Antoine Robert (1686-1733), Revue de la 2ème compagnie des mousquetaires noirs passée dans la plaine des Sablons par le commissaire Plouy de Pincetaille en 1729 (détail), à l’occasion lors de l’exposition d’avril à juillet 2014 au Musée de l’Armée © Musée de l’Armée / Muse Baroque, 2014

Ah le beau mousquetaire ! Moustache au vent, casaque flottante, épée au clair. Et un garde du Cardinal mord la poussière, la belle Hortense s’offre au fougueux vainqueur. 

Ils nous semblent si familiers ces mousquetaires ! Avec leur costume bleu, leur croix blanche, leur chapeau à plume. Et pourtant, dans la filmographie, que de variété dans les uniformes (mais il est vrai qu’avant la fin du règne de Louis XIV, l’uniforme à proprement parler est encore balbutiant) ! Que d’anachronismes, d’approximations, de fantaisie grandiose ou idiote ! Et qui sait réellement que ces fameux mousquetaires ont connu une existence brève et à éclipse ? Qu’il n’y eut que deux compagnies ? Que les restrictions budgétaires malvenues les ont dissout à l’orée du règne de Louis XVI.

Heureusement, les sources sont multiples (décrets, témoignages, iconographie, artéfacts), les uniformologues présents, et l’on peut facilement retracer leur histoire et leur apparence, en particulier à compter de la Régence et sous Louis le Bien-Aimé. Et il y eut d’avril à juillet 2014 une excellente exposition au Musée de l’Armée (dont on regrette toujours que l’espace d’exposition soit si mal conçu en termes d’aménagement avec cet espèce de couloir) lors de laquelle nous avons puisé d’informatifs clichés. Prêts à croiser le fer ?

Croix arrière de soubreveste ou de tapis de selle de mousquetaire, XVIIIème siècle, Musée du Louvre, photo prise à l’occasion lors de l’exposition d’avril à juillet 2014 au Musée de l’Armée © Musée de l’Armée / Muse Baroque, 2014

1. Du mousquet et du mousquetaire

Commençons par le commencement. Le lecteur arrogant et prétentieux se dit que cet article est imbécile. On sait tous qu’un mousquetaire est un Gascon munis d’une épée, et se baladant à pied la main sur le pommeau de sa rapière pour dérouiller le premier malvenu.

Faux, faux, archi-faux. Le mousquetaire est une sorte de préfiguration du Dragon, c’est-à-dire de l’infanterie montée ou de la cavalerie légère, armé comme son nom l’indique d’une armes à feu. Lors de l’apparition du corps, sous Louis XIII, le vocable est encore générique, et désigne les porteurs de mousquets. L’arme est lourde et encombrante, difficile à manier avec sa platine à mèche. Son poids nécessite l’usage d’une fourquine pour le stabiliser. 

Dans le premier dictionnaire de l’Académie (1694), l’on voit les deux acceptions se côtoyer : le mousquetaire au sens générique (fantassin avec un mousquet), et le Mousquetaire du Roy, cavalier des deux compagnies de Mousquetaires de la Maison du Roi.

 

MOUSQUETAIRE. s. m. Soldat à pied qui porte le mousquet. Il y a tant de Mousquetaires dans cette Compagnie. mettre un Mousquetaire en sentinelle. faire un detachement de Mousquetaires. border une haye de Mousquetaires. un peloton, une manche de Mousquetaires.
Il y a aussi des Mousquetaires à cheval, quoy qu’ ils soient destinez à combattre à pied; & on appelle absolument Mousquetaires, Ceux qui sont dans les Compagnies à cheval des Mousquetaires du Roy. Les grands Mousquetaires. les petits Mousquetaires. les Mousquetaires Blancs. les Mousquetaires Noirs. entrer dans les Mousquetaires. sortir des Mousquetaires. prendre, quitter la casaque de Mousquetaire.

(Dictionnaire de l’Académie française, 1694, t. 2)

Au passage, nous ignorons le sens des « grands Mousquetaires » par opposition aux « petits Mousquetaires », à moins que cela ne recouvre la rivalité entre les Gris et les Noirs. Nous avons écrit à d’éminents experts et attendons leur réponse. D’ailleurs ces expressions disparaissent du Dictionnaire de 1762, qui ne  retient plus que les Gris et les Noirs, en fonction de leur Compagnie. Nous y reviendrons.

Evolution des uniformes des mousquetaires, illustration de Charles Vernier – Source : Wikimedia commons

MOUSQUETAIRE. s.m. On appeloit ainsi un soldat à pied qui portoit le mousquet. Il y a tant de Mousquetaires dans cette Compagnie. Mettre un Mousquetaire en sentinelle. Faire un détachement de Mousquetaires. Border une haie de Mousquetaires. Un peloton de Mousquetaires.

On appelle aujourd’ hui absolument, Mousquetaires, Ceux qui sont dans les Compagnies à cheval des Mousquetaires du Roi. Les Mousquetaires de la première Compagnie. Les Mousquetaires de la seconde Compagnie, ou les Mousquetaires gris, les Mousquetaires noirs, ainsi nommés de la couleur de leurs chevaux. Entrer dans les Mousquetaires. Sortir des Mousquetaires.

(Dictionnaire de l’Académie française, Quatrième Édition, 1762)

Donc, au-delà de ce sens général, la vie des Mousquetaires (avec un M majuscule), débute avec une histoire de carabins…

Rigo (Albert Rigondaud dit), Mousquetaires et étendard de la 2nde compagnie entre 1734 et 1748 © CFFH DR

2. De l’histoire de ce corps : des Noirs et des Gris

On se réfèrera ici principalement à deux sources bien connues pour retracer l’histoire de ce prestigieux corps, dont les balbutiements furent rendus légendaires par la verve de Dumas, tandis que leur institution demeure assez méconnue. Suivons donc nos guides érudits de l‘Histoire de la Milice françoise du Père Daniel (en deux gros in-4 chez Coignard, 1721), de l’Histoire des divers Corps de la Maison militaire du Roy par M. Boulier (Le Normant, 1818), des planches d’uniformologie d’Eugène Leliepvre, de Rigo, de Lucien Rousselot ou enfin des notes du Général Hanotaux. Citant les Mémoires de M. de Puysegur, les deux premiers auteurs précités  s’accordent à faire naître le prestigieux corps en 1622, après la prise de Montpellier et alors que Louis XIII marchait sur Avignon. C’est alors que le Roi eut l’idée d’ôter les carabines de sa compagnie de carabins et de leur donner des mousquets, créant alors la première compagnie de mousquetaires. Le premier commandant en fut M. de Montalet, puis son neveu du même nom sous lequel les mousquetaires combattirent au secours du fort de l’Ile de Ré, assiégé par les Huguenots. A compter de la démission du commandant, le Roi assumé lui-même cette  fonction dès 1634 et nomma un certain M. de Troisville (ou Tréville) capitaine-lieutenant « très estimable par son esprit et sa valeur » (Père Daniel). En 1646, sous prétexte d’économies (pour « épargner une dépense des moins nécessaires » et après avoir vainement tenté de récupérer la charge de Tréville pour l’un de ses neveux), Mazarin parvient enfin à licencier la compagnie dont la légendaire rivalité avec celle de ses gardes et de feu le Cardinal de Richelieu était proverbiale, dégénérant souvent en duels camouflés en rencontres fortuites et involontaires pour échapper aux interdictions.   

La Réduction de Montauban, tableau de la Galerie des batailles du château de Richelieu, 1629, seule représentation des Gardes du Cardinal – Photo d’une reproduction photographique lors de l’exposition d’avril à juillet 2014 au Musée de l’Armée, original conservé au Musée national des Châteaux & Trianon, en dépôt à Richelieu, espace Richelieu MV612.

En 1657, le phénix renaît de ses cendres, et son commandement effectif revient au capitaine-lieutenant Philippe de Mazarini-Mancini, duc de Nevers, neveu donc du Cardinal Mazarin (!). Maigre consolation : le neveu de M. de Tréville en devint cornette. L’on porta à 150 le nombre de mousquetaires (qui auparavant devaient être une centaine, des textes contemporains parlant alors des « cent mousquetaires »). En 1660 est créée une seconde compagnie, vraisemblablement issue des anciens gardes du cardinal qu’il donna au Roi. On lit ainsi dans la relation de l’entrée dans Paris du Roi en aout 1660, rapportée par Boulier, que « La compagnie des mousquetaires que son Eminence avait donné au Roi, commandée par les Sieurs de Marsac et de Montgaillard, était suivie de la compagnie des anciens mousquetaires ». Elle ne servit qu’à compter de 1663 et à pieds, et ce n’est qu’en 1665 que le Roi s’en fit capitaine, à l’instar de la première compagnie. A compter de 1668, les deux compagnies comptent chacune 250 mousquetaires, y compris les brigadiers et sous-brigadiers « sur les états ». Les officiers de chacune d’entre elles sont le Roi (capitaine), un capitaine-lieutenant, deux sous-lieutenants, deux enseignes, deux cornettes, dix maréchaux des logis avec rang des mestres de camp parmi lesquels un premier aide-major, un second, quatre brigadiers, dix-huit sous brigadiers parmi lesquels un premier sous-aide-major, un second, un porte-étendard et un porte-drapeau. Mais cela omet les 6 tambours, 4 hautbois, l’apothicaire, les 9 chirurgiens, l’aumonier, le maréchal-ferrant, et on voisine donc environ plutôt 280 mousquetaires par compagnie… 

La double nature des mousquetaires, sortes d’infanterie montée, se traduisait dans l’habillement, la musique et les drapeaux : ainsi, ils étaient vêtus de bottes légères du type de celles des dragons, avaient tambours, fifres et drapeaux à pied et trompettes et étendards à cheval. En 1663, on ne conserva que les tambours mais à cheval et en leur adjoignant des hautbois à cheval également. 

Ils ont préséance après les Gardes du Corps, les Gendarmes et les Chevaux Légers, appartiennent avec ces deux derniers à la « Maison Rouge » du Roy du fait de la couleur de leur uniforme  et relèvent des « gardes du dehors du Louvre ». En temps de paix, ils assurent les services exceptionnels : arrestations délicates, escortes… En temps de guerre, tels des dragons, ils combattent férocement à pied ou à cheval, partent « en fourrageurs », montent à l’assaut des places.

Charles Parrocel (1688-1752), Haltes des grenadiers à cheval de la Maison du Roy (détail), huile sur toile, Musée du Louvre, photo prise à l’occasion lors de l’exposition d’avril à juillet 2014 au Musée de l’Armée © Musée de l’Armée / Muse Baroque, 2014

3. Prestige de l’uniforme : de la casaque à la soubreveste

Ce n’est pas le mousquet (et encore moins ensuite le fusil, l’épée ou le pistolet) qui a fait rêver tant de bambins, mais cette fameuse casaque bleue, si reconnaissable et si peu pratique, orné de la croix flammée et fleurdelisée. Qu’est-ce exactement ? Au XVIIème siècle, il s’agit d’une sorte de survivance du surcot médiéval, de la cotte d’armes. Laissons Maurice Leloir nous guider quand à sa facture :

« Casaque. Substantif féminin. Vêtements qui, primitivement supporter par-dessus l’armure. Au XVIème et XVIIe siècle, la casaque, assez ample, se portait en l’enfilant par la tête avec un petit il ne dépassait pas les anges. Elle était ouverte des deux côtés, et au lieu de manches, les épaules les bras était garnie de deux ailes, cousues à l’entournures des épaules, qui se boutonnaient aux pièces du devant et du dos ; souvent celle du dos était cousue et non boutonnée. Tel fut le costume distinctif et l’uniforme pour les compagnies de mousquetaires. La casaque des mousquetaires était bleu de roi galonnée d’argent et décoré de croix fleurdelisés entre les bras desquels étaient des flammes des draps rouges. Les mousquetaires de la garde de Richelieu avez la casaque rouge avec galon et croix de passementeries blanche. Primitivement, c’est la casaque qui était de velours et les croix flamme d’or. Colbert fit adopter le drap au lieu du velours, avec les croix d’argent ou feuilles morte selon les compagnies.  (…)  À la fin du règne de Louis XIV, l’incommodités de cette casaque flottante fait supprimer les manches auront en elle et ajuster le traitement par un ceinturon [ce sera alors la soubreveste]. » (Maurice Leloir, Dictionnaire du costume et de ses accessoires, des armes et des étoffes, des origines à nos jours, Paris, Gründ, 1951)

Au mousquetaires d’Alexandre Dumas, qui précédaient l’avènement de l’uniforme succèdent les mousquetaires de Louis XIV qui furent parmi les premiers corps à être doté d’un uniforme dès 1673, modifié en 1683. Chapeau à panache rouge et blanc, manteau écarlate, casaque bleue à croix blanche bordée d’or et flammée, galonnée d’or pour la première compagnie, d’argent pour la seconde, justaucorps écarlates galonnés d’or ou d’argent. Pas de plastron de cuirasse (pour la mobilité et pour ne pas excessivement fatiguer les jeunes recrues car les mousquetaires font office d’école militaire), un mousqueton porté haut « à la dragonne ».

En principe, les uniformes évoluent comme suit sous Louis XV : 

« L’uniforme de la première compagnie est habit d’écarlate bordé d’or, boutonnières d’or, boutons dorés, poches en long, manches en botte, bas rouges, chapeau bordé d’or, plumet blanc, soubreveste bleue, doublée de rouge, bordée d’argent, la croix blanche aux quatre fleurs de lys aux branches, avec des flammes rouges et argent, les chevaux gris et la housse écarlate, bordée d’or » (P. Daniel).

La seconde compagnie portait un uniforme sensiblement identique, mais les galons et boutons d’or devenaient argent, à l’inverse, les flammèches entourant la croix sur la soubreveste, tapis de selle ou manteaux étaient au nombre de trois et jaunes (au lieu de 5 et rouge et argent pour la première compagnie). Enfin, les cheveux étaient noirs, d’où les surnoms de « Mousquetaires Gris » ou « Mousquetaires Noirs ».  A noter : les officiers supérieurs ne portaient pas la soubreveste, tandis que les trompettes arboraient d’abord la livrée du Roi (bleue à galons incarnat et blanc) puis sous Louis XV une soubreveste à rayures verticales bleu et argent, ornée de la croix, et dotée des traditionnelles manches flottantes retombant à l’arrière.

 Les étendards (plus petits que des drapeaux d’infanterie) étaient frangés d’or et d’argent, avec un revers semé de fleurs de lys d’or. Pour la première compagnie le motif représentait une bombe sortie de son mortier et retombant sur une ville avec pour devise très explicite « Quo ruit et letum » (« Où elle tombe, la mort aussi »). Pour la seconde (cf. illustration supra), un faisceau de 12 dards empennés la tête en bas avec pour devise « Alterius Jovis allera tela » (« les autres foudres d’un autre Jupiter »). Il étaient casernés Rue du Bac pour la Première Compagnie et près du Faubourg Saint Antoine pour la seconde (subsiste encore le porche sur les lieux de l’actuel Hôpital des Quinze-Vingts, rue de Charenton).  

à gauche : Bossette de mors de la première compagnie.
à droite : Forte épée de mousquetaire de la deuxième compagnie et son fourreau, vers 1760-70, photo prise à l’occasion lors de l’exposition d’avril à juillet 2014 au Musée de l’Armée © Musée de l’Armée / Muse Baroque, 2014

4. Mais où est donc passé d’Artagnan ?

D’Artagnan devint sous-lieutenant de la première compagnie en 1658, mais en assura en fait une partie du véritable commandement quotidien à la place du capitaine-lieutenant, le duc de Nevers. En 1660, d’Artagnan accompagne le cortège royal qui se rend à Saint-Jean-de-Luz pour le mariage de Louis XIV avec l’Infante Marie-Thérèse. En 1661, c’est à lui que le Roi confie la délicate et ingrate tâche d’arrêter le surintendant Fouquet, à la sortie du Conseil du Roi, à Nantes, le capitaine des Gardes du Corps, le duc de Gesvres, étant trop proche du futur prisonnier. S’ensuivra alors trois années où le mousquetaire se muera en geôlier.  En 1666, il est nommé « capitaine des petits chiens du Roi courant le chevreuil » mais se démet dès 1667 de cette charge pour devenir capitaine-lieutenant de la première compagnie des mousquetaires. Il sera brièvement gouverneur de Lille d’avril à décembre 1672 mais n’a pas l’étoffe ni le goût d’un administrateur. Et c’est pendant la guerre de Hollande, au siège de Maastricht, alors qu’il n’était pas de garde, qu’il est tué d’un coup de mousquet à la tête le 25 juin 1673 devant la porte de Tongres où ses mousquetaires subissaient une contre-attaque sur une demi-lune que ses hommes avaient prise la veille…

Giberne de mousquetaire de la première compagnie, vers 1750, photo prise à l’occasion lors de l’exposition d’avril à juillet 2014 au Musée de l’Armée © Musée de l’Armée / Muse Baroque, 2014

5. Glorieux faits d’armes

Les mousquetaires se distinguèrent souvent par leur courage et leur intrépidité, notamment en 1667 au siège de Valenciennes où ils montèrent les premiers à l’assaut, comme des fantassins. L’infortuné siège de Maastricht (1673) verra la mort de leur capitaine bien-aimé au cours d’un sanglant assaut (53 blessés, 37 tués), tandis que le siège de Philippsburg (1734) ou les batailles de Fontenoy (1745) et Cassel (1766) seront autant d’occasion pour le corps de se distinguer.

Hélas, les coupes sombres qui amputèrent la Maison militaire du Roy sous Louis XVI n’épargnèrent pas les Mousquetaires, dissous par ordonnance royale du 15 décembre 1775. Les deux compagnies furent supprimées dès le 1er janvier 1776. Il furent très brièvement reformés sous la Première Restauration. « Ainsi finit l’un des corps, qui par ses exploits, sa gaîté, et le vrai caractère français qui le distinguait, avait répandu le plus de gloire et le plus d’éclat sur la Maison militaire de nos rois » (Boullier). 

Soubreveste de grande tenue de Mousquetaire de la Première Compagnie, Première Restauration, 1814, à l’occasion lors de l’exposition d’avril à juillet 2014 au Musée de l’Armée © Musée de l’Armée / Muse Baroque, 2014

Viet-Linh NGUYEN

Étiquettes : , , Dernière modification: 10 avril 2022
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